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35 ans de 5-Plus dimanche

Dans les coulisses des faits divers

30 avril 2025

5-Plus dimanche a toujours couvert une pléiade de sujets, tous traités sous l’angle humain, mais les faits divers ont toujours occupé une place primordiale dans l’actualité. Ils suscitent, à chaque fois, un fort intérêt du public. La raison pour laquelle ils touchent autant de lecteurs, c’est parce qu’ils traversent toutes les couches sociales et peuvent arriver à «des gens comme nous». Dans le cadre du 35e anniversaire de notre hebdomadaire, nos faits-diversiers, Jean Marie Gangaram et Elodie Dalloo, toujours au cœur d’événements tragiques ou extraordinaires, nous relatent leur expérience…

Être fait-diversier : «un éventail d’émotions»

Elle est souvent dénigrée et critiquée par rapport à d’autres rubriques. Celle des faits divers, l’ADN même de 5-Plus dimanche, n’est pourtant qu’un miroir de notre société, nous permettant de mieux comprendre la condition humaine, ses forces et ses faiblesses, et d’avoir un aperçu de la réalité quotidienne, aussi sombre soit-elle. Nous, faits diversiers, avons la réputation d’être cyniques, de n’avoir aucune morale, ou de «fer kas lor maler dimounn», comme nous avons souvent pu l’entendre durant notre carrière, mais beaucoup ignorent ce qui se cache derrière tant de tragédies résumées en quelques lignes ou ce qui se vit off record. 

«Vous n’êtes pas un vrai fait diversier si vous n’avez pas le cœur qui bat à la chamade à chaque fois que vous rencontrez les proches d’une victime.» Ce sont là des paroles prononcées par l’un de nos formateurs il y a quelques années, tellement lourdes de sens, car rien n’aurait si bien pu décrire l’éventail d’émotions auquel nous faisons face chaque semaine. Chaque nouvelle rencontre nécessite, pour ma part, que je prenne une profonde inspiration avant de me jeter à l’eau. Pour cause, ces rencontres ne sont, pour la plupart, jamais annoncées et nous ne disposons que de quelques secondes pour savoir comment aborder notre interlocuteur ou pour l’inciter à nous faire confiance, alors qu’il traverse déjà un moment éprouvant. En 11 ans de faits divers, il n’y a eu aucune formation, aucun cours, qui m’a préparée à tout ce que je serais amenée à ressentir lorsque je serais confrontée à ces drames humains. Sans compter que nous ne savons jamais à quel moment tout peut basculer pour une famille, comment le malheur frappera ou qui en seront les victimes ; une incertitude qui nous rongerait presque. 

Jusqu’ici, mes années d’expérience ne m’ont jamais «habituée» à ces tragédies. Meurtres, accidents fatals, noyades et agressions, entre autres ; plusieurs affaires peuvent sembler similaires dans les faits, mais le vécu et le ressenti des victimes ou de leurs familles, que nous sommes amenés à rencontrer, est unique. De voir tant de vies chamboulées, bouleversées si subitement, ne peut que nous briser le cœur. Nous sommes parfois amenés à les consoler, les apaiser, off record, même si nous ignorons comment nous aurions remonté la pente à leur place. Ce qui rend le métier difficile, c’est que nous ne savons jamais à quelles émotions nous ferons face – la colère, l’irritation, l’agressivité, la tristesse, le désespoir, parmi tant d’autres ; des émotions toutes compréhensibles lorsque le malheur frappe. Mais ce qui le rend encore plus dur, c’est que nous ne savons jamais, non plus, si nous serons en mesure de gérer les nôtres car nous sommes humains avant tout. Nous ne sommes jamais à l’abri d’un moment de «faiblesse», où nous pouvons craquer sous les yeux de notre interlocuteur, ou nous sentir submergés loin des regards. Au-delà du «buzz», beaucoup ignorent que nous nous retrouvons souvent dans l’obligation de préserver des informations qui ne pourraient qu’accroître la douleur de toutes ces personnes meurtries ou les mettre en danger. 

