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9 juillet 2025 17:35
La rue a tenu tête. Alors que la gay pride de Budapest avait été interdite par la police, au nom d’une loi adoptée en mars dernier sous l’impulsion du président hongrois, visant à bannir toute manifestation qui évoquerait auprès des mineurs «l’homosexualité et le changement de sexe», le rassemblement a bien eu lieu. Entre 180 000 et 200 000 personnes ont bravé l’interdiction et ont participé fièrement à l’événement ce samedi 28 juin. Des menaces ciblant la communauté homosexuelle a ainsi entaché les marches des Fiertés cette année.
Face aux nuages noirs, les couleurs de l’arc-en-ciel ont rejailli encore plus. Avec le mois de juin – connu comme le mois des Fiertés – qui s’est terminé, le rideau est ainsi tombé sur les nombreuses marches au nom de la communauté LGBTQIA+ qui ont rythmé ces dernières semaines. Cette année, la recrudescence des menaces ciblant la communauté homosexuelle a ainsi entaché les marches des Fiertés, qui ne revendiquent, pourtant, que le droit d’aimer pour tous. C’est donc sous des menaces anti-LGBTQIA+ que de nombreuses personnes ont marché dans plusieurs pays à travers le monde. Alors que les rassemblements se voulaient festifs, colorés et prônaient les mêmes droits pour tous, des voix contestataires sont venues ternir la joie des marcheurs. En France, par exemple, la marche des Fiertés, qui s’est tenue le samedi 28 juin à Paris, avait pour mot d’ordre : «Contre l’internationale réactionnaire.»
Parmi ces réactionnaire, il y a le président des États-Unis, Donald Trump. Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, il n’a cessé d’attaquer la communauté LGBTQIA+. Ainsi, dès le jour de son investiture, il avait proclamé qu’il n’y a que deux sexes, masculin et féminin, et qu’il existe une seule vérité biologique. Il s’en est pris aux personnes transgenres et tente, par exemple, de leur interdire de servir dans l’armée. Il a aussi annoncé limiter l’accès aux traitements de transition de genre. Une montée de l’homophobie a ainsi été notée aux States. Le 29 juin, lors de la Marche des Fiertés à New York, deux adolescentes ont ainsi été blessées lors d’une fusillade. L’une, âgée de 16 ans, a reçu une balle à la tête, et la seconde, âgée de 17 ans, a reçu une balle dans la jambe.
En France, le rassemblement de cette année a aussi été secoué, notamment à cause de l’affiche de l’événement, jugée clivante par certains. En effet, une association juive et des élus de droite et d’extrême droite ont contesté le visuel de l’édition 2025 de la marche des Fiertés à Paris. Ils mettent en avant et dénoncent la présence de «couleurs palestiniennes» et une «incitation à la violence». Toutefois, l’Inter-LGBT a rejeté ces accusations et dénonce des «contresens grossiers». Dans l’Hexagone toujours, un collectif identitaire, Eros, qui se présente comme un organe de lutte «contre les dérives idéologiques woke et LGB», s’est aussi fait voir lors de l’édition 2025 de la Pride.
L’interdiction de la Pride à Budapest a aussi fait beaucoup de bruit ces derniers jours. La Hongrie, pays de 9,6 millions d’habitants, s’est retrouvée sous les feux des projecteurs depuis l’annonce de l’interdiction de la marche des Fiertés. La police a interdit la marche, invoquant une récente loi anti-LGBT+ du gouvernement nationaliste. Toutefois, bien que l’événement ait été interdit depuis l’entrée en vigueur d’une loi adoptée sous l’égide du président Viktor Orbán, qui, depuis son arrivée au pouvoir, n’en finit plus de faire reculer les droits de la communauté LGBT+, près de 200 000 personnes ont bravé l’interdiction et ont participé, dans la joie et la bonne humeur, le samedi 28 juin à la Gay Pride dans les rues de Budapest.
Ce sont pour toutes ces raisons, pour toutes ces menaces un peu partout à travers le monde, que les marches de cette année dans plusieurs capitales se sont déroulées dans un contexte et une ambiance plus militants que les autres années. À Paris, en signe de solidarité, il s’agissait de faire résonner jusqu’à Washington et Budapest des slogans dénonçant «l’internationale réactionnaire». D’un pays à l’autre, les menaces contre la communauté LGBTQIA+ ont interpellé et n’ont pas laissé insensibles. Le 21 juin, lors d’une Solidarity Pride à Londres, le Mauricien Pliny Soocoormanee, Executive Officer à la Peter Tatchell Foundation (PTF), a pris la parole et a fait résonner sa voix en soutien aux Hongrois, par rapport à l’interdiction qui menaçait la marche de Budapest. «Pour moi, la marche des Fiertés est à la fois une célébration et un acte de libération. Ses racines résident dans la protestation, une prise de position contre l’injustice, l’oppression et la honte. Mais la marche des Fiertés est aussi une affirmation joyeuse : c’est le moment où nous, la minorité souvent invisible, sortons de l’ombre, prenons notre place et disons : “Nous sommes ici”», nous confie le jeune militant.
Il poursuit, plus déterminé que jamais : «L’interdiction de la marche des Fiertés par Viktor Orbán n’est pas un événement isolé ; c’est le dernier d’une série d’attaques ciblées contre la communauté LGBTQ+ de Hongrie. Et si cela peut se produire au cœur de l’Europe, cela peut arriver n’importe où, même au Royaume-Uni. C’est pourquoi il est important de se montrer. Notre soutien visible envoie un message puissant aux personnes LGBTQ+ en Hongrie : vous n’êtes pas seules. La solidarité n’est pas symbolique, mais elle est une bouée de sauvetage. Elle leur rappelle, à eux et à nous, que nous faisons tous partie de la même lutte. Nous ne sommes vraiment libres que lorsque nous le sommes tous. Tous les droits pour lesquels nous nous sommes battus, comme le mariage égal au Royaume-Uni, peuvent être repris. C’est pourquoi nous devons rester vigilants et actifs.»
Pour lui, la marche des Fiertés rime surtout avec visibilité : «C’est un moment où la joie rencontre la résistance. C’est le seul jour où nous devenons totalement visibles dans un monde qui nous demande trop souvent de rester cachés. Marcher est un acte de défi, oui, mais aussi de communauté, de résilience et d’amour radical. La fierté nous rappelle que vivre ouvertement est puissant, politique et profondément humain.» Il se souvient de sa première fois dans une marche. «J’étais à ma première Pride à Londres en 2012, quelque temps après mon coming-out. Pendant des années, j’avais vécu dans la peur, cachant une partie de moi-même. Ce jour-là, quelque chose a changé. Je me suis senti vu, accepté et libre, entouré de personnes qui vivaient fièrement leur vérité. Cela m’a montré que le changement commence par la gentillesse. Si chacun d’entre nous soutient la personne à côté de nous, nous construisons un monde où personne n’a à cacher qui il est», conclut le jeune homme, qui fait partie de ceux qui, face aux nuages noirs, continuent à faire briller encore et encore les couleurs de l’arc-en-ciel...
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