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VIKRAM HURDOYAL OUT ! - Kris Valaydon, observateur politique : «Le MSM devra revoir ses plans»

18 février 2024

La révocation de Vikram Hurdoyal interpelle à bien des niveaux, tout comme le silence qui entoure ce départ. Quelle est votre analyse de la situation ?

 

Cela démontre que l’élite politique a sa propre définition du terme responsabilité dans la gestion des affaires publiques et de l’État, tout comme de la considération qu’elle doit à la population. Le silence est révélateur. On a l’impression qu’ils se moquent éperdument du peuple, décident de ce qui leur convient en termes de démarche politique, mais ignorent la responsabilité qu’ils se doivent d’assumer en tant qu’élu.
Le Premier ministre et Vikram Hurdoyal ont une obligation vis-à-vis du peuple parce que les positions qu’ils occupent sont du domaine public. Ils sont payés pas l’argent du contribuable, sont les représentants du peuple et leurs agissements sont publics. Il ne s’agit pas d’une affaire de famille ou d’un parti politique, mais d’une affaire d’État qui intéresse le citoyen mauricien envers qui ils ont le devoir de rendre compte de leurs actes. Le citoyen n’a que faire des coups de tête personnels, des impulsivités ou des considérations partisanes. Le pouvoir qu'ils se sont arrogés de gouverner nos vies les oblige à donner la considération nécessaire au peuple en l’informant des décisions qui affectent l’État mauricien. C’est, du moins, la pratique et la philosophie qui devraient guider un pays qui se veut démocratique.

 

Quel impact peut avoir, à votre avis, le départ de Vikram Hurdoyal, qui était une figure politique populaire dans sa circonscription, sur le gouvernement ?

 

Il grappillera évidemment des votes du MSM s’il tente de faire cavalier seul, mais pas suffisamment pour remporter une élection à titre d’indépendant. Il sera définitivement une nuisance compte tenu de sa popularité. Puisque, peu importe la raison d’une mise à pied, révoquer quelqu’un de populaire, c’est aussi révoquer de sa liste d’électeurs un nombre conséquent de sympathisants qui vont continuer à le soutenir.

 

Selon vous, quelles seront les probables conséquences de ces événements sur l’échiquier politique et au sein du MSM ?

 

Les autres partis politiques qui se préparent à affronter les élections générales vont devoir rectifier leur calendrier de campagne. Ils vont devoir accélérer et intensifier leurs actions sur le terrain. Ils vont, dans un premier temps, pouvoir capitaliser sur la révocation, mais ce sera de courte durée. L’effet de la révocation elle-même va passer, mais peut-être pas les secousses au niveau de l’électorat, surtout des sympathisants d'Hurdoyal. Ils vont sûrement concentrer leur attention sur ces conscriptions de l’Est où celui-ci avait sa popularité. Par exemple, s’il décide de poser sa candidature dans la même conscription, c’est sûr que cela va affecter le MSM au bénéfice de ses adversaires. La manière dont il a été révoqué sera fortement utilisée par les adversaires du MSM pour agrémenter et renforcer leur campagne contre le parti au pouvoir. Le MSM, qui est déjà en mode campagne électorale, devra revoir ses plans, car il ne s’attendait pas à qu'un couac vienne bouleverser son calendrier de campagne.

 

Le Premier ministre a annoncé des élections partielles dans la circonscription no10 alors que les élections générales ne sont pas loin. Quelle tactique va adopter Pravind Jugnauth à votre avis ?

 

Je ne pense pas que c’est lui qui a décidé de la démission du député Hurdoyal, qu’il savait exactement ce qu’il faisait en le révoquant. Je ne pense pas, non plus, qu’il voulait provoquer une élection partielle. On peut penser, puisqu’il est le seul maître à bord à décider de la date des élections, que cette démission ne change rien à ses plans puisqu’il avait déjà ses calculs. Sauf que dans son discours, il ne pourra plus dire qu’il peut aller jusqu’au mois de mai pour les élections générales. Je crois qu’il ne peut pas faire autrement que de dire qu’il y aura des élections partielles. Le contraire nous aurait choqués, car cela voudrait dire que l’Assemblée nationale sera dissoute avant octobre et que les élections auront lieu avant la fin de l’année. Il ne prendra pas le risque d’aller jusqu’à l’année prochaine pour l’organisation des élections générales parce que comme tout Premier ministre, il va surfer sur une vague de popularité qu’il jouit à une certaine époque pour organiser les élections générales, vague qui devient aléatoire s’il repousse jusqu’à la date butoir.



What’s next now ? Quelle stratégie va adopter le gouvernement ?

 

La démission du député change quelque peu la donne au niveau du gouvernement en termes de communication. Pendant les jours à venir, il y aura comme une charge additionnelle à expliquer, à répondre aux questions sur la démission du député. Le PM va essayer de procéder comme il avait l’intention de faire en continuant avec ses inaugurations, ses sorties, tout en sachant que maintenant la date des élections générales s’est rapprochée de manière beaucoup plus concrète puisqu’il va être obligé de dissoudre le Parlement bien avant novembre pour que l’élection partielle n’ait pas lieu.

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