Peut-on vraiment trouver les mots lorsque des parents en pleurs crient à l’injustice, devant la boîte renfermant les cendres de leur enfant, décédé tragiquement, posées sur la table, poursuivre un entretien face à une famille affligée dans une pièce où tout leur rappelle que leur être cher était présent il y a, encore, quelques jours ; contenir nos larmes en voyant une mère de famille s’écrouler en ayant la confirmation qu’un cadavre retrouvé est bel et bien celui de sa fille, qu’elle nourrissait l’espoir de serrer dans ses bras après plusieurs jours de disparition ? Trouver le sommeil peut, par moments, s’avérer difficile après une «journée type» ayant démarré sur une scène de crime sanglante, suivie d’un transit à la morgue, pour s’achever dans des funérailles, en gardant en tête que tout peut recommencer le lendemain. C’est souvent compliqué de garder la tête froide lorsque nous nous sommes plongés dans une affaire bouleversante, pour devoir ensuite faire l’impasse sur nos émotions, les mettre de côté, pour ensuite faire face à une autre ; le tout, en restant objectif.

Les faits divers m’ont, pour ma part, façonnée, modelée en tant que personne, et permis de me découvrir une hypersensibilité et une grande empathie dont j’ignorais l’existence. Certains jours peuvent s’avérer plus compliqués que d’autres, tant sur le plan personnel que professionnel, mais la satisfaction est là lorsque ces familles nous remercient d’avoir été à leur écoute, d’avoir su mettre les mots sur leur souffrance, ou de les avoir libérés d’un poids émotionnel ; un sentiment qu’aucun nombre de lectures ou de vues ne pourra égaler. 

Les faits divers : notre force majeure

Les faits divers ont toujours occupé une place importante dans l’histoire de 5-Plus dimanche. Le poids des mots, le choc des photos – le fameux slogan de Paris Match – a aussi été le fil conducteur de tous ceux qui sont passés par la rédaction du journal depuis sa création. Nous avons été beaucoup critiqués à nos débuts sur notre façon de traiter certains faits de société, mais de nos jours, la diffusion de ce type d’actualité est très courante, surtout avec la montée en puissance des médias sociaux. La facilité avec laquelle certains font le buzz avec des photos ou des vidéos avec leurs smartphones ne facilite nullement le travail des faits diversiers. Certains se découvrent des talents de JRI (journaliste reporter d’image) avec leur téléphone portable dernier-cri équipé de nouvelles technologies dont l’AI et d’autres applications révolutionnaires.

Et c’est là que nous devons, à 5-Plus dimanche, faire preuve de créativité dans un domaine qui n’arrête pas d’évoluer. Si nous devions décrire en un mot notre histoire depuis notre entrée en matière, ce serait «résilience». C'est-à-dire, accepter les changements et les challenges et les dépasser, nous adapter. Et ne jamais oublier que c’est par la différence qu’on fait toujours la différence. Nous acceptons ce qui se passe dans la presse et ailleurs pour ensuite nous donner les moyens de rebondir avec un traitement différent de l’information. C’est d’ailleurs pour cela que plusieurs milliers de personnes continuent de nous acheter et de nous lire chaque semaine. Merci à vous !

Pour la petite histoire le terme «fait divers» apparaît pour la première fois en 1863 dans le quotidien parisien Le Petit Journal de Moïse Millaud, l’inventeur de la presse populaire. Sous cette rubrique, les journaux publient les nouvelles de toutes sortes : scandales, accidents, crimes épouvantables ou passionnels, chutes fatales, noyades, négligences médicales, vols à main armée, inondations, saisies de drogues, incendies mortels, agressions sexuelles ou phénomènes de la nature sont les sujets les plus communs. Il y a également la couverture des procès en cour.

Ceux qui n’aiment pas la rubrique «Faits divers» diront, certes, que le malheur des uns fait le bonheur des autres, mais les faits divers ont toujours permis à d’autres de combattre des maux par des mots et de montrer une facette bien réelle de notre société. Aujourd'hui, nous poursuivons notre travail en comptant avec le digital, qui est venu changer la donne dans le monde de la presse et nous offre une autre manière de diffuser l'information. Et encore une fois, nous faisons de notre mieux pour nous adapter et avancer. On ne finira jamais d’apprendre et d'évoluer n'est-ce pas ? Heureusement d'ailleurs !

De toute façon, à 5-Plus dimanche, on nous a toujours appris à «always think outside the box». Nous allons continuer comme ça quoi qu'il en soit !

Merci encore pour votre confiance chaque semaine. On sera toujours au premier plan au service de l’information pour vous, nos lecteurs. Le traitement – différent – des faits divers en fait partie. Le 35e anniversaire de 5-Plus dimanche nous motive à poursuivre l’aventure et notre engagement vis-à-vis de vous. Nous allons continuer à parcourir l’île pour être encore plus précis dans les faits afin de continuer à vous offrir ce qu’il y a de meilleur. C’est notre façon à nous de partager vos vies chaque semaine.

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