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Souveraineté des Chagos

Confusion, pression et tensions

11 février 2025

En attendant le feu vert des États-Unis, le Premier ministre Navin Ramgoolam se dit confiant en une résolution rapide.

Les discussions entourant la rétrocession de l’archipel des Chagos s’apprêtent-elles à prendre une autre tournure ? Cette semaine, les choses ont, en effet, pris une direction délicate entre le gouvernement britannique et celui de Maurice. La question du deal entre les deux pays a été soulevée mardi lors de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition Joe Lesjongard, qui cherchait des précisions sur le dossier. Pour rappel, une délégation mauricienne menée par l’Attorney General Gavin Glover s’est récemment rendue à Londres pour discuter de certains points importants de cet accord, dont la durée du bail de Diego Garcia, le libellé de l’accord et l’aspect financier de ce deal politique conclu le 3 octobre dernier entre Pravind Jugnauth, alors Premier ministre, et son homologue britannique, Keir Starmer.

À la suite de cette rencontre et alors que le deal entre le Royaume-Uni et Maurice était presque conclu, les Britanniques ont fait une volte-face ; ils ont voulu consulter l’administration américaine et attendre l’accord de Donald Trump. Au Parlement, Navin Ramgoolam s’est cependant dit confiant en une «résolution rapide» dans les semaines à venir. Le Premier ministre (PM) est aussi revenu sur les nouvelles conditions entourant ce deal, dont l’indexation des paiements britanniques sur l’inflation et leur révision pour inclure un paiement anticipé, affirmant que l’accord négocié par le gouvernement Jugnauth était inacceptable. Des informations qui n’ont toutefois pas plu au gouvernement britannique qui a sorti un communiqué peu après pour démentir les déclarations du PM, affirmant que «le Royaume-Uni ne signera un accord que s’il est dans notre intérêt national».

Le lendemain, le Prime Minister’s Office a, à son tour, sorti un communiqué pour clarifier la position de Maurice, soutenant que Maurice «n’a jamais affirmé que l’aspect financier de l’accord entre Maurice et le Royaume-Uni concernant l’archipel des Chagos avait doublé, comme allégué» et que «le Premier ministre a déclaré que l’accord précédent avec l’ancien Premier ministre mauricien n’était pas dans les meilleurs intérêts de Maurice et qu’à la suite de négociations, les parties avaient convenu d’un accord amélioré sur des termes mutuellement acceptables». Le gouvernement mauricien confirme aussi que «l’accord a toujours été d’une durée de 99 ans, avec la possibilité d’une prolongation pour une période supplémentaire de 40 ans», soulignant que toute prolongation devrait se faire avec le consentement de Maurice et du Royaume-Uni, et que Maurice est déterminée à soigner ledit accord.

Entre-temps, en Angleterre, les pressions et les tensions s’accentuent. En attendant le feu vert des États-Unis, des inquiétudes affirmant que l’accord pourrait compromettre la sécurité des États-Unis face à l’influence croissante de la Chine dans la région ont surgi. Lors d’une séance de la House of Commons mercredi, la conservatrice Kemi Badenoch a accusé le Premier ministre britannique de «céder» aux pressions, ce qui serait, dit-elle, une «reddition immorale» motivée par des intérêts personnels, compromettant la défense des intérêts nationaux du Royaume-Uni. «Deux sources de haut niveau ont indiqué que certains membres de Downing Street avaient des réserves concernant l’accord, qui coûte un capital politique considérable et risque de compromettre les relations avec l’administration de Donald Trump», écrit The Guardian.

En attendant le départ de Jonathan Powell, conseiller en sécurité nationale du Royaume-Uni, pour Washington DC dans les jours à venir pour discuter des préoccupations de l’administration Trump, le Premier ministre britannique a défendu l’accord avec Maurice en soulignant l’importance stratégique de la base militaire de Diego Garcia. À Maurice, Navin Ramgoolam s’apprête à participer à la prochaine réunion de l’Union africaine lors de laquelle il sera accompagné d’Olivier Bancoult

La biographie d’Olivier Bancoult lancée cette semaine

Du beau monde est attendu au Centre Lisette Talate, à Pointe-aux-Sables, ce mercredi 12 février. C’est ce jour-là qu’aura lieu le lancement d’Olivier Bancoult, A cry for freedom, livre de l’écrivain et enseignant Ibrahim Aladin. Cette biographie de Bancoult est le fruit d’un travail de six mois en étroite collaboration avec celui-ci. Le lancement devrait se faire en présence du Premier ministre Navin Ramgoolam. Et Olivier Bancoult de nous confier : «Qu’importe le gouvernement ou le Premier ministre, je vais mener le combat avec eux.»

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