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Par Yvonne Stephen
30 janvier 2023 18:16
Nous avons posé ces questions à deux passionnés du temps : Rakesh Narain de Meteo Hub (https://bit.ly/metmhub) et Intish Howlodhur de la page METEO-Intish Howlodhur (https://bit.ly/intish), qui informent les réseauteurs.ses sur les nouvelles du ciel depuis Facebook. Pour ce dernier, il n’y a pas de doute, les Mauritius Meterological Services (MMS) étaient sur la bonne voie… jusqu’à jeudi (26 janvier) : «Quand ils ont enlevé toutes les alertes, c’était un problème. Pour moi, à 5 heures du matin, il aurait fallu que nous soyons en heavy rainfall watch, puis à 10 heures, en heavy rainfall warning, avant de passer à l’alerte de pluies torrentielles. C’est comme si on était passé, en période cyclonique, de la classe 3 à la classe 4, uniquement en trois heures.»
Il faudrait donc voir plus loin que le petit bout de nuage. Prévoir, anticiper et prendre les bonnes décisions, explique Rakesh Narain : «La météo aurait pu mieux faire. Depuis la semaine dernière, nous savons que notre atmosphère est humide et instable, et que ces conditions favoriseront la formation de nuages actifs dans notre région. Elle doit pouvoir anticiper et non pas juste se baser sur des critères écrits sur un papier.» Pour lui, une vision d’ensemble est nécessaire : «On sait que les averses ont saturé le sol depuis la semaine dernière et qu’à la moindre nouvelle averse, le risque de montée des eaux est plus important. Nous l’avons mentionné sur notre page Meteohub Mauritius depuis lundi dernier.»
Le nouveau système d’alerte (concernant les pluies) a-t-il montré ses limites ? Pour Intish Howlodhur, ce n’est pas forcément le cas. C’est la mise en pratique qui a posé problème : «Si on n’avait pas passé outre différents niveaux de veille et d’alerte, peut-être que nous aurions vu si le système fonctionnait. Peut-être que c’était la première fois en situation réelle et que ça a créé un peu de confusion.» Rakesh Narain, de son côté, a un avis beaucoup plus tranché. Le système, selon lui, n’a pas fonctionné, surtout pour l’alerte de fortes pluies : «Le critère de 25 mm en 30 minutes ne suffit pas. Un avis de fortes pluies ne doit pas seulement signifier que nous sommes ou seront concernés par des fortes pluies mais que les averses attendues pourront représenter une menace pour la population par rapport aux récentes averses qui ont déjà affecté le pays.»
Les critères ne peuvent pas être uniquement météorologiques : «Il n’est pas possible de se baser que sur le présent et sur ce qui nous attend (le futur) mais il faut pouvoir analyser les conditions du passé récent et leur impact.» C’est pour cela, estime-t-il, qu’il est essentiel que les MMS et le National Disaster Risk Reduction and Management Committee se décident à collaborer pleinement et «plus sérieusement» : «Je pense que la station météo de Vacoas a toutes les informations et les analyses météorologiques au niveau de notre atmosphère surtout mais pas forcément de la situation sur le terrain dans différentes régions de l’île. Je parle précisément de la saturation du sol ou des rivières présentant déjà des risques de débordement.»
Un échange d’informations primordial car les nouvelles du terrain représentent des données essentielles : «Je pense que si la station météo de Vacoas avait eu des informations du terrain et que les prévisions indiquaient le risque de voir la formation de nuages actifs à tout moment (puisque notre atmosphère est humide et instable), en émettant son bulletin, elle aurait eu de quoi mieux prévenir des possibles dangers. De ce fait, elle aurait pu émettre un avis de fortes pluies, surtout sachant que nous étions en jour de semaine et qu’il y avait école.»
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