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Deux cousines décèdent à huit jours d’intervalle après un accident à moto

Anderny et Melissa, inséparables dans la vie, unies dans la mort

20 avril 2025

Le lien qui les unissait était indéfectible. Complices et protectrices l’une envers l’autre, Anderny Moutou, 20 ans, entretenait une relation fusionnelle avec Melissa Belcourt, 23 ans, l’épouse de son cousin, qu’elle considérait comme sa grande sœur. Le mardi 8 avril, alors qu’elles circulaient à moto, celle-ci a été renversée par un van. Si la plus jeune a succombé à ses blessures quelques heures après le drame, huit jours plus tard, soit ce mercredi 16 avril, la seconde s’est éteinte à son tour, plongeant leurs deux familles dans une tristesse infinie. Le cœur brisé, les membres de leur entourage témoignent.

«Elles étaient bien plus que deux cousines ; elles étaient comme des sœurs.» Tous ceux ayant connu Melissa Belcourt, 23 ans, et Anderny Moutou, 20 ans, l’affirment. «Kot ena Anderny, bizin ena Melissa deryer. Kouma Anderny sonn li, Melissa al get li. Sak fwa Melissa ti pe dir “sa mo Anderny sa, mo bizin protez li”», répètent inlassablement les membres de leur entourage en décrivant la relation fusionnelle et complice qui existait entre ces deux jeunes femmes, qui s’adoraient. Victimes d’un accident de la route à la gare du Nord le mardi 8 avril, elles ont été grièvement blessées. Et Anderny a été la première à s’éteindre, quelques heures seulement après la tragédie.

Huit jours plus tard, alors que leurs proches se demandaient encore comment survivre à une si douloureuse épreuve, un autre malheur est venu enfoncer le couteau dans leurs plaies toujours béantes. Hospitalisée dans un état critique jusqu’ici, c’est sur la pointe des pieds que Melissa a quitté ce monde à son tour, anéantissant le maigre espoir qu’avaient gardé les membres de sa famille d’entendre résonner son rire à nouveau. Melissa était une jeune femme avec un cœur en or, particulièrement avec ceux qu’elle affectionnait. Lorsqu’elle a fait la connaissance d’Anderny, la cousine de son époux Jason, il y a quelques années, celle-ci est devenue sa petite protégée. «Zot ti parey. Sete koumadir zot ti fer pou zwenn. Elles étaient vite devenues inséparables.» Melissa ne lui refusait aucun service et répondait toujours présent en cas de besoin. À l’instar du mardi 8 avril, tôt dans la matinée, où elle n’a pas hésité une seconde lorsque sa «sœur de cœur» lui a demandé de la conduire chez sa mère.

Ses parents étant séparés, Anderny faisait régulièrement le va-et-vient entre le domicile de son père, à Terre-Rouge, et celui de sa mère, à Chebel. «Pour des raisons que j’ignore, elle ne m’a pas demandé de la ramener. Ma fille était sortie très tôt pour aller récupérer les clés de la maison avec sa mère avant que celle-ci ne se rende au travail. J’ai, par la suite, appris que Melissa l’y conduisait et qu’elles ont été victimes d’un accident en chemin», relate son père Billy, le cœur brisé. C’est à hauteur de la gare du Nord, aux abords de la rue Louis Pasteur, qu’a eu lieu la collision, peu avant 8 heures. Le deux-roues sur lequel se trouvaient les deux jeunes femmes a été renversé par un van, les blessant grièvement au passage.

Le père et le frère d'Anderny tâchent de rester forts malgré leur immense chagrin.

À chaque fois qu’il y repense, son cœur se serre. Billy se rappelle encore du moment où une proche est venue lui annoncer la terrible nouvelle. «Monn fer tou pou so granmer pa kone ek monn pran mo garson monn sorti. Kan monn ariv Porlwi, lapolis ti ankor sirplas, me monn kontign mo sime monn al direk lopital.» Lorsqu’il a été s’enquérir de la situation auprès des policiers rencontrés dans l’établissement, c’est après beaucoup d’hésitation qu’ils lui ont répondu que sa fille était dans un état critique puisque «larou van-la inn lor li». Ils lui ont ensuite demandé de patienter, le temps que les médecins s’occupent d’elle.

