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Koze Pils

Briser les chaînes du silence autour du VIH

21 juin 2025

L’ONG PILS a imaginé KOZE PILS, une application qui se veut un espace d’écoute et d’information autour des questions de santé mentale, de sexualité et d’addictions. Le but ? Informer, mais aussi libérer la parole autour d’un sujet encore tabou aujourd’hui.

En parler toujours et encore. Pour aider ceux qui sont prisonniers du fardeau social que porte la maladie, les jugements, les non-dits, le regard des autres. En parler pour informer et donner le maximum d’information afin de prévenir, de déconstruire les idées reçues et d’apaiser les peurs. Malgré l’évolution tant au niveau des avancées médicales que des mentalités, le VIH reste l’un des sujets les plus tabous dans notre société. Pourtant, libérer la parole est aujourd’hui, plus que jamais, une nécessité.

C’est pour cela que l’ONG PILS travaille actuellement sur un nouveau projet, soit le lancement d’une application qui portera le nom de KOZE PILS. À travers celle-ci, le but est d’adopter une nouvelle approche et de dispenser toute information nécessaire et utile non seulement pour informer, mais aussi pour sensibiliser la population face au VIH. Pour Jacques Achille, responsable des communications stratégiques de PILS, venir avec un tel outil était essentiel.

Bien que l’association dispose d’une hotline anonyme (8999), se rapprocher du public mauricien, notamment des plus jeunes, à travers les nouvelles technologies, permettra de toucher un public plus large. «Dans la lutte contre le VIH et pour la santé sexuelle, nous sommes conscients de la nécessité d’utiliser des nouveaux canaux et des outils adaptés au contexte d’aujourd’hui. Le développement d’une application mobile pouvant apporter des réponses aux questions des jeunes et des adultes s’impose afin de faire passer une information claire et sans filtre. Dans une large mesure, nous nous inspirons de l’application Hello Ado développée par des collègues du Sénégal. Nous utiliserons le même concept qui sera adapté à la réalité et aux besoins de Maurice.»

La drogue, sujet épineux et plus que jamais d’actualité, au vu des ravages qu’elle fait au sein de notre société, sera aussi abordée sur cette application. «La drogue est sans aucun doute un des principaux problèmes du pays et elle est abordée principalement à travers le prisme de la répression. Cependant, il faut en parler autrement pour une prise de conscience favorisant la prévention, la réduction des risques et le soutien aux personnes touchées.» Face à une progression constante du VIH à Maurice – 549 nouveaux cas ont été détectés l’an dernier –, informer demeure essentiel. «Nous observons à Maurice et à Rodrigues des hausses significatives dans les infections à VIH, les infections sexuellement transmissibles, les grossesses non-programmées, entre autres.»

Propager le maximum d’information pour prévenir, mais aussi et surtout, estime notre interlocuteur, éduquer les Mauriciens et en particulier la jeunesse face au VIH et aux maladies sexuellement transmissibles. Outre le partage des connaissances, le but est aussi de favoriser le dialogue à tous les niveaux. Il est ainsi question de permettre aux utilisateurs d’entrer en contact avec des professionnels de santé qualifiés en addictologie et sexologie, entre autres, tout en leur offrant un espace sécurisé et anonyme pour poser leurs questions et partager librement leurs expériences.

*«Il est un fait qu’il y a un manque de dialogue autour de la santé sexuelle au sein de la société. Ce, dans un contexte où il y a plus de possibilités pour des personnes de se rencontrer ou d’avoir accès à du matériel comme la pornographie, entre autres. Il a y donc besoin d’un cadre de dialogue ouvert favorisant l’éducation et l’empowerment sur le respect de soi et des droits.» *

Éduquer pour éliminer les tabous

Et dans ce processus, la lutte contre les tabous, la stigmatisation et la discrimination reste constante. «Cela ne passe pas par la voie moralisatrice mais par celle de la conversation ouverte et éclairée en bonne intelligence, loin des interdits et des tabous qui ferment bien des portes. S’y ajoute la stigmatisation qui est aussi présente et qui doit être brisée par l’éducation», souligne Jacques Achille. Destinée en priorité aux jeunes adultes, aux étudiants, aux personnes en situation de vulnérabilité ainsi qu’aux professionnels de santé désireux de s’informer ou d’orienter leurs patients, l’application sera accessible à toute personne disposant d’une connexion internet, sans aucune limite d’âge. Pour financer ce projet, l’association tient en ce moment une levée de fonds sur la plateforme en ligne Small Step Matters où tous les Mauriciens sont appelés à faire un don. «Ce projet vise l’éducation de tout un chacun sur des thématiques qui nous concernent tous. PILS travaillera avec différents experts pour apporter les réponses les mieux adaptées. Nous avons besoin du soutien de tous pour le réaliser», lance Jacques Achille.

Pour accélérer sa mise en ligne et garantir son accessibilité au plus grand nombre, l’appel à la solidarité est donc lancé. Les dons peuvent être effectués via l’application Juice, en sélectionnant l’option Pay a Merchant et en précisant la référence KOZE PILS (Numéro de compte MCB – Small Step Matters : 000444289887 ou IBAN (pour les transferts depuis l’étranger) :MU59MCBL0944000444289887000). Les entreprises souhaitant effectuer un don dans le cadre du CSR sont invitées à contacter : coordinator@smallstepmatters.org ou manager@smallstepmatters.org. Chaque contribution, même symbolique, permettra de faire un pas de plus vers une application gratuite, sécurisée et au service du public.

Hommage à Malini Veeramalay : Un engagement qui continue de briller

Dans la lutte contre le VIH, son empreinte est toujours bien présente. Malini Veeramalay, alors âgée de 34 ans, avait pris tout le monde de court un 1er décembre 2004 en lançant face au public : «Mo apel Malini. Mo ena sida». Une déclaration qui avait cristallisé l’opinion publique, mais qui avait fait d’elle la première femme mauricienne à avoir révélé qu’elle était atteinte du Sida. Ces mots témoignaient surtout de sa souffrance, mais aussi de son courage pour mener la lutte et briser les tabous. Cependant, le regard des autres, les jugements, les discriminations l’ont peu à peu brisée jusqu’à ce qu’elle ferme les yeux le 17 juin 2005. 20 ans plus tard, PILS a tenu à lui rendre hommage, à célébrer son courage et son engagement.

Le 17 juin, ils se sont rendus sur sa tombe pour déposer des fleurs et des témoignages ont rappelé la force de son engagement, son humanité, et l’empreinte qu’elle laisse dans le cœur de ceux qu’elle a aidés. Dans la soirée a eu lieu la projection d’un documentaire retraçant son parcours et son engagement au Sapin, à Camp-Levieux. Réalisé par Greg Wong, le documentaire Mwa Malini, disponible sur YouTube, retrace le parcours d'une femme qui n’a pas reculé face à l’adversité. S’en est suivi un moment d’échange et de dialogue pour définir les actions concrètes à entreprendre à l’avenir. Un grand moment d’émotion empreint d’espoir à l’image de la femme dont la mémoire continue de rassembler et d’inspirer.

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