Publicité
Par Yvonne Stephen
19 mai 2020 14:30
Sept à la maison. Ce n’est pas un revival de la série mythique des années 90 mais bien le quotidien (ou presque) de Carine Jean et de son mari, Frédéric. À la maison, ils se retrouvent à gérer une petite tribu au moins trois à cinq fois par semaine, quand leur fils, Nick, 21 ans, vient les rejoindre avec sa copine et leur petit bonhomme. Les autres jours de la semaine, le couple vit avec ses deux autres enfants, Cassey, 19 ans, et Kyle, 11 ans. Une petite bande bien bruyante et joyeuse mais dont la gestion demande une certaine organisation. Et Carine l’avoue, elle en fait plus que d’habitude : «Je bosse aussi en ce moment, donc ce n’est pas tous les jours évident. Du coup, quand je suis à la maison, je cuisine toute la journée. Les enfants ont tout le temps faim. C’est incroyable !» confie l’animatrice radio et présentatrice télé que vous pouvez entendre sur les ondes de la MBC et voir sur les chaînes de la télévision locale.
Pour pouvoir mener tout le monde dans la bonne direction, elle a ses petites stratégies : «Le matin, je fais un planning et on essaie de répartir les tâches avec le consentement de tout le monde. On décide de ce qu’on va manger. Le dessert, je laisse ça à la gestion des enfants.» Les jours où elle travaille, c’est Cassey qui s’occupe du dîner : «Je cuisine quelque chose le matin, ensuite, c’est ma fille qui prend le relais : à tous les coups, ce sont des pâtes au menu.»
Une organisation qui a ses petits ratés, bien sûr : «Mon fils aîné construit sa maison chez nous, déjà qu’avant, il jouait au mort pour les tâches ménagères, maintenant c’est pire ; il est tout le temps fatigué. Et puis, il y a Miss TikTok ! Mais au moins, elle fait de bonnes pâtisseries. De mon petit Lapino, je ne peux pas me plaindre, il s’occupe de ses tortues et nettoie le jardin.» Pour motiver son homme, elle a bien une sympathique petite astuce : «D’habitude, il fait la vaisselle ou une salade quand c’est nécessaire. Et si je n’ai pas envie de cuisiner, je lui dis que j’ai envie de manger chinois ! C’est sa spécialité, du coup, c’est lui qui se met aux fourneaux.»
Si au début, le confinement lui pesait un peu, elle a finalement commencé à y prendre goût : «J’aime bien mon rôle de maman car je passe plus de temps avec les miens. Et surtout avec notre petit bout de chou, Wyllian, l’enfant de mon fils», confie la mamie (qui refuse qu’on l’appelle grand-mère).
Quatre enfants à la maison… pendant huit semaines non-stop. C’est du sport non ? Ashtrinee Seebarat ne dira pas le contraire. Kenisha, 13 ans, Kishtee, 12 ans, Arnav, 10 ans, Vihana, 7 ans ; quatre rayons de soleil, quatre amours, quatre caractères, quatre rythmes… Mais leur maman a tenu le coup ! Et préfère voir «the blessing in the situation» : «Je travaille loin. Et si j'avais voulu passer autant de temps avec eux, j’aurais eu à prendre une vacation. Alors c’est une bénédiction… même si ce n’était pas du repos», confie celle qui a repris le chemin du travail vendredi, laissant ses merveilles un peu dépités. «Zot figir inn bien ramase.»
Surtout que le confinement avait pris des allures de marathon du nana, avec maman comme réalisatrice du film de toutes les envies gourmandes : «C’était la première question de la petite, tous les matins : qu’est-ce qu’on va manger ? Chacun avait ses envies, sa commande, je passais mon temps en cuisine. Gato pou trwa zer, gato pou deser…» Pour meubler les heures, il fallait faire preuve d’imagination. Il y avait l’école via la télé, des jeux de société, des activités en ligne avec Out of Living, «du yoga, des crafts, par exemple», des séances de jardinage ou des activités anvol servolan. Des moments pour chaque enfant : «En cuisine, par exemple.» Des partis de UNO, surtout avec la plus petite : «Il faut tout laisser tomber pour jouer avec elle, sinon elle boude, elle pleure.» Une maman partout, une maman essentielle…
Pour le maintien de la discipline, pas de gros souci en confinement : «Ce sont de bonnes filles. Les deux grandes, pas de problème.» La gestion des querelles pour les deux petits, ce n’était pas très compliqué : «Ils sont complices mais parfois il y a des petits soucis à cause de la télé, de l’utilisation du remote control. Dans ce cas-là, je ramasse tout et on va prendre un peu l’air.» De ces huit semaines, Ashtrinee Seebarat le sait, elle conservera des souvenirs à garder tout près de son cœur, pour toujours.
Ambiance familiale garantie ! Chez les Armance, c’est la fête. «Nous sommes dans la joie !» confie la maman de neuf filles. Si quatre d’entre elles ne vivent pas actuellement chez elle et son époux Alain, les cinq autres sont là, certaines sont avec leur mari et leurs enfants. Il faut aussi compter la belle-mère, le beau-père, les beaux-frères et la maman de Mireilla ; en tout, 22 personnes vivent ensemble dans cette cour familiale qui se trouve dans l’est de l’île. Et depuis le début du confinement, c’est entraide, fous rires et moments inoubliables. Le matin, chacun la débute à son rythme. Puis vient l’heure du déjeuner, rendez-vous à 11h30 sonnante : «Ceux qui doivent cuire sont dans la cuisine, les autres jouent aux dominos, aux cartes…»
Eh oui, pour la tambouille, il y a un roster : «Chacun son tour ! On en discute à l’heure des repas. Au déjeuner, pour le dîner. Au dîner, pour le déjeuner. Parfois, nou organiz enn ti gajak tou.» Ce qui ne change pas, par contre, ce sont les jeux de société qui rythment les soirées : «Toulezour kot nou se la fet. Loto, cartes… Parfois, jusqu’à 2 heures ou même 3 heures du matin. Nou zwe miz, seki perdi al fer vesel, pas mop, pas balie.» Cette communauté familiale a permis de survivre au lockdown, surtout quand les supermarchés ont brutalement fermé leurs portes : «Nous avions tous un peu de provisions. Nous avons décidé de tout mettre ensemble pour nous en sortir. On fait un kari poul ? Sakenn amenn so bout poul. Si on ne l’avait pas fait, kitfwa a enn moman pa ti pou ena manze.» Au début, raconte-t-elle, le marchand de pain ne passait plus. En réunissant les baguettes achetées et placées dans le congélo, il y en avait 30 : «Tou le gramatin, nou tir dipin nou pas dan four nou partaze. Pa ti ena swa.»
Pour les courses (la tribu n’a eu besoin d’aller au supermarché que deux fois), c’est Mirella et Alain qui s’en chargent et les frais sont partagés. La gestion des enfants ? C’est pareil : «Ils sont tous en bas âge, niveau maternel. Sauf pour un. Alors quand c’est l’heure de l’école, tout le monde s’assoit, on leur montre les alphabets sur des bristols, nous faisons des activités. C’est une sacrée organisation.»
Mais c’est aussi, et surtout, une joie immense, confie Mireilla… Enn bel fet !
Publicité