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Stéphanie Ménès tuée par son époux : Ses sœurs racontent son calvaire de femme battue

Sarah et Géraldine sont bouleversées d’avoir perdu leur sœur dans de telles circonstances.

Pendant plusieurs années, Stéphanie Ménès a gardé le silence sur le cauchemar que lui faisait vivre Steeve Ménès, son époux. Il y a deux semaines, à bout de souffle dans cette relation qui la tuait à petit feu, elle a trouvé le courage de se confier à ses sœurs et de quitter le toit conjugal avec ses enfants. Mais le mercredi 4 septembre, elle a été tuée par son mari avant même d’avoir pu goûter aux joies de la liberté. Effondrée, ses sœurs témoignent…

Elle voulait à tout prix prendre un nouveau départ. Pas uniquement pour elle, mais aussi pour ses deux filles – Stacy, 17 ans, et Stacia, 15 ans –, qu’elle voulait absolument protéger. Pendant de longues années, la vie de Stéphanie Ménès, 32 ans, n’a été qu’une succession de drames. Prise au piège dans une relation abusive, elle a souffert en silence pendant bien trop longtemps. Cependant, il y a quelques jours, elle a dû se rendre à l’évidence : sa vie et celle de ses enfants étaient en danger auprès de son époux Steeve Ménès, 50 ans. Afin de mettre ses enfants à l’abri, elle a pris son courage à deux mains et est sortie de son mutisme. Mais à peine avait-elle eu la force d’en parler à son entourage et de quitter le toit conjugal que l’herbe lui a été coupée sous les pieds. Ce mercredi 4 septembre, elle a été tuée de sang-froid par le père de ses enfants à leur domicile, à Résidence Briquetterie, Ste-Croix. Après avoir commis l’irréparable, son bourreau s’est donné la mort par pendaison sur un terrain en friche à Grand-Gaube.

 

Steeve et Stéphanie Ménès étaient mariés depuis 16 ans mais se connaissaient depuis un peu plus longtemps. Durant leurs années de vie commune, la trentenaire a toujours donné l’impression à sa famille de vivre le grand amour lorsqu’elle était en compagnie de son époux. «Elle nous faisait croire qu’elle était comblée ; qu’elle était épanouie. Nous pensions que tout allait bien pour elle», se désole Sarah, l’une des sœurs de la victime. Pourtant, elle a donné des signes avant-coureurs qu’elle n’était pas heureuse. Au cours de ces deux dernières années, elle a tenté de se donner la mort à deux reprises. «La première fois, elle a ingurgité des comprimés et la deuxième, elle a tenté de se tailler les veines», confie Sarah.

 

Marie-Louise Sandapa a déjà été témoin des violentes disputes du couple.

 

Malgré cela, elle a toujours fini par reprendre du poil de la bête. Jusqu’à très récemment, soit il y a environ deux semaines, où, à bout de souffle, elle a fini par faire part de son ras-le-bol à ses sœurs. «Vu qu’elle n’avait pas été en mesure de m’en parler au téléphone, elle avait glissé des lettres dans le sac de mon fils, dont elle s’occupait tous les jours pendant que je travaillais. Elle y racontait le calvaire qu’elle avait vécu durant tout ce temps auprès de Steeve. Il était jaloux ; après les deux premières années de mariage, il ne la laissait plus quitter la maison sans lui et l’empêcher d’assister aux fêtes qu’organisait la famille. Il la tabassait et lorsqu’elle avait des bleus, il lui disait de se maquiller pour que son entourage ne s’en rende pas compte. Je lui avais demandé de tenir bon et de prendre la bonne décision», explique Géraldine, son autre sœur. 

 

Et après une énième dispute avec son mari, Stéphanie a fini par prendre les devants le vendredi 30 août. «Elle a quitté le toit conjugal avec ses enfants et s’est réfugiée chez un proche. Elle semblait déterminée à mettre fin à sa relation», se souvient Géraldine. Le lendemain, elle s’était donc rendue au poste de police d’Abercombie pour signaler qu’elle n’avait pas enlevé ses enfants mais qu’elle avait simplement décidé de quitter son domicile parce que son époux faisait preuve de violence vis-à-vis de ses filles et ne leur laissait aucune liberté. «Elle a parlé aux policiers de ses problèmes mais ils lui ont uniquement dit qu’elle devrait elle-même régler ses problèmes de couple. Ils n’ont pas pris sa déclaration.»

 

Calvaire

 

L’affaire a ensuite été référée à la Police Family Protection Unit (PFPU). D’après le service de presse de la police, Stéphanie a rencontré les officiers de la PFPU de Fanfaron le lundi 2 septembre. «Elle leur a fait part du calvaire que vivaient ses filles et leur a dit qu’elles étaient traumatisées. Malheureusement, elle n’a pas précisé qu’elle subissait également des violences», indique notre interlocuteur. Il lui a été conseillé de rencontrer un psychologue de la Child Development Unit (CDU) le mercredi 4 septembre avec toute sa famille. Entre-temps, elle a trouvé refuge tour à tour chez sa sœur Géraldine, à cité La Cure, et chez sa mère, à Tranquebar, mais était toujours harcelée par Steeve. «Il l’appelait, lui disait qu’ils devaient discuter. Il est même venu la récupérer chez moi le lundi 2 septembre. Il l’a forcée à passer la soirée chez eux, à Résidence Briquetterie, et l’a ramenée le lendemain. Lorsque j’ai questionnée ma sœur, elle m’a confié qu’il l’avait forcée à faire des choses qu’elle ne voulait pas», raconte Géraldine.

