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Par Yvonne Stephen
14 mai 2025 13:48
Un cauchemar. Pour elle, pour sa fille. C’est à travers le courage d’une maman que nous touchons cette semaine un sujet difficile. Une situation qui fait beaucoup de mal. Celle du bullying en milieu scolaire. «Le bullying est un sujet tabou et il faut le briser. Mais on a peur et honte d’en parler. N’importe qui peut être victime, et rester silencieux ne fera qu’empirer la situation. Il est donc très important de rendre la lutte contre le bullying visible», explique Marjorie Ayen, Anti-Bullying Consultant, dont les conseils sont à retrouver ci-dessous. Alors, c’est Shirley (prénom modifié) qui a osé écrire pour dire l’horreur que vit sa fille dans une école de l’est de l’île. Elle parle d’un quotidien de violence et d’humiliation ; un bouleversant témoignage que vous trouverez plus bas. Et évoque le difficile parcours de son enfant, qui est en Grade 4, au sein de son école, lieu où, logiquement, elle (ainsi que tous les autres enfants) devrait se sentir en sécurité…
Une maman inquiète, une maman à bout. Shirley n’en peut plus. Elle ne sait plus quoi faire afin de s’assurer que sa fille puisse vivre sereinement sa scolarité. Elle témoigne : «Depuis le début de l’année, ma fille est entrée en Grade 4. Du coup, changement d’enseignant. Ce n’est pas celui qu’elle avait pour les trois dernières années. Mais depuis la rentrée, elle se plaint chaque jour d’un groupe de garçons qui la frappe. Au début, je me disais que c’étaient des bêtises d’enfant. Mais par la suite, il a été question de coups de poing. Des injures à son encontre. Ils ont même aiguisé leur crayon sur sa tête, la prenant pour une poubelle. Ils lui donnent des noms comme "le rat". Le nouvel enseignant avait fait une réunion fin janvier-début février pour dire qu’il y avait des enfants hors de contrôle dans la classe et que cela perturbe le bon déroulement des cours. Pendant la réunion, d’autres parents ont parlé du même souci, avec les mêmes enfants. L’enseignant et le maître d’école disent que les parents de ces enfants ne viennent pas à l’école quand on le leur demande. Ces enfants envoient des objets sur les autres élèves. Et les parents n’ont aucun retour du maître d’école. Nous ne savons pas si des sanctions ont été prises. À la rentrée, après les vacances d’avril, ces enfants ont rayé le carnet de ma fille, ont volé ses effets scolaires dans son plumier. Ils ont même emmené un couteau à l’école et ont retiré les lames des taille-crayons avec. J'ai rapporté le problème à plusieurs reprises mais je ne vois aucune action. Je suis sur le point de dire à ma fille de se défendre mais je me reprends, vu que ce n’est pas ma façon de l’éduquer.»
L’école s’explique, le ministère mis au courant. Un coup de fil à l’école et une personne répond. Elle précise qu’il est impossible de donner des informations aux journalistes, mais que l’école a pris les actions nécessaires : informer l’inspectorat et les parents, s’assurer que des ressource persons viennent parler aux enfants, que tout est mis en œuvre pour régler le «problème». Et que si le maître d’école souhaite communiquer, il rappellera. À l’heure où nous mettions sous presse, il n’y avait pas eu de retour. Nous avons alerté le ministère de l’Éducation qui se penche sur le dossier.
Marjorie Ayen, Anti-Bullying Consultant : suggestions pour améliorer la situation
«Premièrement, la maman peut demander au prof et au maître d’école d’organiser une réunion avec d’autres parents en ce début de trimestre. La communication apaisera la frustration des parents et leur permettra d’y voir plus clair. Lors de la réunion, la maman peut faire ces quatre suggestions :
Au lieu de convoquer les parents, d’essayer de discuter du comportement de leur enfant au téléphone. Certains parents pourraient être plus réceptifs à communiquer.
