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Par Elodie Dalloo
17 juin 2024 17:08
Tous s’accordent à dire que son départ soudain et tragique aura un grand impact sur ceux l’ayant côtoyé. Amical, jovial, attentionné et grand farceur, Kevin Sreeneebus ne laissait personne indifférent. À seulement 33 ans, il avait un parcours professionnel atypique. Affecté à la Special Mobile Force (SMF) après ses études secondaires au collège Dr Regis Chaperon, puis transféré à la Very Important Person Security Unit (VIPSU) aux côtés de l’ex-président Barlen Vyapoory, il a ensuite suivi une formation pour intégrer l’équipe de pompiers d’Airports of Mauritius Co. Ltd (AML) il y a six ans. Ne voulant pas s’arrêter en si bon chemin, il étudiait pour monter en grade tout en cumulant des petits boulots pour concrétiser ses projets. Ceux qui le connaissaient étaient en admiration devant son ambition inégalable. Malheureusement, une sortie de route en voiture au rond-point de L’Avenir, dans la soirée du jeudi 13 juin, lui a coûté la vie, anéantissant tous ses rêves. Ce qui rend les choses encore plus dures pour sa famille, c’est qu’un grand mystère plane autour des circonstances de son accident.
Benjamin d’une fratrie de cinq enfants, Kevin Sreeneedus avait quatre soeurs. Encadré par une famille soudée, il était en contact avec les membres de son entourage en permanence. Il a grandi à Camp-Fouquereaux, puis s’est installé dans la région de Quatre-Bornes il y a environ deux ans avec sa mère et son épouse. Cela ne l’a pas empêché de maintenir le contact avec les autres membres de sa famille. «La dernière fois que nous nous sommes parlé remonte à un mois. Nous avons discuté du mariage de mon fils et je lui avais demandé de s’arranger pour prendre des congés afin de m’aider», relate Danraj, son oncle. Le soir fatidique, dit-il, «c’est l’un de mes fils qui est venu m’informer de son accident. Il m’a dit que Kevin était dans un état grave. Tous mes neveux se sont rendus sur place pour s’enquérir de la situation. C’est sur les lieux qu’ils ont appris qu’il avait déjà rendu l’âme». Dans la voiture se trouvait également Priska, l’épouse du trentenaire, âgée de 36 ans. Grièvement blessée, elle était toujours hospitalisée à l’heure où nous mettions sous presse et serait inconsciente.
Comme si la brutale disparition de Kevin Sreeneebus n’était pas suffisamment douloureuse pour sa famille et ses amis, voilà que cette enquête s’est orientée vers la thèse de l’acte criminelle. Pour cause, l’autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médicolégal de la police, a non seulement établi que le pompier avait succombé à une rupture de l’aorte, mais elle a aussi décelé une lacération à l’abdomen, très probablement causé par un coup de couteau. Le médecin légiste a ainsi réclamé une enquête approfondie. L’affaire a été confiée à la Criminal Investigation Division (CID) de Saint-Pierre. À l’heure où nous mettions sous presse, l’épouse de Kevin Sreeneebus était toujours dans un état critique. Les enquêteurs attendent qu’elle se remette de ses blessures pour pouvoir l’interroger sur ce qui s’est passé avant l’accident. Ils comptent également questionner les membres de l’entourage des époux afin d’obtenir plus d’informations sur eux. La famille du jeune homme l’a ainsi accompagné jusqu’à sa dernière demeure, ce samedi 15 juin, sans pouvoir véritablement entamer son travail de deuil.
Cela n’empêche que son oncle Danraj continue de garder de lui le souvenir d’un homme «ki ti zovial depi li tipti». «Il était aussi intelligent, doué, populaire et très serviable. Il a toujours été très proche de sa famille, particulièrement de ses cousins. Toute la famille est sous le choc. Li ti enn rayon soley pou nou», poursuit-il. Kevin était, à l’en croire, également très actif et sportif. Et il se remémore avec nostalgie de toutes ces fois où «il (nous) taquinait pendant les championnats de football». En dehors de son poste chez AML, Kevin Sreeneebus se chargeait également d’une petite entreprise de livraison. «Il mettait de l’argent de côté parce qu’il avait déjà entamé des démarches pour l’achat d’un terrain à côté de sa maison.»
Danraj le répète : «Il adorait son travail» ; un fait confirmé par nul autre que son Physical Instructor chez AML, Daniel Patrick Seerungen. «He was a very fit man, a good runner. He never let anyone behind.» C’est le coeur lourd qu’il parle de la dernière fois où ils se sont parlés. «The day before he passed away, he came to see me, he hugged me and said goodbye. I don’t know why. The same night, he passed away.» Il ne tarit pas d’éloges sur le jeune homme qui, dit-il, «was a hardworker, a man-to-man, and a teammate. He was respectful, sticking together with everyone. He was only joy and happiness. He could make any situation look like fun. He was very ambitious, but not the type to climb on anyone. His future was bright. I not only lost a man, but a colleague and a son too».
Même son de cloche du côté de Garen Canakiah, qui le côtoyait depuis de nombreuses années : «Nous nous sommes connus au collège. Ironiquement, notre relation a démarré après une dispute mais nous sommes par la suite devenus de bons ais.» Comme tous les autres, il relate que «Kevin était populaire. Li ti bien komik, ti ena enn personalite inik. Kan li pa ti dan klass, nou tou ti pe santi so labsans parski se limem ki ti pe fer nou riye, ki ti pe koze. Li ti enn vre leader». Ayant intégré la force policière trois ans après Kevin, Garen se souvient que «li ti bien atansione. A sak fwa li ti pe demann mwa ki mo pou fer, ziska monn resi rant SMF». Des années plus tard, ses amitiés lui tenaient toujours autant à coeur. «Li ti fek kre enn group pou tou nou bann kamarad kolez kapav zwen. Nou ti pe prevwar pou met enn plan catamaran by night la semenn prosenn. Zame nou ti atann pou ariv li enn zafer koumsa.»
Ce dont Garen est certain, c’est que «Kevin était promis à un bel avenir. Il était quelqu’un de responsable et de très fort, aussi bien physiquement que mentalement. Au nom de tous ses amis du collège et de la force policière, je tiens à lui dire que “peu importe où tu te trouves aujourd’hui, tu auras marqué à jamais nos vies et nos coeurs”».
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