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Une semaine après la collision mortelle de Beaux-Songes : l’insurmontable souffrance des familles endeuillées

Cette violente collision entre une BMW et un camion a fait quatre morts et deux blessés.

Huit jours se sont écoulés depuis le violent accident survenu sur la Link Road de Beaux-Songes où quatre jeunes ont été arrachés à la vie. Mais la douleur des proches de Darel Agathe, 19 ans, Phoebe Nina, 19 ans, Dylan Sans Souci, 20 ans, et Wakeel Timol, 32 ans, est toujours aussi intense. Certains refusent encore d’admettre cette triste réalité, d’autres continuent de lutter pour reprendre le cours de leur vie sans l’être cher. Ils témoignent.

Le décès d’un proche est une épreuve difficile, douloureuse, mais lorsqu’il survient de manière brutale et inattendue, le choc émotionnel et la souffrance morale sont encore plus intenses. Une semaine s’est écoulée depuis le terrible accident de Beaux-Songes qui a endeuillé toute la population en arrachant quatre jeunes à la vie. Darel Agathe, 19 ans, Phoebe Nina, 19 ans, Dylan Sans Souci, 20 ans, et Wakeel Timol, 32 ans, n’ont pas survécu après que la BMW blanche à bord de laquelle ils se trouvaient a quitté sa voie pour aller percuter de plein fouet un camion le samedi 12 octobre ; une tragédie dont leurs proches se relèvent avec beaucoup de difficulté. Ce qui rend leur deuil encore plus pénible, ce sont les innombrables images et vidéos capturées  avant, pendant et après le drame qui continuent de défiler sur les réseaux sociaux, suscitant rumeurs, spéculations et commentaires en tout genre. Quelques jours après leur douloureuse perte, les proches des victimes nous racontent le désespoir et le chagrin immenses qui pèsent sur leur conscience et leur cœur.

 

À Cité Beau-Séjour, soit au domicile des proches de Wakeel Timol, l’absence du trentenaire se fait sentir dans une foule de gestes au quotidien. Même ses vêtements rangés dans une armoire sont encore imprégnés de son parfum. «Kan mo santi so bann linz, mo zis ena pou ferm mo lizie. Se koumadir mo garson touzour la avek mwa», lâche sa mère Razia, mélancolique. Le décès tragique de son fils, qui était au volant de la BMW blanche accidentée, la consume un peu plus chaque jour. Pour cause, quelque temps avant son décès,  il avait changé, dit-elle : «Il était encore plus présent pour sa famille. Nous nous étions beaucoup rapprochés. Il s’était installé dans une autre maison depuis ses 31 ans mais ne ratait pas une occasion de nous rendre visite, de prendre de nos nouvelles. Vivre seul l’avait rendu encore plus responsable ; cela me rendait fière.» La veille du drame, il avait même dîné avec les membres de son entourage. Sa mère relate qu’elle l’avait ensuite eu au bout du fil aux alentours de 00h26. «Li ti pe dir mwa li pe al dormi, me mo pa kone kiler linn desid pou sorti avek so bann kamarad.»

 

Grand regret

 

Étant l’aîné de sa fratrie, Wakeel Timol était devenu le pilier de sa famille après que ses parents se sont séparés. «Il était mon bras droit. Je ne prenais aucune décision sans le consulter au préalable ; c’était un peu comme s’il avait voulu endosser le rôle de son père. Il était tout aussi protecteur avec sa petite sœur», relate fièrement Razia. Elle poursuit : «En décembre dernier, il avait insisté pour que je quitte mon travail. J’ai donné ma lettre de démission deux mois plus tard et depuis, c’est lui qui subvenait à tous nos besoins. Mon fils était ma raison de vivre ; j’ai toujours pu compter sur lui.» Il était tout aussi apprécié par ses amis et les habitants de son quartier, qui l’ont décrit auprès de sa mère comme «zot solda, zot lame drwat». Le plus grand regret de Razia, néanmoins, est que Wakeel n’ait pas eu le temps de réaliser l’un de ses plus grands rêves. «Li ti pe anvi voyaze lane prosenn. Li ti fek tir so paspor. Li ti pe kontan parski zame linn pran avion me finalman se enn lot kalite vwayaz ki linn fer. Dieu avait d’autres projets pour lui.» Ce qui lui permet encore de tenir bon, dit-elle, c’est que «mo garson zame ti pou kontan pou trouv mwa soufer. Mo pou kontign rest for pou li».

