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Par Yvonne Stephen
21 avril 2020 01:19
Cette habitante de Surinam a accouché de sa petite princesse en plein confinement ; une expérience qu’elle raconte.
«Aura Leonie Allegaree est née le 31 mars à 5h27. En plein confinement. Heureusement, tout s’est bien passé : j’avais tellement peur du virus, de l’hôpital qui est un endroit à risques en termes de contamination. Je devais accoucher le 3 avril, donc tout était déjà préparé. La veille de mon accouchement, j’ai commencé à avoir des contractions aux alentours de 10h30, j’ai tenu bon. Puis, vers minuit, c’est devenu ingérable. J’ai appelé le SAMU et l’équipe médicale est venue me chercher. Je suis arrivée à l’hôpital de Rose-Belle, on m’a mis du sérum et j’ai accouché quelques heures plus tard. Ma fille était en pleine forme, j’étais rassurée. J’ai un premier enfant, un fils de 6 ans, et ce qui me stressait le plus, à ce moment précis, c’était que j’avais entendu dire que je n’aurais pas droit aux visites. Heureusement que mon mari a pu me voir. Il n’a pas pu rester longtemps mais c’était déjà ça. Surtout que le mercredi, j’ai eu ma décharge et j’ai pu rentrer à la maison. En ce moment, nous sommes chez nous, nous n’avons reçu aucune visite. Je préfère que ça soit comme ça ; après la levée du lockdown, on verra bien. La santé de mon enfant est ma priorité. Si j’avais un conseil pour les femmes qui vont accoucher incessamment, c’est le suivant : préparez-vous bien ! En entendant dire que je n’aurais pas de visite, j’avais prévu un sac de plus avec un peu plus de tout ce qui est nécessaire si jamais je restais plus longtemps. N’oubliez pas votre masque et vos gants. Nous avons besoin de nous protéger, nous, et l’enfant que nous attendons. Et il vaut mieux s’abstenir de recevoir des visites.»
C’est son premier enfant ! Et cette habitante de Vacoas attend la délivrance avec impatience.
«Quand j’ai appris qu’il y avait le lockdown, j’étais complètement paniquée ! Je n’avais rien acheté pour le bébé, j’attendais la fin de mars pour le faire. Heureusement qu’à travers l’aide de personnes sur Facebook, j’ai pu me procurer tout ce dont j’avais besoin : berceau, vêtements, couches… Je peux accoucher plus ou moins sereinement ce mardi. Mon fils va arriver par césarienne dans une clinique à Curepipe. J’ai hâte que ça arrive, les derniers jours sont difficiles ; la fatigue, les douleurs. Je suis quand même à 37 semaines ! Durant ces dernières semaines, je ne suis sortie qu’une fois : pour aller à mon rendez-vous à l’hôpital de Candos. C’était stressant. J’ai appelé pour savoir si je devais m’y rendre : on m’a expliqué que c’était nécessaire parce que ma grossesse était presque à terme. Je trouvais que c’était dangereux mais il le fallait bien. Je me suis bien équipée : masque, gants, sanitizer. Heureusement que tout s’est bien passé, il n’y avait pas grand monde. Je crois qu’il n’y avait que trois femmes enceintes.»
Cette habitante de Tamarin attend son deuxième enfant dans la bonne humeur !
«Je suis enceinte de quatre mois. Je suis donc allée à un premier rendez-vous chez le gynéco. Mais depuis, je ne suis pas sortie. Si le confinement va au-delà du 4 mai, il faudra bien que j’y aille. Pour l’instant, j’attends sans trop m’inquiéter ; je ne suis pas de nature angoissée ! Et je suis déjà maman d’un enfant de 5 ans. En plus, en ce moment, il faut être au calme. Il faut que l’enfant sorte non ? De toute façon, ça doit se passer comme ça. C’est inutile de se mettre dans tous ses états ! Mais je pense que si j’accouchais là, maintenant, je n’aurais pas pu éviter d’être stressée. Des amies ont eu leur enfant, ces dernières semaines, et il y a un nouveau protocole dans les cliniques : le mari ne peut pas être présent dans la salle de travail ou alors dans les toutes dernières minutes. Je ne suis pas sortie depuis le début du confinement, je suis en famille chez mes parents. Seuls mon mari et ma sœur sortent pour acheter les choses essentielles. Nous avons fait beaucoup appel aux livraisons, également, avec les gens du quartier. Je me sens en sécurité. Ce qui m’inquiète le plus en ce moment, ce n’est pas ma grossesse, c’est le travail, ce sont les finances ! D’ailleurs, quand je vais reprendre le boulot (je bosse dans le domaine de la construction), je vais faire attention. On va éviter les contacts et je ne vais pas me précipiter dans les supermarchés !»
