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Par Elodie Dalloo
13 août 2024 13:41
Le monde des motards est à nouveau en deuil. Il y a tout juste un mois, soit le samedi 13 juillet, ces amoureux de grosses cylindrées pleuraient la disparition soudaine et tragique d’un de leurs «frères» : Ashwan Sookaye, 37 ans, qui n’a pas survécu après avoir été balayé par un chauffeur de camion ivre sur l’autoroute à hauteur de Phoenix. Un memorial ride a été organisé pour lui rendre hommage le samedi 27 juillet ; une initiative de la HOG Mauritius Island Chapter, en partenariat avec plusieurs autres clubs de moto. Parmi les participants figurait Niraj Chatreejee, plus connu sous le nom de Vijessen, membre du Knightriderz Moto Club. Véritable coup du sort, cette virée symbolique aux côtés de la communauté de bikers a été sa dernière. Le dimanche 4 août, il a été victime d’un accident à quelques mètres de chez lui à Belle-Terre, Phoenix. Grièvement blessé à la tête, il a été conduit à l’hôpital mais a malheureusement poussé son dernier soupir le lendemain ; un départ qui plonge ses proches ainsi que ses amis motards, dans un profond désarroi.
Chez la famille Chatreejee, le temps semble s’être arrêté. Ainé d’une fratrie de trois garçons, Vijessen aurait célébré son 30e anniversaire ce jeudi 8 août. Un mois plus tôt, relate son père Gangaram, «il avait réalisé l’un de ses plus grands rêves et s’était offert une moto». Tristement, c’est à bord de cette même moto qu’il a participé à son dernier ride pour rendre hommage à son ami et c’est aussi sur cette grosse cylindrée qu’il se trouvait lorsqu’il a, à son tour, été victime d’un accident. Les faits se sont produits le dimanche 4 août, dans la journée, alors que le jeune homme était sur le point de rentrer chez lui après avoir rendu visite à un ami. Le conducteur d’une fourgonnette de la compagnie Brinks a fait un brusque virage devant son deux-roues et n’a pu l’éviter. Après le choc de l’impact, Vijessen a été projeté violemment sur l’asphalte et a subi de graves blessures à la tête. Il a été conduit à l’hôpital Victoria, à Candos, mais est décédé le lendemain. L’autopsie pratiquée par le Dr Seewooruttun, médecin légiste de la police, a attribué son décès à des cranio cerebral injuries.
L’entourage de Vijessen raconte que son amour pour les véhicules s’est manifesté dès son plus jeune âge. «Il était vraiment passionné par tout ce qui avait des roues ; que ce soit des voitures, des vélos ou des motos, même s’il a toujours eu une préférence pour les grosses cylindrées», lâche sa cousine Anshika. Bricoleur dans l’âme, cela n’avait été une surprise pour personne lorsqu’il a choisi de suivre des cours de mécanique à l’Industrial and Vocational Training Board (IVTB) pour en faire son métier. Débrouillard et ambitieux, il travaillait comme mécanicien à son propre compte. «Il s’occupait lui-même des réparations qu’il avait à faire sur sa moto», relate fièrement son père Gangaram. Décrit comme «un bon vivant», chacun se souvient de lui comme d’ «une personne joviale, de nature calme. Li pa ti enn dimoun ki pou al diskite ou ki pou al donn so fami traka». Hormis sa passion pour les deux-roues, Vijessen était également un amoureux des animaux. Il considérait ses trois chiens comme des membres de sa famille et se faisait une joie de s’en occuper tous les jours.
