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Vishal Kawal, qui gère la page Mauritius Cyclone Updates : «On doit s’attendre à la venue d’autres cyclones près de nos côtes»

23 janvier 2024

En tant que passionné de météorologie très actif sur les réseaux sociaux, comment avez-vous vécu ces derniers jours avec Belal dans nos parages ?

 

Ces derniers jours furent très éprouvants. Pour beaucoup, le suivi cyclonique se résumait à suivre un cyclone sur windy, mais ce n’est pas le cas pour un passionné de météo. Le suivi débute plusieurs jours avant, parce qu’on doit étudier et comparer les différentes sorties des modèles numériques, de même que vérifier les données météo en temps réel. C’est ainsi qu’on arrive à déchiffrer ces données brutes et à les traduire en langage simple, pour les expliquer au public à travers les réseaux sociaux. En effet, en tant qu’amateurs de la météo, nous faisons l’analyse des données et non pas des prévisions qui sont plus du ressort des experts et météorologues. Mais ce n’est pas une corvée, bien au contraire. C’est à travers cela qu’on apprend et qu'on gagne en expérience, tout en découvrant quelque chose en plus sur les cyclones à chaque saison.

 

Quelles leçons faut-il retenir du passage de Belal ?

 

Le passage de Belal fut une piqûre de rappel pour nombre de Mauriciens. Il est navrant de voir que la population a la mémoire courte. On oublie les dégâts qu’un cyclone peut causer à travers la pluie très rapidement. Les gens ne se préoccupent que du vent. Malheureusement, tout passionné de météo sait que le plus grand danger d’un cyclone nous vient de la pluie. Ceci est aussi mis de l’avant par l’Organisation mondiale de météorologie. Malheureusement, ici, à Maurice, notre système d’alerte ne prend que le vent en considération et pas la pluie. Cela peut être lourd de conséquences. En effet, en avril 2018, le cyclone Fakir a causé la mort de deux personnes à la Réunion à cause de la pluie qui a provoqué un glissement de terrain. Un jeune couple fut enseveli dans sa propre maison. Depuis, le système d’alerte prend en considération la pluie et une alerte rouge, équivalent à notre alerte 3, est émise en cas de menace de pluie cyclonique même s’il n’y a pas de risque de rafales cycloniques. Sachant que Maurice est très vulnérable à la pluie, l’épisode Belal à Port-Louis ce lundi 15 janvier en est l’exemple. À quand une telle mise à jour pour nous ? Ça pourrait sauver des vies ! 

 

Comment s’annonce la suite de la saison cyclonique. Faut-il s’attendre à revivre la même chose dans les prochaines semaines ?

 

Cette saison cyclonique est sous le signe d’El Nino. El Nino est un événement naturel cyclique – chaque 3 à 7 ans – qui réchauffe la mer dans le pacifique et l’océan Indien. Il a pour conséquence de retarder la formation des cyclones sur notre bassin et de concentrer leur formation en cœur de saison, de janvier à avril, et cela, près des îles Mascareignes, comme ce fut le cas pour Belal. Ainsi, on doit s’attendre à la venue d’autres tempêtes et cyclones près de nos côtes cette saison. L’activité cyclonique pour ce mois de janvier 2024 est loin d’être terminée et les deux prochaines semaines vont sûrement voir la formation d’autres cyclones à proximité des Mascareignes. De ce fait, il est vivement conseillé à la population de se préparer et de faire de sorte que leurs habitations soient préparées à d’autres épisodes pluvieux à venir pour ces trois prochains mois d’été restants.

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