 

Terrifiée à l’idée que Steeve puisse s’en prendre à elle ou à leurs filles, comme il l’aurait déclaré en présence de ses proches le mardi 3 septembre, Stéphanie pensait voir la lumière au bout du tunnel lorsqu’elle s’est rendue dans les locaux de la CDU, le mercredi 4 septembre. «Steeve devait également être présent ce jour-là. Il a donné sa version des faits, puis ses filles ont dû donner la leur. Mais avant que Stéphanie ne puisse donner la sienne, Steeve l’a convaincue de le suivre jusqu’à Résidence Briquetterie», raconte Géraldine. C’est à ce moment-là qu’il a commis l’irréparable. «Il était environ 15h30 lorsqu’il m’a contactée pour me dire qu’il s’en était pris à ma sœur. J’étais sur mon lieu de travail. Je l’ai supplié de ne rien lui faire mais il m’a simplement dit que c’était trop tard, qu’il l’avait déjà tuée.»

 

Lorsqu’elle s’est rendue sur place, affolée, Géraldine s’est retrouvée face à une vision d’horreur, une image qu’elle n’oubliera jamais : Stéphanie gisait sur le sol, les pieds et les mains liés, et avait des traces de blessure sur le corps. Son bourreau avait laissé ouvert la valve d’une bonbonne de gaz avant de prendre la fuite. Alertée, la police n’a pu que constater son décès. Une autopsie a conclu qu’elle est morte étranglée. «Li bien dir, li pa fasil ditou pou trouv mo ser fini koumsa. Li pa fasil pou blie sa. Zis kouma nou ti pou rekiper nou ser, nou finn perdi li», pleure Sarah.

 

Cette terrible perte est d’autant plus difficile pour Marie-Louise Sandapa, la mère de la victime, qui lui avait dit de se méfier. «Je savais qu’il était jaloux et qu’il ne lui laissait pas trop de liberté mais je n’aurais jamais pensé qu’il puisse en arriver là. D’ailleurs, Steeve nous avait donné l’impression d’être quelqu’un de sympathique avant cette année. Je n’avais jamais pensé qu’il était aussi violent. Il y a quelque temps, il a tabassé ma fille sous mes yeux et je l’ai supplié de ne pas le faire, mais il m’a demandé de ne pas me mêler de leurs affaires», regrette-t-elle. Lorsque sa fille a finalement eu le courage de quitter le toit conjugal et d’entamer des démarches auprès des forces de l’ordre, Marie-Louise l’a mise en garde. «Je lui ai dit de faire très attention. Mo ti dir li Steeve pou vinn pli move, me li pann ekout mwa e finn al ek li. Get zordi ki finn arive.» Aujourd’hui, elle a pris chez elle les deux orphelines du couple. «Zot extra sagrin seki finn ariv zot mama. Elles ne cessent de répéter qu’elle n’aurait jamais dû suivre leur père.»

 

C’est une famille rongée par la tristesse et le chagrin que Stéphanie Ménès laisse derrière elle. Elle a eu droit à des adieux déchirants le vendredi 6 septembre, surtout de la part de sa maman, ses filles et ses sœurs, effondrées de ne pas avoir pu la sortir de cet enfer avant qu’il ne soit trop tard. Stéphanie Ménès vient rallonger, hélas, la terrible liste des victimes de violence conjugale ayant perdu la vie sous les coups de leur bourreau.

 


 

Ivy, la mère de Steeve Ménès : «Je les croyais heureux et amoureux» 

 

 

Si la nouvelle de la mort de Stéphanie Ménès a choqué bon nombre de personnes, celle de son époux Steeve Ménès (photo) n’a pas non plus laissé de marbre. Surtout les membres de sa famille, comme en témoigne sa mère Ivy Ménès. Elle assure que son fils n’était pas un homme violent. «Il était quelqu’un de très dévoué envers sa famille. Stéphanie et lui se disputaient de temps en temps mais ils voulaient à tout prix résoudre leurs problèmes, d’autant qu’ils avaient deux enfants.»

 

Cadet d’une fratrie de trois enfants, Steeve Ménès donnait visiblement l’impression à son entourage d’être quelqu’un qui avait la tête sur les épaules. Il recevait une pension du gouvernement parce qu’il souffrait d’épilepsie mais il lui arrivait également de travailler en réparant des cellulaires. La dernière fois que sa mère l’a vu, remonte au mardi 3 septembre, soit la veille du meurtre. «Il était passé à la maison mais ne m’avait pas parlé de ses problèmes. J’ignorais que cela le rongeait. La nouvelle de la mort de Stéphanie m’a choquée, car je la considérais comme ma fille. Personne ne s’attendait que Steeve commette un acte pareil.»

 

D’après elle, le couple donnait l’impression d’être heureux. «Ils faisaient tout ensemble. Ils ne sortaient jamais l’un sans l’autre. Je les croyais heureux et amoureux. D’autant que Stéphanie l’accompagnait à chacun de ses rendez-vous à l’hôpital.» Mais derrière cela, Ivy Ménès ignorait qu’il agissait de la sorte parce qu’il refusait de donner à Stéphanie un peu de liberté.

 

Bien qu’attristée et tourmentée par les récents événements, Ivy Ménès est tout de même d’avis que son fils n’aurait jamais dû agir de la sorte mais de garder de bons liens avec l’entourage de sa défunte belle-fille. Elle a accompagné son fils jusqu’à sa dernière demeure ce vendredi 6 septembre.