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Par Yvonne Stephen
17 août 2020 03:03
Ça ne tient pas à grand-chose. Des brins de vous. Des filaments de votre être, que vous portez lâchés, en chignon, avec du gel ou sans artifice. Des lignes qui dessinent des traits avec celui ou celle que vous regardez dans le miroir. Vos cheveux. Quelque chose de tellement banal. Quelque chose qui est indissociable du regard qu’on porte sur soi. Quelque chose qui donne, aujourd’hui, la possibilité d’aider à la préservation de notre lagon : 1 kg de cheveux, ça permet d’absorber 8 litres de fioul. Et vous êtes nombreux/euses à être passés/ées chez le coiffeur/la coiffeuse, cette semaine. D’ailleurs, ces professionnels ont ouvert leur salon, offert des coupes gratuites, ont organisé le ramassage (avec d’autres bénévoles). Il y a eu – et il y a encore ! – de la solidarité dans l’hair. Parmi ceux et celles qui ont osé l’étape de la coupe pour la bonne cause, voici quelques visages. Ils/Elles nous expliquent le pourquoi de leur geste…
«Une tristesse incommensurable». Mridula Chooromoney, jeune avocate, a osé le big chop. Un effort de citoyenne (elle s’est aussi engagée sur le terrain) qu’elle ne regrette pas. Bien au contraire. C’est un câlin d’une tendresse inouïe avec la mer, sa mélodie et sa caresse, qui la berce depuis toujours : «C’était difficile pour moi de savoir la quantité de cheveux qu’il me fallait couper pour mon océan. Tout comme je ne pouvais pas mesurer toute la joie qu’il m’a apportée durant toute ma vie. Ce que je ressens de voir la fuite d’huile, c’est cette tristesse incommensurable. Alors, j’ai essayé de contribuer à ma façon afin de sauver notre si beau lagon, turquoise et protégé.»
«C’est douloureux». Hansley Banthooa, médecin, a lui opté pour la boule à zéro. Un moyen d’apporter sa contribution dans cette lutte pour la nature qui s’annonce longue : «Je suis un amoureux de notre mer et de notre terre. Alors, voir Mère Nature souffrir autant, c’est une des choses les plus douloureuses pour moi. C’est une petite contribution pour une grande cause. Ça me tenait à cœur. Je ne regarde pas ce que les autres font, je me demande simplement ce que je peux faire pour mon pays et pour la Terre.»
«C’est bénéfique pour nou mama later». La citoyenne engagée Uvi Babajee a écouté l’appel de la terre, des océans. La vraie beauté, c’est ça : «C’est une action importante pour une cause qui vaut la peine. Et puis, c’est une sustainable practice qui permet de réduire l’impact du déversement d’huile et ainsi protéger notre biodiversité, notre écologie et les locaux. Utiliser les cheveux pour réduire la négativité, c’est top ! Et en plus, si c’est bénéfique pour nou mama later et pour notre océan, c’est encore mieux. D’ailleurs, j’encourage humblement les autres à le faire.»
«Avec ma maman et ma sœur». Axelle Figaro n’a pas hésité à se rendre chez le coiffeur quand elle a compris que ses beaux cheveux pouvaient contribuer à sauver le lagon : «Ma maman et ma sœur m'ont motivée parce que nous avons grandi à Mahébourg et j'ai été au collège là-bas pendant sept ans. Nous avons pensé au lagon, nous avons voulu aider», confie la jeune femme.
«J’ai motivé toute la famille». De GRNW à Mahébourg, ça fait de la route. Alors, Priscilla Lamothe savait qu’elle ne pourrait pas faire le trajet pour aider, alors elle a tenu à contribuer à sa façon, à faire un geste pour son pays : «Quand j’ai vu les photos qui circulaient suite à la fuite d’huile, je ne pouvais pas rester insensible. Alors, je me suis coupé les cheveux. Et j’ai motivé toute la famille à le faire : mes deux enfants, mes neveux, mes nièces et ma belle-sœur sont tous passés chez le coiffeur !»
«Ma petite contribution». Éco-consciente, Navla Rughoo ne pouvait pas rester les cheveux attachés. Il fallait bouger, aider. Et dire au revoir à 30 cm de ses hair : «Ma première réaction en voyant la fuite d’huile était : comment je peux aider ? J’ai rejoint la page Facebook Wakashio- Oil Spill- Anou mobilisez et j’ai vu un post à propos d’un salon de beauté qui offrait des coupes gratuitement pour faire ensuite don des cheveux pour la fabrication des booms artisanaux. Alors, je me suis lancée : c’était ma petite contribution avec l’espoir que ça aide à réduire l’impact de la pollution sur nos côtes qui sont un atout pour notre industrie touristique.»
«La chose à faire». C’est avec son chéri, Julien Rivet, qu’Ursula Lareine a fait le choix de faire don de ses cheveux. Une façon de participer à l’effort national, une façon de dire nou pe la : «Les photos et les vidéos autour du naufrage m’ont brisé le cœur... D’abord parce que c’est une tragédie écologique pour notre île et puis parce que Mahébourg est rattaché à mes années de collège au Lorette de Mahébourg. La révolte de Julien est aussi montée en flèche.» Ensemble, le couple a fait un pas pour son pays : «Nous en avons discuté et étions d’avis qu’il fallait faire quelque chose vite. Nous nous sommes renseignés sur les différentes possibilités d’aider mais nos horaires et emplois du temps ne nous permettent pas d’aller sur les différents sites pour la confection des booms. Heureusement que nous avions un peu de cheveux à donner. C’était pour nous la chose à faire tout de suite. Surtout que les cheveux ont servi à limiter les dégâts lors des marées noires dans le monde. Nous espérons contribuer à sauver nos lagons du Sud-est...»
Pour les dons de cheveux, vous pouvez vous renseigner sur les collectes qui ont lieu dans différentes régions, à travers votre salon de coiffure ou sur les plateformes de communication sur Facebook. Mais vous pouvez également déposer vos cheveux à Uniciti, Cascavelle, là où a lieu la fabrication des boudins, tous les jours de 9h30 à 17 heures. Pour en savoir plus, cliquez sur le lien suivant : https://bit.ly/unicityeventhair.
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