Elle attend son premier enfant, est enceinte de 8 mois, habite Plaine-Magnien et accouchera en mai.
«Je suis enceinte de huit mois. Et c’est mon premier enfant. Le bébé va bien. Il bouge. Mais c’est vrai qu’à l’annonce des premiers cas de Covid-19 à Maurice et du lockdown, j’ai eu beaucoup d’angoisse. Je pense que ça se passait dans ma tête ; je ressentais tous les symptômes. Ensuite, j’ai pu me calmer. Ce n’est pas le moment pour moi d’être trop stressée. Je suis ma grossesse au dispensaire et chez un médecin privé. À 32 semaines, il me fallait me rendre à l’hôpital mais j’ai préféré éviter. D’ailleurs, quand j’ai appelé, on m’a dit de venir uniquement si j’avais des douleurs, si je ne me sentais pas bien. J’essaie de rester calme mais c’est vrai que je stresse quand même : c’est effrayant. Même le personnel de santé est testé positif au virus. Je devais accoucher à l’hôpital mais finalement, j’ai pris la décision d’aller en clinique. Ça me rassure. Et puis, j’ai mon assurance qui me couvre, donc ça va. En attendant mon accouchement, je ne vais nulle part. Je ne travaille pas non plus de la maison. Mon employeur a préféré me mettre en congé au vu de ma grossesse avancée. À la maison, ceux qui sortent pour nous ravitailler vont directement sous la douche quand ils rentrent. Nous prenons toutes les mesures de précautions nécessaires. Et puis, il y a les groupes sur Facebook, où je peux poser des questions aux médecins ; je suis en contact avec deux gynécologues via WhatsApp. Les femmes enceintes de l’île y partagent des informations, leurs expériences et leurs inquiétudes. C’est bien de ne pas se sentir isolée.»
Elle préfère garder l’anonymat pour des raisons qui lui sont propres. Mais la jeune femme tient à partager son histoire…
«Je suis enceinte de 22 semaines. Et j’ai peur. Depuis le mois de février, j’ai de la toux. Ce n’est que maintenant que ça va un peu mieux : je n’ai pris que des remèdes de grand-mère pour ne pas faire de mal à mon bébé. Parce que ça fait trois années consécutives que je fais des pertes, que je n’arrive pas à mener ma grossesse à terme. Cette fois, je me disais : c’est bon ! J’étais heureuse et maintenant, voilà que ce foutu virus est arrivé. J’avais mon rendez-vous le 2 avril à l’hôpital, j’ai appelé et on m’a dit que c’était mieux que je ne me déplace pas ; tant que le bébé bouge, tout va bien.»
En temps normal déjà, cette période de la vie d’une femme s’accompagne de stress et d’angoisse. On ne peut qu’imaginer le tourbillon d’émotions en mode Covid-19 et confinement. Mais le Dr Yasheel Aukhokee rassure : «Pour les grossesses qui sont à terme ou presque à terme, il est conseillé que les patientes ne manquent pas leur suivi médical. Durant leur visite, le spécialiste s’assurera que le bébé va bien et décidera de la méthode d’accouchement. S’il a lieu à l’hôpital, je vous conseille d’appeler le médecin qui vous suit ou alors la hotline (8294). Vous obtiendrez des réponses. N’oubliez pas de prendre les mesures de protection qui s’imposent : le social distancing, le masque et le lavage des mains.» Pour un soutien à travers les réseaux sociaux, rejoignez ce groupe, Facebook : Pregnancy & Newborns during Coronavirus of Mauritius.
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