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Semaine de 4 jours : quel enjeu ?

Asrita Jankee et Jane Ragoo soulignent qu'il faut trouver la formule gagnante pour tous.

Une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle. C’est ce qu’apportera la semaine des 4 jours comme recommandée dans la Finance Act 2023-24. Et le ministre du Travail estime que cette nouvelle formule  bénéficiera à tous. Mais les avis sur cette nouveauté sont partagés. 

Travailler moins de jours pour le même salaire. C’est la réalité que propose la semaine des 4 jours. Le débat autour de ce projet de grande ampleur s’amplifie à Maurice depuis sa recommandation dans la Finance Act 2023-24. Pour Asrita Jankee, qui évolue dans le domaine du marketing et de la communication, elle souligne que : «Dans un monde où l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est devenu un enjeu majeur, cela suscite de plus en plus d’intérêt. Cette approche novatrice a démontré des résultats positifs dans certaines entreprises à travers le monde où elle a été mise en œuvre.»

 

Notre interlocutrice se réfère ainsi aux pays tels que les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suède qui sont depuis longtemps, dit-elle, les champions des formules de travail flexibles.
«Ils ont mis en œuvre des politiques qui permettent aux travailleurs de concilier efficacement leur vie personnelle et leur vie professionnelle. En adoptant des mesures similaires, Maurice peut s’aligner sur ces pays et récolter les avantages qui en découlent. Outre les avantages pour les employés, cela peut également avoir un impact positif sur la productivité de l’entreprise. Cette augmentation de la productivité peut se traduire par des résultats tangibles pour l’entreprise et renforcer sa compétitivité sur le marché.» Asrita Jankee, conclut tout de même «qu’une réflexion approfondie et une évaluation rigoureuse des avantages et des inconvénients, ainsi que des ajustements organisationnels nécessaires, nous permettraient de prendre une décision éclairée et de mettre en œuvre cette initiative de manière réussie».

 

Préoccupation

 

Jane Ragoo, secrétaire de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP) exprime, quant à elle, sa préoccupation à ce sujet. «Je me pose beaucoup de questions par rapport à cette recommandation. Après un petit sondage, je peux dire que les jeunes sont ravis de cela, car ils n’ont pas d’obligation familiale comme ils le disent et sont pour bon nombre déjà en télétravail. Mais pour ceux avec des enfants, ils sont sceptiques, car vu que les nombres d’heures vont augmenter. Ils soulignent que quand ils iront au travail, les enfants seront endormis et ce sera la même chose quand ils rentreront.» Autre questionnement de Jane Ragoo, concerne le début de semaine. «Désormais, à Maurice, nous n’avons plus de semaine type où le début c’est lundi car certaines personnes commencent leur semaine mardi, samedi ou un autre jour. Donc qui dit que le jour où elle sera en congé qu’elle pourra profiter de ses proches ? Mais aussi, cette idée ne peut être applicable à tous les secteurs et certains patrons disent que les heures supplémentaires ne seront plus payées. Donc comment les employés vont arrondir leur fin de mois ?»

 

La secrétaire de la CTSP se demande aussi si ceux qui n’adhèrent pas à cette idée subiront des répercussions. «Aujourd’hui, il est dit que la mise en place de cette idée se fait avec le consentement des employés. Mais ceux qui refusent cela auront-ils des répercussions ? Serait-ce un prétexte pour licencier plus facilement pour remplacer la main d’œuvre mauricienne par la main d’œuvre étrangère ? Car eux ils sont là que pour travailler. Quoiqu’il en soit, il faut une approche pour satisfaire tout un chacun et ce n’est que dans six mois environ que nous pourrons faire un constat.»

 

Néanmoins, pour certains, une semaine de 4 jours relève de l’impossible. Jérôme, qui exerce dans l’hôtellerie s’exprime à ce sujet. «Nous avons déjà abordé le sujet avec mon employeur, et il nous a clairement fait comprendre que ce n’est pas envisageable, car depuis la Covid-19, les effectifs ont diminué et on peine à recruter. De ce fait, faire une semaine de quatre jours est difficile, car il faut trouver la main d’œuvre supplémentaire pour que tout un chacun puisse bénéficier de cela», confie ce dernier. Quant à Magali qui exerce dans un bureau d’architecture, la semaine de quatre jours, c’est une réalité qu’elle connaît. «Mon employeur est flexible et cela même avant la Covid-19. Nous avions le choix entre le télétravail les vendredis, si notre quota de travail n’est pas complété, et si c’est fait, d’avoir un jour de congé supplémentaire. Mais beaucoup de mes collègues optent pour le télétravail quitte à finir plus tôt ce jour-là au lieu d’ajouter des heures supplémentaires en semaine. Moi cela m’a aidée, pour avoir des week-ends à rallonge, avec mes enfants, mais aussi parce que je fais des horaires de bureau. C’est une option qui a ses avantages et ses inconvénients. Donc, je pense que c’est à chaque employeur de voir selon son secteur d’activités, mais aussi du besoin de son employé.» La semaine de quatre jours ne fait donc pas encore l’unanimité et requiert un temps de réflexion.

 

Les pays qui s’y sont essayés

 

L’Islande fait partie des pays précurseurs en la matière. Ainsi, entre 2015 et 2019, 2500 Islandais, se sont vu proposer de travailler 35h par semaine sur quatre jours, au lieu de 40 sur cinq jours, avec le même salaire à la fin du mois. Les pays comme le Royaume-Uni, l'Espagne, le Japon ou encore la Nouvelle-Zélande, ont franchi le cap. Bon nombre de pays qui ont adopté ce modus operandi, avouent avoir noté une hausse dans la productivité des employés mais aussi une baisse dans le niveau de stress. Mais en Belgique, les employés peuvent décider de travailler quatre ou cinq jours par semaine, mais cela ne signifie pas  pour autant qu'ils travailleront moins d’heures car ils condenseront simplement leurs heures de travail en moins de jours. Entre réticences et bilan positif de certains pays, la perspective d'une semaine de travail de quatre jours n'est pas séduisante pour tous.