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Non vaccinés/es : «discrimination», «crime», «dictature»

16 novembre 2021

Anne Marie, Azeeza, Pallavi, Brian, Mélanie et Lena parlent d'une situation difficile.

Un bruissement de colère. Les prémices d’une protestation… Puis, lors de la conférence de presse du vendredi 12 novembre, Kailash Jagutpal a affirmé, sans rassurer,  que le pass vaccinal pour l’accès aux supermarchés n’était pas encore dans les Regulations. Il a parlé d’étapes à venir et a même inclu le transport en commun dans ces possibles restrictions futures. Si cette «mesure» n’est pas appliquée pour l’instant, le sera-t-elle dans les prochaines semaines ? La question reste entière. C’est le jeudi 11 novembre, après le passage du Premier ministre à la télévision nationale, que le ministre du Travail Soodesh Callichurn a annoncé que le document vaccinal serait nécessaire pour faire ses courses, laissant planer le flou le plus total durant la matinée et la première partie de la journée de vendredi.

 

C’est ainsi que certains supermarchés ont refusé l’accès aux non-vaccinés avant de se rétracter. Bryan Vengaroo en a fait la difficile expérience. Avec son épouse Mélanie, ils ont pris la décision de ne pas se faire vacciner pour ne pas «s’injecter un poison dans le corps». Depuis des mois, le couple, parent d’une petite fille de 3 ans, vit tranquillement, a intégré le fait de ne pas avoir accès à plusieurs lieux (même s’il trouve que c’est illogique) : «Même si on est vacciné, on n’est pas immunisé pour autant. On peut transmettre le virus. Alors, vraiment, à quoi ça sert ?» Mais ce vendredi matin, Bryan a eu une sacrée surprise…

 

Un droit fondamental

 

Le supermarché dont il est un habitué lui a interdit de faire ses achats. Une atteinte à ses droits qu’il dénonce vivement : «Se nourrir est un droit fondamental, non ? On ne peut pas m’empêcher d’acheter de quoi manger, quand même !» Et comme le ministre de la Santé n’a pas écarté la possibilité que cette mésaventure devienne son quotidien, il est prêt, dit-il, à partir en guerre : «Si ça arrive, je vais devoir saisir la justice. Ce sera de la dictature pure et simple. Du jamais vu ! Mon épouse et moi, nous travaillons, nous sommes dans notre coin, nous n’emmerdons personne ; mais s’il faut agir, on le fera.»

 

Lena Arjoon est dans le même état d’esprit. Celle qui ne peut se faire vacciner pour raison de santé, qui a contracté la Covid-19 et qui «va mieux», dénonce les enseignes qui ont sauté sur l’occasion pour interdire l’accès aux non-vaccinés : «Si elles ne rectifient pas le tir, nous ne nous tairons pas. Nous attendons, nous observons et nous continuerons à nous battre», confie celle qui fait partie du mouvement My Body My Choice My Voice. Pour Lena Arjoon, pas de doute, il y a d’autres alternatives à la vaccination et elle l’a prouvé, dit-elle, en guérissant.

 

Azeeza Rachid, atteinte d’une maladie auto-immune et dans l’incapacité de se faire vacciner, estime que si le gouvernement va de l’avant avec cette mesure, «ce sera un crime envers les personnes qui ont des maladies» comme la sienne : «On veut soit les tuer en leur injectant un vaccin, soit en leur refusant le droit de pouvoir s’acheter à manger.» Pallavi Jagessur, atteinte du Myelite Transverse (pour faire simple : une maladie neurologique rare qui provoque l’inflammation de la moelle spinale), dénonce également : «Le pays est devenu anbalao. Le système est pourri. Comment peut-on même penser à prendre une décision pareille ? C’est incroyable. C’est de la discrimination.» Une réalité dure et impitoyable qu’elle vit au quotidien. Dans ce pays, il y a deux catégories d’individus, estime-t-elle : les vaxed et les non-vaxed.

 

Anne Marie Bastien en prend conscience petit à petit : «Les autorités  sont sur le point de nous mettre des médailles au cou comme les toutous de la MSPCA.» Mais elle fait face ; tout pour ne pas faire ce maudit vaccin «qui ne protège pas» : «Il n’y a qu’à voir les chiffres.» Elle estime qu’elle prend ses responsabilité : «Je ne me mélange pas aux autres. Je porte mon masque, je me désinfecte. S’il le faut, je resterai cloîtrée. Il faut quelqu’un pour faire nos courses ? Allez OK. Mais ce n’est pas bien.» Pour notre interlocutrice, le poids des risques d’infections ne peut peser, comme ça, sur le dos des non-vaccinés : «C’est injuste ; d’ailleurs, ce n’est pas la réalité.»

 

Alors, cette semaine, elle n’a pas pu s’empêcher de sentir monter la colère…

 


Pas de sport en plein air !

 

Pour faire son jogging, par exemple. Ou pour pratiquer une autre activité physique en plein air, que ce soit en groupe ou de façon individuelle, il faut désormais le pass sanitaire. Une «aberration» selon Leena Arjoon : «Le plein air, c’est là où il y a le moins de risque de contamination. C’est une mesure, comme beaucoup d’autres, qui ne tient pas la route. Le gouvernement essaie-t-il de faire en sorte que nous ne soyons pas en bonne santé ? Est-ce que ça l’arrange ?» s’interroge-t-elle. Anne Marie Bastien a le même sentiment d’irréalité. «Sautons à la corde sur le toit de notre maison alors», ironise-t-elle.

 

Le cri du cœur de Linlay Furcy

 

Son histoire, il veut la partager. Comme ça, d’autres seront au courant. Le vendredi 12 novembre, Linlay Furcy, qui a depuis quelques jours les symptômes de la Covid-19, se rend à la Medi-Clinic de Triolet. Il souhaite obtenir confirmation de sa positivité au virus et obtenir un traitement : «On m’a dit que si je n’ai pas fait le vaccin, on ne pourra rien faire pour moi.» Pas de test, pas de prescription, il se sent alors un peu abandonné, discriminé même : «On m’a donné un papier pour que j’aille à l’hôpital. Mais je n’irai pas ! Il y a trop de malades là-bas.»

 

Si Linlay Furcy est un peu en colère et dépassé par cette absence d’aide, néanmoins, il s’agit bien là – et pour l’instant – du protocole du ministère de la Santé. Contactée, la direction de la Medi-Clinic l’a expliqué : si un patient, vacciné ou pas, se présente avec des symptômes de la Covid, il passe par une consultation. Puis, il est référé à l’hôpital pour obtenir un traitement. La Medi-Clinic ne peut offrir un traitement aux personnes positives à la Covid et ne fait pas de tests sur tout le monde ; uniquement les personnes qui vivent dans la même maison qu’une personne infectée. Pour l’instant, hors du circuit public, seul le Wellkin Hospital traite les personnes atteintes du virus. Dans les prochains jours, d’autres établissements privés s’ajouteront à cette liste.

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