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Coffee Tour de Chamarel : de la cerise rouge à l’arôme doré

26 juin 2025

Photos : Stephanie Domingue et DR

Cette boisson, qui est loin d’être méconnue, reste néanmoins plutôt discrète dans le quotidien des Mauriciens. Si le thé reste la star incontestée des petits-déjeuners ou des moments de détente tout au long de la journée, le café, lui, s’impose doucement mais sûrement, porté par l’essor des coffee shops qui fleurissent un peu partout comme des champignons après la pluie. Attirant une nouvelle génération de curieux, il séduit aussi les véritables amateurs par son arôme intense et réconfortant, ce doux nectar aux pouvoirs presque magiques pour réveiller les sens. Au-delà des champs de canne à sucre et des plantations de thé, d’étonnantes petites cerises rouges viennent égayer le paysage verdoyant de Chamarel, à deux pas des fameuses dunes aux sept couleurs. Ces fruits renferment un trésor précieux, des grains convoités par les connaisseurs : l’arabica. Perchée à près de 280 mètres d’altitude, là où habituellement les caféiers peinent à s’épanouir, cette plantation prospère miraculeusement sur une terre volcanique exceptionnelle, donnant naissance à un café unique et authentiquement mauricien. Au fil d’une promenade guidée de 300 mètres, on se retrouve plongé dans une aventure sensorielle où chaque pas révèle de nouveaux enchantements. Des caféiers, des bananiers et même des cacaoyers ou des vanilliers ajoutent une touche exotique à cette expérience immersive. À mi-chemin, devant le panorama d’une forêt dense et généreuse, on reste littéralement le souffle coupé face à ce tapis vert. Les fleurs rouge vif des roselles rivalisent d’élégance avec les feuilles de songe, tandis qu’un filet d’eau serpente doucement, apportant fraîcheur et sérénité à ce tableau vivant. De la plantation à la tasse, chaque grain de café suit ici un chemin précis, presque sacré. Et quand vient enfin la dégustation, c’est une véritable explosion en bouche, dévoilant des notes subtiles d’agrumes, des parfums délicats de vanille, ou encore la douceur gourmande du chocolat au lait... Une parenthèse hors du temps, où même les moustiques et les fourmis rouges semblent figés devant tant de beauté.

Quand on parle de café avec Thomas Lehoux, son regard s'anime, sa voix s’emballe. Ce barista, torréfacteur passionné, fondateur de la brûlerie Belleville à Paris, œuvre dans l’univers du café depuis plus de 17 ans. D’abord barman, il a parcouru les plantations du Rwanda, du Kenya, d’Éthiopie… avant de poser ses valises à Chamarel. Invité à Maurice en 2023 pour un simple audit sur la qualité du café local, il est tombé littéralement sous le charme de cette plantation atypique. «J’ai été bluffé par le potentiel. Un arabica qui pousse à seulement 280 mètres d’altitude, c√est extrêmement rare ! Là où cette variété a besoin habituellement de 1 500 mètres, le terroir volcanique de Chamarel, son microclimat et ses pratiques agricoles en font un cas d’école.» Thomas parle du café comme d’un vin. «Le sol, l’altitude, la variété – ici, c’est du K7 originaire du Kenya – tout cela influe sur le goût. Et ce café, il est rond, crémeux, chocolaté, avec des notes d’agrumes, de vanille et même un petit côté thé noir. Autre pépite du domaine : le Liberica, un café extrêmement rare que l’on ne retrouve, en dehors de Maurice, qu’en Indonésie. Elle apporte une richesse supplémentaire à la plantation. Ce qui rend ce projet unique, c’est que tout se passe ici dans la région : la culture, la récolte, le séchage, la torréfaction… jusqu’à la dégustation. L’impact est aussi humain. Ce café fait vivre les gens d’ici. Il crée de l’emploi, valorise un savoir-faire local et raconte une histoire. Les Mauriciens découvrent qu’ils ont chez eux un café local, artisanal, de qualité. Ce terroir a un vrai avenir. Peut-être qu’un jour, il pourra rivaliser avec les grands crus du Guatemala, du Kenya ou de la Colombie. Cela prendra du temps, mais le Café de Chamarel peut devenir une véritable signature mauricienne.»