Très actif du Knightriderz Moto Club, Ajmeer, le Team Leader, se dit profondément attristé par le brusque départ d’un autre membre de leur communauté. «Nous avons perdu Eric Guimbeau, puis Aswan Sookaye, ensuite le motard de la police décédé à FUEL, et là Vijessen. Li pa fasil ditou perdi sa kantite dimoun-la.» Même si les motocyclistes restent les plus vulnérables sur nos routes, il précise que «ceux qui roulent la moto ne sont pas toujours les responsables lorsqu’un accident survient. Je publie régulièrement des vidéos sur ma page Facebook où je démontre à quel point d’autres usagers de la route peuvent être imprudents. Tou dimoun bizin kapav ko-opere pou ki pena lot viktim». Il fait ressortir qu’en 2018, un autre membre de leur communauté a perdu la vie à l’âge de 18 ans et le responsable était un chauffeur opérant pour la même compagnie. «Li vre ki bann motosiklist ki desede pli souvan dan aksidan, me bizin konn analiz bann sirkonstans-la. L’imprudence est partout.» Une enquête a été initiée afin de faire la lumière sur les circonstances exactes de cette tragédie. A ce stade, la police a procédé à l’arrestation du conducteur de la fourgonnette impliquée, qui est âgé de 24 ans. Il fait l’objet d’une accusation provisoire d’homicide involontaire.
Ce qui manquera le plus à Ajmeer, ainsi qu’à tous ceux ayant côtoyé Vijessen, c’est «sa bonne humeur. Li ti toultan bien sourian. Se limem ki ti pli kontan pran nisa, badine. Sa pou mank nou boukou. Li les enn gran vid. Sa fatig nou a tel pwin ki li pa fasil pou repran guidon ankor». Il relate qu’ «au sein de notre groupe, il faisait partie des motards qui avaient la meilleure expérience du ride. Il maniait très bien la moto et était toujours prudent. Lorsqu’il a rejoint notre groupe, il ne connaissait pas encore l’importance de porter équipement de protection. Au fil des années, il est devenu bien plus consciencieux. D’ailleurs, le jour de son accident, il portait sa combinaison en cuir». Il regrette que le jeune homme ne sera pas en mesure de concrétiser ses nombreux projets. «Li ti pe anvi fer progre. Li ti dir nou li anvi aste enn terin, organiz so mariaz ek stabiliz li dan so travay.» Notre interlocuteur se dit tout de même fier «ki linn kapav realiz enn parmi so bann pli gran rev. Li ti touletan anvi aste sa moto-la». Emu, il poursuit : «Li difisil kan nou mazinn tousala, ki linn ale lor sa moto lamem akoz enn sofer ki pann fer atansion. Si li ti get bien, Vijessen ti pou ankor parmi nou. Zordi, noun perdi enn kamarad, enn fami perdi so zanfan.»
Plusieurs membres de la communauté des bikers étaient présents le jour de ses funérailles, le mardi 6 août. C’est au son du rugissement de grosses cylindrées que Vijessen a rejoint sa dernière demeure.
Il a connu une triste et tragique fin. Aux alentours de 19 heures, le 3 août, les limiers du poste de police de Curepipe ont été informés d'un accident survenu aux abords de la rue George Guibert, dans la localité. Un piéton qui marchait du côté gauche de la route, en direction de Floréal, avait été renversé par une voiture. Il a été grièvement blessé à la tête après sa chute. Lorsque le personnel du Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) est arrivé sur les lieux, il n'a pu que constater son décès. Vu qu'il n'avait pas de pièce d'identité sur lui, son identité n'a pu être établie immédiatement. Entretemps, le corps sans vie a été transféré à la morgue de l'hôpital Victoria, à Candos, pour une autopsie. Celle-ci a été pratiquée par le Dr Maxwell Monvoisin, médecin légiste de la police, et a attribué le décès de la victime à une aspiration of blood. Ce n'est que le mardi 6 août qu'un membre de sa famille a pu identifier le corps. La victime est un dénommé Vinay Poorun, un habitant de Curepipe âgé de 39 ans. Par ailleurs, le conducteur de la voiture impliquée – un Finance Officer de 30 ans domicilié à Floréal – a été soumis à un alcootest, qui s'est avéré négatif. Il a été appréhendé et a comparu devant le tribunal sous une accusation provisoire d'homicide involontaire. Une enquête a été ouverte afin de faire la lumière sur les circonstances de ce drame.
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