C’est un drame qui a autant choqué que bouleversé les habitants de ce village du Sud. Une immense tristesse et une profonde consternation règne à Souillac depuis que les corps sans vie de Vinessen Maduray, 36 ans, et de sa compagne, Suchita Jankee, 38 ans, ont été découverts dans un bâtiment abandonné situé à la rue Autard, à quelques mètres du Robert Edward Hart Museum. Il était environ 16h30, ce jeudi 28 novembre, lorsque les sapeurs-pompiers de St-Aubin ont été informés d’un incendie ayant éclaté dans ce bâtiment. C’est après être parvenus à maîtriser le sinistre qu’ils ont fait cette macabre découverte : ils ont trouvé les deux personnes gisant inerte sur un matelas dans l’une des pièces, le corps partiellement calciné. Les forces de l’ordre se sont ensuite chargées de transférer le couple à l’hôpital de Souillac à la demande du Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police, puisque les premiers secours ne seraient jamais arrivés. Examinés par un médecin, les deux personnes ont été déclarées mortes. Une autopsie a attribué leur décès à une asphyxie provoquée par l’inhalation d’épaisses fumées.
Comme tout parent, Vishnu, le père de Vinessen Maduray, s’était toujours imaginé «ki mo garson pou met enn zepol pou mwa ler mo mor, me se mwa ki finn bizin met enn zepol pou li». Aujourd’hui, il est un homme brisé, meurtri. Contenant difficilement ses larmes, la voix nouée par l’émotion, il nous confie que ce qui rend la pilule encore plus dure à avaler, c’est qu’il y a seulement un an, il a perdu son épouse. «Li pa fasil ditou perdi de dimounn pros an lespas zis enn lane. Mo santi mo leker inn desire. Apre lamor mo madam, monn touzour panse ki li ti pou la pou okip mwa, pou vey lor so ser, me linn kit nou li ousi.» Il relate ce qui s’est passé dans l’après-midi du jeudi 28 novembre : «Je venais de rentrer du travail. J’ai pris une douche et j’étais sur le point de commencer ma session de prières lorsque quelqu’un s’est présenté chez moi pour m’informer que quelque chose était arrivé à mon fils. Je ne m’étais pas rendu compte que c’était aussi grave. Juste après, j’ai reçu la visite de policiers me demandant de les accompagner avec ma carte d’identité. C’est lorsque je les ai questionnés qu’ils m’ont avoué que Vinessen avait rendu l’âme.» Il a ensuite dû se rendre à la morgue pour confirmer qu’il s’agissait bel et bien de son enfant. «Il avait subi de graves brûlures sur le corps, surtout au visage, mais il est mort étouffé par les nuages de fumée. J’ai dû m’organiser pour planifier les funérailles très vite car nous n’aurions pas été en mesure de conserver son corps plus longtemps. Li pann fasil pou get mo garson dan sa leta-la.»
«Penchant pour l'alcool»
Notre interlocuteur relate que son fils avait quitté le toit familial huit mois auparavant. «Je ne voyais pas d’un bon œil la relation qu’il entretenait avec cette femme, qu’il fréquentait depuis un peu plus d’un an.» Selon lui, Suchita Jankee, qui était séparée de son époux et mère de trois enfants, «avait un penchant pour l’alcool. J’avais demandé à mon fils de mettre un terme à cette relation car je voulais le meilleur pour lui, mais il a préféré quitter notre maison pour aller s’installer avec elle». Pendant plusieurs mois, son fils et Suchita Jankee ont logé chez la mère de cette dernière, à Chemin-Grenier. Nul ne sait, néanmoins, à quel moment exactement le couple a quitté sa maison pour trouver refuge dans une maison abandonnée à Souillac. La dernière fois que son fils et lui se sont parlé remonte au dimanche 24 novembre. «Bien que nous ayons des désaccords, mon fils venait régulièrement me rendre visite à la maison. C’est même lui qui me préparait mes repas depuis la mort de sa mère. Ce jour-là, nous avons longuement discuté. Je lui ai demandé, une fois de plus, de mettre un terme à cette relation et de rentrer à la maison. Je lui ai dit que s’il acceptait, je m’arrangerai pour organiser son mariage avec une autre jeune femme très vite. Je comptais même rénover sa chambre pour qu’elle puisse accueillir un couple. Nous avons aussi discuté de son héritage. En partant, il m’a dit qu’il y réfléchirait et il semblait prêt à démarrer une nouvelle vie.» Il était loin de se douter qu’il s’agissait de la dernière conversation qu’il aurait avec son fils.
Les proches de Vinessen Maduray relatent que celui-ci a longtemps travaillé comme plombier, son domaine de prédilection. Il avait cependant des difficultés à trouver du travail récemment et cumulait des petits boulots depuis peu pour se faire de l’argent. «Li ti enn garson ki ti ena boukou talan, ki ti ena so bann sertifika. Pena nanye ki li pa ti konn fer», relate Vishnu. Il poursuit : «Li ti bien popiler, ti ena boukou kamarad ek ti kontan rann servis. Il avait bon cœur et était très pieux. Li ti ena enn gran lavenir devan li. Li trist ki linn perdi so lavi koumsa.» Ses funérailles ont eu lieu le vendredi 29 novembre.
D’après des sources policières, plusieurs bouteilles de boissons alcoolisées ont été récupérées sur le lieu du drame. Ils n’écartent pas la possibilité que Vinessen Maduray et Suchita Jankee étaient déjà dans un état second lorsque l’incendie s’est déclaré, raison pour laquelle ils n’ont pas été en mesure d’échapper aux flammes. Une enquête est toujours en cours afin de déterminer ce qui a pu provoquer l’incendie.
Nous avons tenté de joindre les proches de Suchita Jankee mais ils sont restés injoignables.