 

Bien que le départ brusque de Darel Agathe les ait tous affligés, les membres de son entourage essaient également de rester forts, de remonter la pente. «Tristess-la touzour la me nou bizin aksepte», lâche péniblement son père Clarel Charles. L’habitant de Dagotière confie que cela faisait un bon moment que le jeune homme vivait avec sa grand-mère, à Quatre-Bornes, car «li ti anvi pre avek so bann kamarad. Li ti kontan so lavi laba». Il reconnaît que ce qui lui manque le plus, de même qu’à tous ceux l’ayant côtoyé, c’est la joie et la bonne humeur communicative de son fils cadet. «Tou dimoun ti konn li. Mo garson ti kontan koze, badine, met dialog. Se enn gran vid ki linn lese kan linn kit nou.»

 

Autre famille, même terrible douleur. Et à l’immense chagrin des proches de Phoebe Nina s’ajoutent une grande colère, un sentiment de révolte. Les images insupportables de cette scène horrible et bouleversante sont impossibles à effacer. Karine, sa soeur aînée, confie, peinée : «On ne dort plus, on ne mange plus. Comment pensez-vous que l’on puisse dormir sur nos deux oreilles après une telle tragédie ?» Elle ne peut qu’espérer que justice sera rendue à sa petite soeur, car «elle ne méritait pas de nous quitter de cette manière».

 

De leur côté, les proches de Dylan Sans Souci n’ont pas encore été en mesure d’admettre cette triste et douloureuse réalité. «Dan mo latet, mo garson ankor la. Li touzour parmi nou. Nou pa ankor kapav sirmont sa eprev-la, nou pa ankor santi nou kapab remont lapant», confie son père Steve d’une voix émue. Chaque moment passé sans lui ne fait que lui rappeler davantage cette tragédie. «Sak fwa mo trouv enn BMW pase, mo mazinn li. Sak fwa mo trap mo portab, mo rant lor Facebook, mo trouv zis so foto. Tou seki mo fer fer mwa pans li.» Il reconnaît que tous les membres de sa famille sont «touzour down. Nou pa ankor resi fer nou dey. Li pou pran boukou letan pou nou aprann viv avek sa soufrans-la».

 

Sous assistance respiratoire

 

Rappelons que dans la BMW accidentée se trouvait également un cinquième passager, Bradley Henry, âgé de 19 ans. Il est l’unique rescapé de cette voiture mais le choc de l’impact l’a laissé avec de très graves blessures. À ce jour, il continue de lutter pour sa survie au département des soins intensifs de l’hôpital Victoria, où il est sous assistance respiratoire. Ses proches continuent chaque jour de prier pour qu’il ait la vie sauve. Quant au conducteur du camion impliqué dans cet accident, Heetesh Bhujun – un habitant de Paillotte âgé de 23 ans –, il est resté sous observation pendant plusieurs jours après une délicate intervention chirurgicale à la jambe droite.

 

Ce jeudi 17 octobre, lorsque nous l’avons rencontré à l’hôpital Victoria, il affichait un sourire timide mais semblait heureux que les médecins l’aient enfin autorisé à regagner son domicile. Les membres de sa famille ne cachaient pas leur joie pendant qu’ils l’aidaient à prendre place dans un fauteuil roulant avant de quitter la salle. «Nous sommes soulagés qu’il aille mieux. Il avait aussi subi des blessures à la tête mais a pu être soigné. Il a eu beaucoup de chance. Ce qui lui est arrivé l’a vraiment secoué», nous ont-ils confié. Ils éprouvent également beaucoup de gratitude  : «Nous sommes reconnaissants de tout le soutien et l’encouragement que nous avons reçus. Heetesh continuera de venir à ses rendez-vous à l’hôpital pour sa jambe, mais le plus dur est passé. Désormais, nous voulons tous passer à autre chose et pouvoir oublier cette tragédie.»

 

Ce dimanche 20 octobre, une marche sera organisée en l’honneur des victimes de ce tragique accident. À 9 heures, ce matin, leurs proches et amis se réuniront près de la station service Engen, à La Louise, Quatre-Bornes, et feront un défilé jusqu’à Beaux-Songes, soit sur le lieu de l’accident, pour un dépôt de gerbes et dire des prières. Ils invitent tous ceux souhaitant rendre un dernier hommage aux jeunes victimes à venir participer à ce dernier moment de recueillement.

 


 

Un autre motocycliste perd la vie

 

La liste des victimes de la route s’allonge. La police a déjà enregistré 101 décès suite à 93 accidents fatals depuis le début de l’année. La dernière personne à avoir perdu la vie dans un drame routier est un motocycliste. Cet habitant de Pailles a succombé à ses blessures le vendredi 18 octobre après une collision avec un 4x4 à la jonction des rues Antelme et Murray, à Quatre-Bornes. Les premiers éléments de l’enquête policière indiquent que ce jeune homme de 33 ans est mort sur le coup. L’enquête policière se poursuit pour situer les responsabilités.

 

Elodie Dalloo et Jean Marie Gangaram