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Par Yvonne Stephen
17 mai 2025 18:12
Ce sont les nouveaux boss des villes. Les patrons(nnes), quoi. Après les élections municipales, cette semaine, c’était le moment de nommer les maires et leurs adjoints. Ces cérémonies empreintes de protocole mais aussi d’émotions ont eu lieu le mercredi 14 mai (Port-Louis, Quatre-Bornes) et le jeudi 15 mai (Beau-Bassin–Rose-Hill, Vacoas–Phoenix, Curepipe). Depuis, les élus.es s’activent : rencontres avec les équipes, mis en lien avec les dossiers en cours et gestion des affaires urgentes. Ils.elles parlent tous.tes d’engagement, de travail. Mais aussi de mesures pour accompagner les jeunes (pour faire reculer le fléau de la drogue), assurer la sécurité et le bien-être des citadins.es, et rendre plus efficace les services de la mairie. Qui sont ces hommes et ces femmes qui gèrent les régions urbaines de l’île ? Ils.elles se dévoilent…
À Port-Louis
Aslam Hosenally, lord-maire. Dans sa voix, de la chaleur. Il se présente comme ça : «Je suis née à la Plaine-Verte, rue Paul et Virginie. J’ai grandi à Camp-Yoloff et j’y vis toujours avec ma femme et mes deux enfants.» Une fille de 16 ans et un garçon de neuf ans : «Mes cadeaux de Dieu.» Aslam Hosenally, 59 ans et nouveau maire de Port-Louis, est membre du Mouvement militant mauricien (MMM) depuis 1984, fait partie du bureau politique, a été lord-maire de 2012 à 2013, «candidat malheureux» des Mauves pour les législatives de 2014 et de 2019 à Port-Louis-Maritime–Port-Louis-Est (circonscription n° 3). Il bosse pour l’entreprise familiale dans le procurement (domaine où il a fait une longue carrière). Et rêve de redynamiser la capitale de l’île : «Lui redonner son lustre d’antan.»
Hensley Laclé, maire-adjoint. Il a, en lui, les images d’une vie oubliée. D’un Port-Louis où il faisait bon vivre, ensemble : «J’habitais à Vallijee. Il n’y avait pas de mur qui nous séparait de la maison du voisin. On partageait les repas du soir, quand il y avait enn kari spesial…» Une période bénie pour l’homme de 53 ans qui vit, aujourd’hui, à Cassis : «Un retour aux sources est nécessaire. Nous devons montrer la voie à nos enfants.» Marié et père d’une fille de 23 ans et d’un garçon de 17 ans, il est très actif dans le social et au niveau de sa paroisse. Il a rejoint le Parti travailliste (PTr), comme l’avait fait son père Mathieu Laclé, ancien ministre, en 2002 : «Tout a commencé par et avec papa.» Pendant de longues années, il fait carrière dans l’industrie sucrière à Medine avant de rejoindre l’entreprise d’un ami, spécialisée dans la maintenance des convoyeurs de matériaux.
À Vacoas–Phoenix
Sanjeev Dindyal, maire. Il est entrepreneur-agriculteur, habite Bonne-Terre, Vacoas, et est papa de deux filles. Fidèle au PTr, c’est une affiliation qui se transmet de père en fils, explique-t-il. «Je me souviens que la première sortie de sir Seewoosagur Ramgoolam après les élections de 1982 s’est faite chez nous.» Il est très impliqué dans le social, depuis toujours, et vit cette nouvelle fonction comme une «grande responsabilité» : «Je veux que les citadins se sentent bien, en sécurité, qu’ils soient partie prenante dans toutes les décisions. Et que la municipalité soit là pour répondre à leurs besoins, au niveau de l’administration et chez eux.»
Sadaseeven Sooben, maire-adjoint. Vacoas, c’est sa ville. Là où il est né, a grandi et est devenu un homme. Engagé dans le social, Sadaseeven Sooben est secrétaire de la régionale de Vacoas–Floréal du MMM, membre du comité central, engagé auprès de la Fédération des temples tamoules de Vacoas–Phoenix et a été un des décorés de la République, ce 12 mars (Commander of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean – CSK) : «Je suis les traces de mon père qui était syndicaliste et politicien dans l’équipe des Mauves.» L’année dernière, il a vécu un moment douloureux avec le décès de son épouse mais, aujourd’hui, malgré le chagrin, il se dit déterminé à s’engager auprès des citadins et de la jeunesse «pour faire avancer la ville».
À Quatre-Bornes
Brian Rudy Kennoo, maire. Il a été le maire le plus insaisissable de la semaine ! Brian Rudy Kennoo, 32 ans, devait avoir un agenda bien chargé ! Habitant de Belle-Rose, membre du PTr, il a vécu à La Réunion et en Australie pour les études et le travail avant de rentrer à Maurice pendant la pandémie de Covid-19 en 2020. Il a une formation de soigneur équidé et il était jusqu’à tout récemment le constituency clerk de Stéphanie Anquetil. Il offre aussi des leçons de mathématiques gratuites. Aujourd’hui, la ville de Quatre-Bornes, il la souhaite redynamisée et propre. Pour lui, il est aussi essentiel de revoir les terrains et les maisons abandonnés : «Ce sont de véritables repaires pour les drogués et les voleurs.»
