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Par Yvonne Stephen
18 mai 2023 20:12
Le député du MMM a interrogé le ministre des Terres, Steven Obeegadoo, lors de la séance parlementaire, le mardi 9 mai, sur le terrain polémique. Il conteste le fait qu’il n’ait pas eu la possibilité de poursuivre ses interrogations à cause de l’intervention du Speaker.
Que s’est-il passé au Parlement ? Pourquoi vous êtes-vous senti lésé ?
Normalement, dans un temps imparti, nous avons droit à deux questions supplémentaires. La première concernait le contenu de la lettre envoyée (voir hors-texte : «Pour mieux comprendre»). Il fallait le souligner parce que cette correspondance constituait un manque de respect total vis-à-vis d’une communauté. Alors que je souhaitais passer à la seconde question supplémentaire, le Speaker a passé des annonces – sur mon temps de parole - et a décidé, ensuite, quand je souhaitais reprendre le fil, que time was over. Je trouve que c’est unfair ! Il m’a privé de mon droit !
Quelle est cette question que vous souhaitiez poser à Steven Obeegadoo ?
L'unité au sein de l'opposition. Il avait avancé que, seul, un petit groupe de contestataires, enn ti lekip andeor, n’était pas d’accord avec la décision gouvernementale. Je devais lui demander est-ce qu’il y avait eu des pourparlers avec la tamil community at large et avec d’autres instances la représentant, afin de savoir si cette décision était acceptée. Ou alors seulement avec le Mauritius Tamil Cultural Center Trust qui, comme nous le savons, est nommé par le ministère. Je voulais aussi savoir qui allait bénéficier de ce terrain désormais : est-ce que le gouvernement est en train de favoriser quelqu’un ? Et aussi connaître le nombre de personnes/institutions - si c’est déjà arrivé ! - qui ont obtenu des terrains à bail et ont vu leur contrat être résilié dans les mêmes circonstances.
Pourquoi le combat pour ce terrain est-il important pour vous ?
Pas pour moi. C’est pour tout le monde ; il y a aussi d’autres associations concernées ! En 2001, il avait été décidé que le Réduit Triangle soit un cultural hub, un knowledge hub. L’idée, c’était que ce soit un lieu d’échange culturel, de connaissances et de recherches avec l’université, les centres culturels, le MGI et les Archives. Un projet supervisé personnellement par le vice-Premier ministre et ministre des Finances de l’époque, Paul Bérenger. Aujourd’hui, le centre culturel sera déplacé à La Vigie, là où les conditions climatiques et topographiques ne sont pas appropriées. Pour les cours de Bharata Natyam ou de chants, il n’est pas possible de les faire dan freser, par exemple. Je me répète, il devait y avoir consultation.
Qu’attendez-vous, désormais ?
Que les autorités reviennent à la table des négociations et à de meilleurs sentiments, surtout. Je demande au ministre de stop action. Nou asize, nou diskite. Pour mes questions, si je veux les poser à nouveau, il faudra attendre trois mois. C’est fini. L’essentiel, c’est la réponse du ministre. Il aurait pu être plus sage, plus poli. Il ne faut pas qu’il oublie que nous sommes une île arc-en-ciel, composée de différentes couleurs, et que chacune d’entre elles a son importance.
Un comité de soutien (comprenant Rajen Narsinghen, Rama Valayden ou encore Prithviraj Putten) a été mis en place et il travaille avec le Tamil Cultural Centre mais aussi le Tamil Council, entre autres, pour mener les contestations afin d’empêcher la résiliation du bail. Des réunions ont eu lieu et d’autres sont prévues. Des actions ont été initiées : réclamer des dommages de Rs 100 millions au secrétaire permanent du ministère du Logement et des terres, servir une mise en demeure au président de la MTCCT ainsi qu’au ministre des Arts. Une importante réunion a été organisée par la Mauritius Tamil Temples Federation ce samedi 13 mai avec pour thème : Terrain à Réduit.
C’est en 2010 que le terrain de 5 069 m2 a été alloué à bail, d’une durée de 20 ans, au Mauritius Tamil Cultural Center Trust (MTCCT) au Réduit Triangle, Moka. Il devait voir la construction d’un centre culturel tamoul.
Néanmoins, l’État a décidé de le reprendre. La raison avancée ? Un délai de construction non respecté. Au Parlement, Steven Obeegadoo a précisé que Réduit était appelé à devenir un Medical Hub. Et que les contestataires sont des «wellknown troublemakers» qui veulent simplement «create confusion».
Le gouvernement a proposé un autre terrain : à La Vigie. Une nouvelle connue depuis le 14 avril. Néanmoins, dans une correspondance émanant du ministère des Terres et du logement, le 28 avril, les responsables ont pris connaissance d’un ultimatum : ils avaient deux jours pour commencer les travaux sous peine de voir le bail résilié de «plein droit» (une procédure habituelle, a précisé le ministre). Des manœuvres ont, par la suite, été enclenchées pour défricher le terrain. Le président du MTCCT a affirmé à la police de Moka, dans une déposition, ne pas être au courant de ces opérations. Des dires que des membres du Tamil Council ont contestés.
Le terrain concerné serait destiné à Avinash Gopee, propriétaire d’une maison de retraite mais aussi d’une clinique (qui est depuis peu en contrat avec Mauritius Telecom) et qui a été construite sur un terrain qui avait été alloué à la State Trading Corporation.
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