Si l’enfant est harcelée dans la cour de l’école, dans les couloirs, sous le préau, il est important d’organiser des rondes ou d’installer des caméras, dans ces endroits pour prévenir le harcèlement. Si l’enfant est ciblée en classe, il est important de ne jamais laisser la classe sans prof. De plus, comme il est peut être difficile de gérer seul une classe dont certains élèves sont "hors de contrôle", il serait bon d’avoir temporairement un autre prof, un membre du non-teaching staff ou un membre du Management pour veiller sur les élèves, et renforcer la discipline.
L’école peut faire appel à la Brigade pour la protection de la famille pour une causerie dans la classe de son enfant.
L’école peut aussi faire remonter le cas de ces enfants "hors-de-contrôle" au ministère de l’Éducation ou au Sedec si c’est une école catholique.
Maintenant, si la situation ne s’améliore toujours pas, la maman peut personnellement contacter le ministère de l’Éducation ou le SEDEC. Il est aussi bon pour elle de noter tous les incidents : ce qui s’est passé, le jour, l’heure, le lieu et les noms des persécuteurs et des témoins.»
Une histoire de résilience et d’accompagnement
Marjorie Ayen partage son vécu et son cheminement afin de venir en aide aux victimes de harcèlement.
Son histoire. «J’ai vécu le workplace bullying et je peux comprendre le calvaire d’une victime car je suis moi-même passée par là. D’ailleurs, l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de me reconvertir en consultante en harcèlement est mon grand désir d’apporter mon soutien aux victimes qui ne seront pas toujours comprises car j’ai moi-même été incomprise par plusieurs. J’ai beaucoup souffert en silence et je veux maintenant tendre la main aux autres victimes. Malheureusement, le bullying est toujours banalisé et son impact sur les victimes est souvent sous-estimé. Et en tant qu’ancienne éducatrice, j’ai eu l’occasion d’encadrer des élèves victimes de bullying.»
À découvrir son témoignage complet sur le lien suivant : https://bit.ly/marjoriestory/
Ses formations. «J’ai suivi plusieurs formations en Bullying Awareness and Prevention dispensées par l’Ordre des administrateurs agréés du Québec (ADMA) et par des plateformes éducatives comme Udemy, Alison Training et l’Anti-Bullying Alliance(ABA). Cette dernière est une organisation basée au Royaume-Uni qui lutte contre le schoolbullying. Je suis membre associé de l’ABA. J’ai aussi suivi des formations en Mediation and Conflict Resolution dispensées par l’Alison Training et l’École Supérieure des Sciences Économiques et Commerciales (ESSEC Business School). J’ai également suivi une formation en counselling skills pour être mieux à l’écoute de ceux qui en ont besoin.»
Les services qu’elle propose
Anti-Bullying Advice and Support. «En d’autres mots, tous/tes ceux et celles qui ont fait ou font l’expérience du bullying, que ce soit au travail ou à l’école, et qui voudraient être encadrés par moi sont les bienvenus. Si ces personnes sont perdues, se sentent incomprises et voudraient avoir un avis/des conseils/un suivi/une écoute sur leur situation, elles peuvent me contacter.»
Formations aux entreprises. «Je dispense aussi des formations sur le workplace bullying aux entreprises. Je travaille en ce moment sur un programme éducatif sur le harcèlement au travail. L’un des points clés de mes formations ; les mesures préconisées pour combattre et prévenir le harcèlement en milieu professionnel.»
Anti-bullying mediator. «Je propose aussi mes services en tant qu’anti-bullying mediator. En tant que médiatrice, je suis une personne externe et neutre qui peut aider à désamorcer un conflit entre deux personnes ou deux groupes afin d’éviter que cela prenne des proportions énormes comme des poursuites judiciaires.»
Comment la contacter ? Via son site web, sa page Facebook mais aussi à cette adresse mail : marjorieayen22@gmail.com. Et sur ce numéro de téléphone : +230 59736366.
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