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SOS, je suis un/e employé/e en détresse

19 mai 2020

être licencié : c’est comme vivre une perte affective.

Certains/es le disent, d’autres non. Mais la peur de perdre son emploi titille avec plus ou moins de force et d’intensité chaque employé (ou presque), en ce moment. Dans le marasme économique en mode Covid-19 – les repères habituels qui ne sont plus, les consommateurs qui modifient leur comportement, le capitalisme et son monde impitoyable (le profit avant l’humain) –, même les entreprises les plus solides ne peuvent ressentir que les bourrasques de la tempête qui fait frémir l’humanité. Alors, dans ce tourbillon d’émotions, d’informations, de zones d’ombre, de doutes et de messages floués, comment gérer cette peur intime, personnelle ? La psychologue Vidhi Bekaroo tente de nous guider.

 

Qu’est-ce qui se passe à l’intérieur ? Fermez les yeux, recentrez-vous sur ce que vous ressentez en ce moment. Laissez de côté les pensées parasites et fixez-vous sur l’essentiel. Un peu d’angoisse ? Des questions pour l’avenir ? De la colère, peut-être, pour les sacrifices déjà consentis pour conserver son emploi ? Un sentiment d’impuissance ? «Nombreux sont ceux qui craignent de perdre leur emploi. Certains ont vu des baisses dans leur salaire, le report d’une promotion… La crise de la Covid et le lockdown font que les employés se sentent anxieux et inquiets à propos de leur avenir», explique Vidhi Bekaroo.

 

Perdre son job : un deuil. Oui, ce serait aussi puissant que ça, explique la psychologue : «Cela équivaut souvent à la peine de perdre quelqu’un qu’on aime. Et la trajectoire émotionnelle peut prendre celle du deuil : le choc, le déni, la colère, le marchandage et finalement, l’acceptation et l’espoir.» Ce serait donc essentiel que les gens acceptent le fait qu’ils font face à une perte et soient plus compréhensifs envers eux-mêmes : «Se donner de la compassion, se permettre de ressentir ce qu’on ressent, tout simplement ; c’est très important.» Ça a l’air simple dit comme ça mais parfois, on ne se donne pas la possibilité de vivre nos émotions : «Certaines personnes se disent : ‘‘Pourquoi je ressens cela, ce n’est pas de ma faute, je ne suis pas la seule à avoir perdu mon emploi.’’» Une tentative de minimiser la perte et de vouloir aller au plus vite de l’avant. Mais c’est important de vivre le moment, pour qu’il ne reste pas comme un arrière-goût en bouche qui va gâcher vos prochaines expériences : «L’espoir, les opportunités, les attentes ; perdre son emploi, c’est dire au revoir à de nombreuses choses. Une fois qu’on l’a compris et qu’on l’accepte, on se donne la permission de ressentir ce que l’on doit. Ça prendra le temps qu’il faudra. Et parfois, ça prend beaucoup de temps. Soyez indulgent envers vous-même. La tristesse et la colère ne partent pas d’un seul coup.»

 

Un sacré coup. Si le confinement vous a permis de retourner à l’essentiel, de passer du temps avec votre famille, de dépenser moins, de manger mieux, de penser au jardinage, reste qu’il y a des impératifs, financiers ou autres, dont il est difficile de s’éloigner en temps de crise ou pas. Le fait d’avoir un emploi et un salaire décent permet de régler assez automatiquement ces responsabilités. Alors, c’est évident que la perte de cette sécurité engrange un chamboulement psychologique sans précédent : «Des études ont montré que les gens qui ont souffert financièrement pendant la Grande Récession étaient plus vulnérables aux problèmes de santé mentale.» Pour Vidhi Bekaroo, il y a plusieurs raisons pour lesquelles un licenciement peut avoir des conséquences négatives sur l’équilibre psychique. Elle explicite :

 

  • - La difficulté de payer pour les besoins de base = stress.
  • - Un manque de but, l’impression de ne pas contribuer à la société et aux besoins financiers de la famille = le sentiment de se sentir inutile.
  • - Moins d’interaction sociale = le moral en prend un coup.
  • - Moins de temps pour s’occuper de sa santé mentale car la personne est occupée par la gestion, bien plus compliquée, des besoins du quotidien = l’oubli de maintenir ces activités qui sont bonnes pour votre équilibre : pratiquer une activité physique, entretenir ses relations, entre autres.
  • - Des mécanismes malsains de gestion plus tentants = drogues, alcools pour tenir le coup.



Des pistes pour ne pas sombrer. Suite à la perte de votre emploi, vous pouvez mettre en place des stratégies pour ne pas sombrer. Vidhi Bekaroo vous détaille quelques options :

 

  • - Acceptez la situation. Il y aura des moments difficiles, il faut l’accepter. Mais il est également nécessaire de se dire qu’avec un peu de volonté, tout va s’arranger.
  • - Tenez le coup ! C’est une période difficile, traumatisante et ce qui vient de vous arriver n’est pas facile, alors accrochez-vous. Les mauvaises choses ne durent pas. Si vous pensez au suicide, cherchez de l’aide. Ne restez pas seul/e.
  • - Enregistrez-vous. Les autorités ont créé des programmes pour venir en aide aux personnes qui ont perdu leur emploi, renseignez-vous et enregistrez-vous.
  • - Cherchez de nouvelles opportunités. Soyez ouverts aux propositions qui peuvent vous convenir ; à plein temps ou à temps partiel. Cette recherche peut vous aider à vous sentir mieux.
  • - Travaillez sur votre budget. En vous organisant, vous aurez l’impression de reprendre le contrôle, autant que possible, de votre vie et de votre situation financière.
  • - Gérez vos paiements. Ne restez pas dans le silence ; contactez les entreprises responsables de vos prêts et de vos factures, entre autres, afin de trouver une solution temporaire pour vous soulager.
  • - Cherchez de l’aide. Pour votre carrière, pour contacter vos débiteurs, n’hésitez pas à demander un coup de pouce.
  • - Apprenez. C’est le moment de parfaire vos connaissances, alors enregistrez-vous à des cours ; ça vous aidera dans votre recherche d’emploi.
  • - Travaillez sur votre CV. Étoffez-le, en recherchant d’autres témoignages.
  • - Réinventez-vous. Si vous n’étiez pas pleinement heureux/euse dans votre emploi, c’est peut-être le moment de penser à créer une petite entreprise.

 


 

Le rôle des entreprises

 

C’est un temps de responsabilité. C’est ce que martèle Vidhi Bekaroo. Pour les employés, bien sûr. Mais aussi pour les entreprises : «Elles doivent se montrer plus empathiques envers leurs employés, tout en communiquant avec franchise.» En ne laissant pas les employés dans le flou et en étant une entreprise à visage humain, ils pourront motiver leurs troupes et les amener à donner plus d’eux-mêmes afin de sauver la compagnie si besoin est, explique la professionnelle.

 

Le temps d’un workshop 

 

La psychologue souhaite en organiser afin de venir en aide aux employés au sein des compagnies. Pour les motiver, pour les aider à laisser derrière eux le traumatisme de la Covid-19. Si vous souhaitez qu’après le lockdown, Vidhi Bekaroo vienne s’adresser à vos employés, contactez-la à l’adresse suivante : veediasha.bekaroo@gmail.com.

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