«Les plantations de café existent à Maurice depuis 1715, et ce projet était en discussion depuis un moment. Chamarel est le seul endroit sur l’île à posséder une telle plantation, qui plus est d’une qualité exceptionnelle. C’est l’occasion de faire connaître cette graine locale dans un paysage authentique. Le bâtiment qui abrite aujourd’hui le Coffee Tour était autrefois à l’abandon, nous lui avons offert une seconde vie. C’est un lieu de partage pour comprendre tout le processus du café, du champ à la tasse, et découvrir une production 100 % locale. Il s’agit de transmettre une culture, une histoire. L’implication des habitants de la région est aussi une grande force. À Chamarel, le café fait partie du quotidien, de l’identité même des gens. Nous avons voulu montrer que, même dans un endroit reculé, il existe des trésors qui valent le détour. Et grâce à l’expertise de Thomas, nous apprenons chaque jour davantage, tout en prenant conscience de l’importance de préserver cette richesse pour les générations futures. C’est aussi une belle démonstration de ce que peut être une économie verte», souligne Meenakshi Putty, Head of Communication chez Rogers Hospitality.

À 19 ans, Shawn Demba s’initie avec passion à l’univers du café. Guest Experience Officer au Coffee Tour, il découvre une autre facette de Chamarel. «Depuis que je travaille ici, j’ai redécouvert ce lieu, qui a beaucoup changé depuis l’époque où l’on venait simplement voir les Terres des Sept Couleurs avec l’école. En rejoignant le Coffee Tour, j’ai vraiment compris ce qu’est le café. Nou Morisien, nou met zis kafe dan dilo ek bwar… Mais ici, on voit le plant, la culture, l’environnement. C’est unique ! La plantation est naturelle, sans engrais chimique, ce qui permet d’entendre les oiseaux, de ressentir le calme. Kan mo vini gramatin, mem si mo pann bien leve, mo santi mwa kouma dir pe fer yoga isi! Même si je préfère le thé, j’ai appris à goûter le café, à comprendre les palettes de saveurs, la fermentation, les techniques. C’est un art très rigoureux. Nou Morisien, nou bizin kone kouma kafe ete, parski li pous lor nou later. Sa tour-la pa zis pou touris !»

Une visite au Coffee Tour peut aussi se prolonger par un moment gourmand au restaurant Le Chamarel, perché à 282 mètres d’altitude avec une vue imprenable sur l’île aux Bénitiers et la montagne du Morne. Faizal Gunga, Food & Beverage Manager depuis 17 ans, nous fait découvrir une cuisine créole authentique. «J’ai commencé comme stagiaire après l’école hôtelière, et cela fait près de 40 ans que je suis dans la restauration. Ici, il y a une magie dans l’air. Nous recevons des visiteurs du monde entier, mais aussi des Mauriciens qui viennent redécouvrir leur île. Ils apprécient cette cuisine de grand-mère, mijotée avec amour. Notre chef Wesley sublime les classiques : curry de cerf, de poulet et crevettes, salmi de cochon marron, cœur de palmiste… Tout est frais, venant de la ferme d’Agrïa. Nous proposons aussi des formules petit-déjeuner, déjeuner ou goûter pour profiter pleinement du coucher de soleil.» Réservation conseillée au 483 4421 ou 5511 5900.

Une parenthèse caféinée

Le Coffee Tour de Chamarel se fait uniquement sur réservation. Comptez Rs 500 par adulte et Rs 250 par enfant. La visite inclut une balade guidée dans la plantation, une dégustation et un aperçu des pratiques agricoles durables. Réservations par mail à coffeetour@7colouredearth.mu ou au 451 8500. Non adapté aux enfants de moins de 5 ans et aux personnes à mobilité réduite.

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