Inconsciente, Anderny avait dû être placée sous respiration artificielle. Un peu plus tard, un infirmier est venu à leur rencontre avec une nouvelle qui a bouleversé leur existence. «Il nous a expliqué qu’elle avait fait un arrêt cardiaque et qu’ils avaient pu la réanimer une première fois. Après un x-ray, peu après qu’elle a été conduite au département des soins intensifs, elle a poussé son dernier soupir. Ils disent avoir tout tenté pour lui sauver la vie mais que, cette fois, elle ne s’est pas réveillée.» La cause du décès a été attribuée à une rupture of liver and spleen. «Mem si lanbilans ti vinn vit apre so aksidan, li pa ti pou sirviv. So bann organn ti fini andomaze. Sa finn tous mwa terib ; enn sel tifi mo ti ena. Monn perdi plis ki lor. Mo pa fini mazine ki li ti pe dir mwa ki plitar, li pou fer mwa aret travay ek met mwa dan enn gran lakaz, ki nou pou rest ansam», lâche Billy avec une tristesse indicible.

Grand regret

Sa fille, dit-il, «ti koumadir larenn dan lakaz» tant elle était choyée et chouchoutée par les membres de la famille. Ses parents refusaient même qu’elle travaille, du moins, pour le moment. «Kan li ti pe vinn rest kot mwa, se limem ki ti pe prepar enn ti manze kan mo sorti travay. Li ti bien debrouyar.» La jeune femme, dit-il, était un véritable rayon de soleil : «Mo ti fini kone kan linn vini ; tou bann zanfan ki rest pre ti pe vinn lakaz. Elle était tout aussi appréciée par ses aînés.» D’ailleurs, le jour de ses funérailles, qui se sont tenues le mercredi 9 avril, «legliz-la ti plin ; dan lakour ousi ti nepli ena plas pou marse telma li ti popiler».

Il s’émeut lorsqu’il repense à la dernière fois que toute la famille s’était réunie à l’occasion de l’anniversaire de Wayne, le petit frère d’Anderny, à la fin du mois de mars. «Nous nous étions rendus à La Cambuse. Nou ti prepar manze, bwar. Depuis, elle me répétait que lorsqu’elle célébrerait le sien, en juillet, nous devrions nous rendre à Blue-Bay.» Son plus grand regret, en revanche, est de pas avoir pu faire le tour de l’île à moto avec elle ; une sortie qu’ils avaient prévue pour ce week-end de Pâques. Très bientôt, Anderny devait prendre l’avion pour se rendre chez des proches en France. Elle avait même déjà acheté sa valise. Mais c’est finalement son frère qui s’envolera pour l’étranger ce lundi 21 avril, l’occasion pour lui de se changer les idées après ces moments difficiles.

La douleur est tout aussi intense pour les membres de la famille de Melissa, qui continuaient d’espérer la voir récupérer après cette violente collision. «Kan nounn gagn nouvel so aksidan, sete enn sok. Dokter ti pe dir nou so leta stab. Nou ti sir ki li pou bien. Toulezour nou ti pe al get li avek enn gran lespwar ; nou ti mem ena linpresion ki nou pe trouv li bouze. Nous avons voulu y croire jusqu’au bout. Nous avons énormément prié», confient ses sœurs aînées, Dyana et Daniella. Hélas, ses atroces blessures, particulièrement à la poitrine, ont eu raison d’elle ce mercredi 16 avril.

La belle-soeur et la soeur de Melissa avaient gardé l'espoir qu'elle finisse par se remettre.

Bien que très peinées, elles ont choisi d’accepter cette douloureuse perte avec sagesse. «Nounn met tou nou lafwa dan Bondie, me sete so volonte, nounn bizin aksepte. Kan nou ti pe al get li, nou ti pe trouv li dormi, me nou pa kone ki li ti pe resanti ou si li ti pe soufer.» Melissa est décédée le jour même où devait se tenir la prière des huit jours pour Anderny. «Vu que nous sommes une seule et grande famille, nous avons choisi d’organiser la veillée mortuaire de notre sœur chez sa belle-mère, à Terre-Rouge, pour que nous soyons tous réunis.»

