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Partaz To Kreasion : des jeunes, de l’espoir...

Sa vague a séduit. Ameerah Koheeallee est une gagnante.

Pour leur planète, pour leur île. Pour les femmes, pour les minorités. Autant de messages qu’un concours a permis d’écouter…

Des mots qui se propagent. Comme autant de pétales d’espoir qui s’envolent dans une des salles de conférence du Caudan Arts Centre. Là où, en ce jeudi 6 juin, des jeunes exposent et expliquent leurs œuvres d’artistes porteuses de messages. Ils sont les sélectionnés d’un concours organisé par l’Union européenne, Partaz To Kreasion, et ils doivent s’exprimer face à un jury composé d’artistes. Des professionnels qu’ils devront convaincre, qu’ils devront emmener dans leur monde à eux. Deux catégories pour ce concours national ; une qui concerne les 16-18 ans avec le thème «L’Union européenne et la République de Maurice : les valeurs communes et héritage partagé». Et l’autre pour les 19-25 ans autour du développement durable à Maurice. Malgré le trac, seuls ou en groupe, ces jeunes vont se dévoiler, mettre en mots ce qu’ils ont créé pour dessiner les contours d’un monde qu’ils espèrent, dont ils rêvent…

 

Et leurs voix se mêlent, porteuses d’espoir. Les aspirations d’une génération qui imagine son île en lien avec le monde même si, parfois, le lien avec les thématiques proposées n'est pas toujours évident (mais le besoin de dire son univers est souvent le besoin le plus fort). Dans les exposés, des thèmes récurrents : la protection de l’environnement mais aussi le respect des femmes. De leur pouvoir de changement, de leur magie. De ce besoin de tolérance et d’unité. Pour qu’il n’y ait plus de discrimination concernant la race ou le genre.

 

La première à prendre la parole, c’est Mary Kathleen Anaëlle Carré, 17 ans. La jeune fille ne le sait pas encore mais elle sera la gagnante de la première catégorie. Son discours sur la nécessité d’imaginer son île autrement et de retourner aux bases de son essence séduira. Ses dessins pris dans un cercle représentent des femmes différentes, celles marquées par la vie. Marquées dans leur physique mais unies pour apporter le meilleur au monde. Pour ça, dit-elle, il est nécessaire de miser sur les valeurs comme la tolérance et le respect de l’autre : «Mais aussi sur l’écologie, la biodiversité…»

 

Hemandrabuth Buckory, 16 ans, et son équipe, qui ont remporté le deuxième prix de la première catégorie, présentent une sculpture, structure en métal et intérieur en papier mâché, pour un message de symbiose entre Maurice et l’Union européenne. De ces valeurs qu’il estime que ces deux mondes partagent : «Nous avons un héritage en commun, celui de la Terre.» Une existence à préserver pour le bien de tous ; des êtres soudés autour d’une même destinée, celle de l’Humanité.

 

Hommage à la femme

 

Et cette nécessaire union passe par la valorisation de chaque individu. Dans cette optique, il est temps que les femmes, leurs rôles, leurs œuvres, soient reconnus et célébrés. À Maurice et ailleurs. Et il s’agit là du message d’un groupe de zenes du collège Idéal, qui se trouve dans le nord de l’île. Accompagnés de leur directrice, ils ont présenté une sculpture en fibre de verre montrant les women dans différents corps de métier. «Il est temps de réaliser que les femmes font aussi bien que les hommes. Et même mieux», lance Andriano Patient. Avec ce joli hommage, ses amis et lui remportent le troisième prix.

 

Vashisht Jagurnath, 16 ans, du John Kennedy College, a le discours facile et parle, lui, de l’environnement et de l’importance de respecter sa beauté afin que Maurice reste un paradis. Sa peinture raconte la déchéance du monde et le pouvoir de ses habitants à faire bourgeonner à nouveau les plants de l’espoir… de Maurice à l’Europe. Un slam de Leeroy Nayna donne du rythme aux présentations. Des peintures, de la couleur. Même si Fatima Sana Foondun a vu les choses plutôt sombres mais uniquement dans les tons. Sa parole s’inscrit dans un désir d’émancipation qui apportera de la lumière. Elle croit en l’émancipation des femmes. Elle trouvera un écho en Shahiraah Bibi Oomay Dowlut qui parle de son œuvre, de la réponse que peut apporter la technologie alors qu’elle a tellement détruit. De ce besoin des jeunes d’exister, de cette nécessité de respecter chaque être, dans sa différence. Son discours puissant et inspirant, pour les femmes, pour la communauté LGBT +, et son univers fantasmagorique lui permettront de prendre la deuxième place du concours. Avec son photo montage, qui rappelle l’importance de protéger cette nature qui s’inscrit dans ce que nous sommes, Girish Needhoo, remportera, lui, le troisième prix dans la deuxième catégorie.

 

La vague du changement serait-elle là ? Ameerah Koheeallee y croit. D’ailleurs, son impressionnant tableau en parle. Des vagues qui s’imaginent en pastilles de plastique. Ces morceaux de cette matière non-dégradable qui s’insinuent dans nos océans, polluent la faune et la flore marine, et se retrouvent dans nos assiettes. «J’ai utilisé ces pastilles dans ma peinture. Nous devons nous montrer responsables. C’est une manière de sensibiliser», confie celle qui remporte le premier prix dans la deuxième catégorie. 

 

Devant son tableau qui s’offre une symphonie de bleus, elle parle de ce monde qui a besoin de respirer. De cette Terre qu’il faut sauver. Et ses mots se propagent, comme autant de pétales d’espoir…