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12 juin 2024 19:13
Une autre incohérence s’est ajoutée à la liste déjà longue notée jusqu’ici dans l’enquête policière autour de la disparition et de la mort pour le moins troublantes de Pravin Kanakiah. La dépouille de ce Procurement Supply Officer a été retrouvée à Roche-qui-Pleure le 11 décembre 2020. Son épouse Reshmee avait signalé sa disparition au poste de police de Moka la veille. Les travaux de l’enquête judiciaire instituée par le Directeur des poursuites publiques pour faire la lumière sur ce décès suspect se sont poursuivis le lundi 3 juin. La séance a été marquée par l’audition de Siva Govinden, un ancien élément de la MCIT, devant la magistrate Ameerah Dhunnoo.
Ce constable avait pour mission, à l’époque, d’identifier l’habitant de Plaine-Magnien sur les images des caméras Safe City se trouvant non loin de l’arrêt d’autobus à Réduit, suivant la déposition d’Oushna Sookeea, une ex-collègue du défunt, qui affirme l’avoir vu le jour de sa mystérieuse disparition. Le policier Govinden est aussi celui qui a visionné les images des caméras de vidéosurveillance fournies par le ministre des Finances Renganaden Padayachy qui a une villa à Roche-qui-Pleure, endroit où le corps du Procurement Supply Officer a été retrouvé au fond d’une falaise. Pressé de questions, l’ex-policier a concédé qu’il n’a pu identifier Pravin Kanakiah sur les images mises à sa disposition.
Lors de la même séance en cour, Me Damodarsingh Bissessur, Senior State Counsel, a demandé la permission de la magistrate Ameerah Dhunnoo pour visionner, d’abord, les images des caméras de vidéosurveillance se trouvant au domicile de Pravin Kanakiah datant du 10 décembre 2020. Ce sont les seules images dont la police dispose où on voit clairement le fonctionnaire portant son fameux pantalon noir et une chemise de couleur claire. Sur lesdites images toujours, on le voit ouvrir son portail, vers 7h25, pour quitter son domicile à bord de sa voiture. Tous ceux présents en cour ont ensuite visionné les images d’une caméra Safe City se trouvant à Réduit, dans les parages où Oushna Sookeea affirme avoir vu Pravin Kanakiah le jour de sa mystérieuse disparition.
Sur lesdites images, on voit un homme avec un sac à dos non loin des handrails de l’arrêt d’autobus qui se trouve en face de l’université de Maurice portant, semble-t-il, un pantalon et une chemise identiques. Pressé de questions, l’ancien constable a déclaré qu’il n’a pu distinguer s’il s’agissait vraiment de Pravin Kanakiah car les images étaient pixélisées quand il a zoom in. Il souligne qu’il n’a fait qu’utiliser la description fournie par Oushna Sookeea pour identifier la victime. Me Bissessur a ensuite enchaîné avec le visionnage d’une troisième vidéo : celle contenant les images de La Falaise Villa, une propriété privée appartenant au ministre Renganaden Padayachy. Autre rebondissement de taille. L’ancien élément de la MCIT a déclaré qu’il n’a vu qu’une silhouette d’une personne qui est difficilement identifiable. La magistrate Ameerah Dhunnoo a alors voulu savoir s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. L’ex-policier a tout simplement répondu qu’il est difficile de répondre à cette question car les images étaient furtives. Il a aussi précisé qu’il a tout dit dans sa déposition lorsque Me Bissessur lui a demandé s’il confirme n’avoir pu identifier Pravin Kanakiah sur les images visionnées. Rama Valayden, qui assiste aux travaux en tant que watching brief pour le compte de Reshmee Kanakiah, a ensuite pris le relais avec une autre série de questions pertinentes.
L’une d’elles avait un lien avec le sac de la victime. L’ancien policier Govinden avait retrouvé le sac du défunt lors d’une battue dans les environs de Roche-qui-Pleure le 29 décembre 2020. Me Valayden a aussi voulu savoir qui a mis les images des caméras de vidéosurveillance de La Falaise Villa à la disposition de la police. «Honorable Padayachy gave us access», a répondu le témoin. L’avocat a également voulu savoir si l’ancien policier connaissait la taille de Pravin Kanakiah. Celui-ci a répondu par la négative en précisant qu’il avait eu des instructions pour faire des recherches en se basant uniquement sur la description d’Oushna Sookeea. «Paret ena cover-up de tre o nivo dan sa case-la», a déclaré Rama Valayden à la presse à la fin de la séance.
Il a ajouté : «Mo pou kontign dir ki lapolis inn bakle lanket lor lamor Kanakiah. Inn pey kamera Safe City par miliar pou apre pa kapav zoom bann zimaz. Ou rod enn dimoun selma ou pa konn so oter. Mo pou fer demars DPP pou ki fer enn site visit kot inn gagn lekor misie Kanakiah pou ki ou trouv bann manti kinn koze. Eski lapolis ti pou interes li ek bann zimaz kamera ki trouv kot minis Padayachy si Avengers pa ti koz enn VVIP ? Ena plizier kestion ki touzour san repons. Kifer lapolis inn aret fer resers kan inn gagn sak misie Kanakiah ? Nou pena rezon pou met an dout parol madam Sookeea. Nou zis anvi kone si kikenn inn kidnap misie Kanakiah zis apre ki sa madam-la inn trouv li dan Réduit.»
Rama Valayden fait un plaidoyer pour qu’il y ait un juge d’instruction à la mauricienne. Et avance qu’il y aura d’autres rebondissements lors des prochaines séances de l’enquête judiciaire. «Prosen etap lanket zidisier se odision bann temwin ki pou bisin koz lor bann dosye procurement ki misie Kanakiah ti okipe avan li mor. Kapav samem mobile pou kifer inn touy li parey kouma dan case Kistnen, Potie ek Mooniaruth», affirme Rama Valayden. Oushna Sookeea, qui travaille comme Management Support Officer, avait déjà déclaré en cour que les enquêteurs ne se sont pas intéressés aux documents de travail du défunt qui se trouvent toujours à son ancien bureau, à Réduit. Les travaux de l’enquête judiciaire se poursuivront le 21 juin.
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