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Chronique d’un éternel rendez-vous manqué !

13 septembre 2025

Combien de débats, de promesses électorales trahies, de rapports qui dorment dans les tiroirs (Banwell, Sachs, Collendavelloo…) pour une réforme électorale qui n’a jamais vu le jour faute de consensus, d’intelligence collective, sinon de volonté politique ! Parce que chaque gouvernement a voulu faire SA réforme, parce que chaque Premier ministre n’a jamais pu délaisser le manteau démagogue, ne résistant pas à la tentation d’écrire l’histoire teintée de la couleur de son parti !

Cette fois, c’est Bérenger qui surprend avec le timing de relancer les débats sur deux propositions autour d’un énième projet de réforme électorale. Doit-on voir là une nouvelle ronde rhétorique avec un aboutissement qui sera semblable à toutes les anciennes tentatives ? Pour l’heure, on retient du vice-Premier ministre qu’il y aurait un «cabinet paper» suivi ensuite de «bann deba aprofondi». Est-ce que ces discussions qui relèvent de l’intérêt national seront placées au-dessus des clivages partisans, pouvant permettre un vrai échange entre responsables politiques, quelle que soit leur appartenance ? Peut-on s’attendre également, dans l’esprit d’une démocratie participative, à un dialogue citoyen ?

À chaque alternance politique, le gouvernement du jour nous vend l’idée d’une réforme électorale pour permettre un reflet réel des votes, l’abolition du Best Loser System, la diminution des injustices, une meilleure pluralité, en termes de voix ou de genre.

On se souvient de la détermination de Ramgoolam après la victoire des législatives de 2010 qui ne voulait pas rater une «window of opportunity». On connaît la suite ! Un white paper, une série de débats en marge des élections de 2014 et finalement, l’accouchement d’un mini-amendement… Au fond, le leader travailliste avait uniquement respecté l’exigence des Nations unies en permettant à ceux voulant participer aux législatives sans décliner leur communauté de le faire. Nous avait-il sciemment mené en bateau?

En 2018, c’est Pravind Jugnauth qui avait présenté son projet de réforme dont l’objectif était de mettre fin au Best Loser System tout en s’assurant de la représentativité de toutes les composantes des communautés ! Sauf que Jugnauth prévoyait un mécanisme où ce seraient les leaders qui se substitueraient au système en repêchant des candidats. Une manière d’asseoir davantage un autoritarisme des chefs à l’intérieur des partis. Gaspillage de temps, nouvel acte manqué !

À moins que Jugnauth ait lui aussi présenté une réforme électorale en sachant consciemment qu’elle ne verrait jamais le jour !

Que retient-on des deux propositions de Bérenger ? Une augmentation de 20 députés supplémentaires sur une base proportionnelle avec tout ce que cela représente en termes de dépenses de nos fonds publics, le maintien du Best Loser System dans une des propositions, laissant ainsi l’ethnicité au cœur du système, le recours au recensement de 1972 sans prendre en compte l’évolution et les changements de la société 53 ans plus tard ! L’on apprend aussi qu’il y aura une représentativité féminine d’un tiers de candidats. Et Bérenger de souligner que c’est déjà «énorme comme changement» !

Voilà donc un leader qui, en 2025, estime que c’est extraordinaire d’avoir un tiers de femmes sur une liste de candidature électorale ! Alors que la décision d’aligner plus de femmes ne dépend pas d’une loi mais des chefs de partis, ici, même une éventuelle législation ne garantira pas la parité !

Qu’avons-nous appris de toutes ces agitations incapables de donner naissance à une réforme électorale en phase avec notre temps ? Combien de rendez-vous manqués par manque de consensus, d’intelligence collective, sinon de volonté politique !

Le changement dans la continuité !

On avait cru – naïvement – que ce type de pratiques appartenait au passé. Mais l’interpellation, aussi brutale que condamnable du journaliste Narain Jasodanand, vient nous rappeler que certaines méthodes n’ont pas disparu. La scène de la police débarquant chez lui, l’obligeant à les suivre jusqu’aux Casernes centrales, n’est pas sans rappeler les agissements tristement célèbres de la défunte SST sous l’ancien régime. Qui a donné l’ordre d’intimider un journaliste dont le «crime» aurait été d’écrire des articles à l’égard du fils du gouverneur de la Banque de Maurice ? L’inspecteur Coothen, sur les ondes de Radio Plus, s’est montré incapable de fournir des explications claires. Doit-on rappeler qu’il existe dans notre pays plusieurs lois qui régissent les questions de diffamation permettant à tout citoyen d’avoir des recours légaux. Mais il y a ceux qui, semble-t-il, sont au-dessus des lois et qui choisissent la police pour intimider des journalistes…

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