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9 juin 2025 21:34
Les mangliers, plus couramment appelés mangroves, jouent un rôle essentiel. Leurs racines denses stabilisent le sol et réduisent l’érosion sur nos côtes. Ils agissent aussi comme des barrières naturelles en absorbant l'énergie des vagues. Leurs plantes gigantesques sont également très utiles à la santé environnementale, la sécurité alimentaire et la résilience climatique. Leur conservation est donc essentielle. Dans le cadre de la Journée mondiale de l’environnement, observée le 5 juin, rencontre avec des femmes du village du Morne qui sont à pied d’œuvre tous les jours, en semaine, pour la restauration des écosystèmes à carbone bleu.
Ce mardi 4 juin, le littoral du Morne résonne d’un engagement discret mais puissant. À l’ombre des vagues, une équipe de femmes s’active à chaque marée basse à replanter ce que la mer a lentement grignoté : les mangroves. Symboles de résilience et de protection côtière, elles sont au cœur du projet Varuna, une initiative ambitieuse pour la restauration des écosystèmes à carbone bleu. Rosemonde Verloppe, 64 ans, plante des mangliers depuis 2008. À ses côtés, sa nièce Anouskha, 36 ans, ainsi que d’autres habitantes du Morne comme Fabiola Lagrosse, 26 ans, temporairement éloignée de son métier d’aide-soignante après deux grossesses. L’équipe se compose de six femmes, dont Liseby Eole, 58 ans, et sa fille Mitzi, 18 ans.
Ensemble, elles forment une véritable ligne de défense vivante entre la terre et l’océan. Pour cause : les mangliers sont un grand réservoir de biodiversité. Ils abritent une grande variété d’espèces de poissons, de crustacés, de mollusques et d’oiseaux dont certaines sont endémiques ou en danger. Un champ de mangroves sert aussi de nurserie pour de nombreuses espèces marines, qui y trouvent refuge et nourriture pendant leurs stades juvéniles. Sa petite pelle en main, Rosemonde et ses amies sont aux petits soins avec des plantes qu’elles vont placer dans un coin discret au bord de mer. Ce que font ces femmes peut paraître surprenant mais leur action quotidienne a une importance capitale. Depuis janvier 2025, 3 000 mangliers ont été plantés, dont 1 000 au Morne. 2 000 autres ont été plantés à Case-Noyale.
Et ce n’est qu’un début. «Nous avons 7 000 autres mangliers prêts à être mis en mer. Nous attendons le feu vert des autorités», indique Sachooda Ragoonaden, 80 ans. Il est le vice-président de l’Association pour le développement durable (ADD) et connaît bien le terrain ; depuis 2008, son association a déjà planté 12 hectares des mangliers autour de l’île, dont 7 000 uniquement au Morne. Il explique que Varuna est une réponse locale à une urgence globale. Lancé en mai 2024, ce projet est financé par l’Agence française de Développement et mis en œuvre par Expertise France. Porté localement par Oceanarium (Mauritius) Ltd; Odysséo, le programme vise à restaurer les écosystèmes à carbone bleu.
Cela se fait grâce à la reforestation des mangroves, à la surveillance des herbiers marins et à des initiatives communautaires. Sachooda Ragoonaden souligne que les cinq axes de ce projet sont clairs. Il y a la restauration de 10 000 mangliers au Morne, à Coteau-Raffin et à Case-Noyale. Il y a aussi un suivi scientifique de la qualité de l’eau et des substrats, ainsi que le développement d’activités entrepreneuriales comme l’apiculture, avec un programme dédié aux femmes du village, la sensibilisation du public à travers les écoles, la radio et les lieux touristiques, et la création d’une pépinière d’herbiers marins, une première dans l’océan Indien.
Les résultats parlent d’eux-mêmes, affirme Shane Sunassee, coordinateur du projet Varuna à l’Odysséo Foundation. «La population de crabes, de crevettes et même de poissons a augmenté dans le lagon depuis la replantation des mangliers. Ces arbres sont bien plus que de simples barrières naturelles. Ils filtrent les eaux, protègent les rivages de l’érosion et sont de véritables nurseries pour la biodiversité marine», précise-t-il. Cependant, ce que font Rosemonde et les autres femmes n’est pas un travail facile, précise Shane Sunassee : «Nou bizin monitor bann plant-la sak de zour akoz bann vag ek ousi akoz polision. Ena bann gomon ki vinn maye ek zot ek touy zot. Si nou pa fer sa ena risk ki bann plant-la mor.»
Liseby Eole confirme que le manglier est une plante qui demande de la patience, de l’observation et de l’humilité. «Elle pousse avec le temps et l’amour qu’on lui donne», confie la quinquagénaire, les pieds dans le sable, le regard tourné vers l’horizon, aux côtés de sa fille Mitzi qui a délaissé un travail dans le secteur du housekeeping pour être au chevet de la nature. À l'occasion de la Journée mondiale de l’environnement, le message est clair : il n’y a pas de petite action quand il s’agit de protéger la planète et l’environnement. Et sur les côtes du village du Morne, ce sont des femmes qui nous montrent la voie à suivre.
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