Domiciliée à Cité-la-Cure, Melissa filait le parfait amour avec Jason, le cousin d’Anderny, qu’elle avait épousé il y a bientôt quatre ans. Le couple n’avait pas encore d’enfant mais «c’était le plus grand rêve de notre sœur de devenir maman», relatent Dyana et Daniella. Les trois filles avaient perdu leur maman quand Melissa avait quatre ans et demi, mais, souligne Dyana, le cœur lourd : «J’ai aidé notre père à l’élever vu que j’étais la plus âgée des trois. Se pa enn ti ser ki monn perdi, se koumadir monn perdi mo prop zanfan.»

Les deux sœurs ne tarissent pas d’éloges à son sujet. La plus grande qualité de Melissa, disent-elles, «était sa générosité. Li ti pe fer tou pou so fami, pou so kamarad. Ninport ki problem ti ena, ninport kiler, kouma sonn li li vini». Comme tous ceux ayant côtoyé Melissa et Anderny, elles admirent l’attention que portait la première à sa petite cousine. «Li ti pe pass plis letan avek Anderny ki avek nou. Anderny ti pe vinn rest kot li souvan, zot ti toultan ansam. Elles étaient débordantes d’énergie, joviales. Nou ousi nou ti pe consider Anderny kouma enn ti kouzinn ; nou ti pe manze, bwar ansam, met enn ti program dan wiken. Nou gard zis bon souvenir de zot.»

La belle-sœur de Melissa, qui porte le même prénom qu’elle, ne cache pas, non plus, sa souffrance. «Li ti touzour la pou mwa, mem pou get mo bann zanfan. Tou problem ti ena, li ti devan. Elle était quelqu’un de bien, une jeune femme merveilleuse qui ne méritait pas de quitter ce monde de cette façon. C’est une grande perte pour notre famille. Nou pa pou regagn enn lot kouma li. Mon seul soulagement, c’est qu’à présent elle ne souffre plus», dit-elle, émue aux larmes. Les funérailles de Melissa ont eu lieu ce jeudi 17 avril à 13 heures.L’enquête suit son cours dans le cadre de ce double drame. Le conducteur du van impliqué, âgé de 60 ans, avait été testé négatif à l’alcotest. Il a déjà été inculpé pour homicide involontaire.

Le nombre de morts sur nos routes s’allonge avec deux victimes de plus

Deux autres familles sont plongées dans le choc, la douleur, après la perte tragique de leur proche. Ce jeudi 17 avril, Marc Hugh Botlah n’a pas survécu après un accident sur la Nationale, à Beau-Plan. Cet habitant de la NHDC, à Calebasses, âgé de 67 ans, était sur son vélo électrique lorsque son véhicule est entré en collision avec un camion près de Decathlon aux alentours de 12h45. Ayant subi de graves blessures, le sexagénaire a été conduit à l’hôpital Sir Seewoosagur Ramgoolam, à Pamplemousses, par le SAMU. Il y a, hélas, poussé son dernier soupir une heure plus tard. D’après l’autopsie pratiquée par le Dr Mahder, médecin légiste de la police, il a succombé à un hemorrhagic shock due to chest injuries.

D’après l’enquête policière, le camion impliqué s’était arrêté sur l’autoroute et c’est en tentant de le dépasser que Marc Hugh Botlah l’aurait heurté de derrière. La route était glissante au moment des faits puisqu’il pleuvait. Le conducteur impliqué, un ressortissant Bangladais de 42 ans, a été soumis à un alcotest, qui s’est avéré négatif. Il a passé la nuit en détention policière avant sa comparution devant le tribunal, le lendemain, pour son inculpation pour homicide involontaire. Les enquêteurs ont également récupéré un échantillon de sang auprès de la victime et les résultats sont attendus.

L’autre victime de nos routes est Kevisen Villars, un habitant de Tamarin âgé de 43 ans, dont l’accident remonte au 6 mars dernier. Ce jour-là, vers 14h30, les forces de l’ordre ont trouvé le quadragénaire allongé sur l’asphalte sur la route principale de Rivière-Noire, dans les parages de Yémen, à côté de sa moto. Il avait toujours connaissance mais souffrait atrocement. D’après l’enquête policière, il était sur son deux-roues lorsque son véhicule est entré en collision avec une voiture. Après l’impact, une fourgonnette, qui circulait sur la même route, lui aurait roulé dessus et ne se serait pas arrêté. Blessé, Kevisen Villars a été conduit à l’hôpital Victoria, à Candos, où il était admis depuis. Il y a poussé son dernier soupir ce mercredi 16 avril, soit après plus d’un mois d’hospitalisation, en succombant à une septicémie.

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