Jameel Ahmad Foondun, maire-adjoint. Une longue carrière dans l’enseignement (comme son père et son grand-père), un parcours d’entrepreneur, un regard tourné vers les jeunes. Jameel Ahmad Foondun veut faire la différence. 43 ans, habitant d’Ollier, marié et père de deux enfants (6 ans et 11 ans), son engagement politique auprès du PTr est aussi de famille. «Mon grand-père était politicien, proche de sir Satcam Boolell. Il a participé, en Angleterre, aux discussions pour l’indépendance. Il m’a beaucoup inspiré», confie l’enseignant d’informatique au Lycée Mauricien à Phoenix. Même si ça lui a pris du temps et de la réflexion pour se lancer, il est, aujourd’hui, prêt à relever ce nouveau challenge. Un engagement pour sa ville mais aussi pour les jeunes : «Je comprends leur langage, leur code. Leurs difficultés et leurs aspirations, aussi. Une école, c’est un reflet de la société.» Alors, il veut les motiver, ces jeunes, leur donner du rêve, des activités, des passions.
À Rose-Hill
Marie Gabriella Rimena Batour, mairesse. Une voix inspirante. Marie Gabriella Rimena Batour, 32 ans, en a une. Cette habitante de Rose-Hill, maman d'une fille de trois ans, a une maman rodriguaise (une demoiselle Perrine d’Anse-aux-Anglais) et un papa mauricien. Ces deux cultures ont habillé son monde et sa pensée, raconte-t-elle. Au collège Lorette de Rose-Hill, elle se passionne pour les langues. Apprend l’allemand et se lancera dans le domaine du tourisme, après l’école. Puis viendra le temps de s’engager : «Je voulais servir la communauté.» Elle rejoint une organisation non gouvernementale, et est travailleuse sociale et coordinatrice de terrain pour Camp-Levieux. En même temps, elle poursuit ses études à l’Université de Maurice en sciences politiques, axe sa thèse sur le leadership au féminin dans la politique africaine (fait une étude comparative entre le Rwanda et Maurice). En 2018, elle rejoint le MMM. Sélectionnée parmi les 25 female leaders in Africa, elle se rendra au Ghana. Ces municipales sont sa première expérience en tant que candidate. Et elle vibre pour les villes sœurs qu’elle souhaite modernes, innovantes, inclusives (pour les personnes à mobilité réduite) et participatives : «Je crois fermement au community engagement.»
Gina Poonoosamy, mairesse-adjointe. Une nouvelle aventure. Une de plus dans une vie remplie de joie, de découvertes et de challenges. Gina Poonoosamy, 67 ans, vit à Belle-Étoile, avec son époux, Rama (qu’on ne présente plus !) et leur fille, Amsi. C’est pour elle, diagnostiquée autiste, que le couple a créé une école spécialisée, Anou Grandi, en 1999. Si Gina a, longtemps, accompagné son époux dans son parcours politique, elle s’est, aussi, engagée très jeune dans le leadership, grâce au cours de l’Institut développement progrès (IDP) mis en place par le diocèse catholique : «Pour former les jeunes afin qu’ils deviennent des leaders», explique celle qui évolué dans le monde municipal et a été chef du département du bien-être social à Port-Louis. Son parcours spirituel s’est mêlé à celui de son engagement sociétal ; l’envie d’apprendre, de se dépasser, d’inspirer ont toujours fleuri en elle. Les femmes, le mauricianisme, l’engagement éco social, la bienveillance… Autant de thématiques qui l’ont rapprochée de Rezistans ek Alternativ. Alors, quand on l’a invitée à être candidate aux municipales 2025, elle a pris cet appel comme un nouveau challenge.
À Curepipe
Ravind Bissonauth, maire. L'homme voit rouge quand il parle de l’ancienne équipe dirigeante de la municipalité de Curepipe : «Sete bann kriminel, lavil inn vinn enn malpropte.» D’ailleurs, le rouge, c’est sa couleur depuis 50 ans. Fidèle des fidèles du PTr, cet ancien policier a travaillé aux côtés de sir Seewoosagur Ramgoolam en se donnant «corps et âme». À 71 ans, il jette un regard serein sur son parcours professionnel et politique. Évoque ses années à travailler auprès de différents ministres, le professionnalisme de Paul Bérenger qui a décanté, en 1982, une situation difficile avec la question des transferts des policiers. Cet habitant d’Eau-Coulée, qui a été conseiller municipal en 2012, engagé dans le social, proche des citadins, «mo fer sewa pou zot tou», ne chôme pas. À 8 heures, ce samedi 17 mai, il est devant la mairie pour faire un constat. Il veut agir vite et bien : problèmes d’éclairage public, de drains, de propreté, il va tout gérer, dit-il.
Diana Ami-Lepois, mairesse-adjointe. L’idée lui est venue petit à petit. Elle a fait son chemin, puis s’est imposée comme une évidence : «Je voyais l’état de la ville de Curepipe, la ville où j’ai grandi et où je vis. Ca me faisait vraiment mal au cœur. Je me suis dit qu’en tant que citoyenne ordinaire, je ne pourrais pas faire avancer les choses. Alors, je me suis engagée.» Elle a rejoint les Nouveaux Démocrates il y a quelques mois et Diana Ami-Lepois, 42 ans, s’est lancée dans l’aventure des municipales. Maman de deux garçons (19 ans et 17 ans), elle est dans le domaine de l’enseignement depuis plus de 20 ans, est directrice d’une crèche et maternelle. Elle souhaite œuvrer pour que les Curepipiens.nes puissent dire qu’ils.elles sont fièrs.es de venir de cette ville, que les jeunes, comme ses fils, puissent y trouver de l’inspiration et des activités.
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