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30 avril 2019 01:30
Stéphane et Joanne Mangue sont plongés dans un tourbillon d’émotions. Les mots leur manquent pour décrire leur souffrance, palpable à l’œil nu. Il y a la révolte, le chagrin, le sentiment d’impuissance. Désespérés par la perte de leur fille Adrianna qui avait soufflé sa première bougie le 8 mars, les Mangue crient à la négligence médicale et ont porté plainte au Citizens Advice Bureau (CAB) de Chemin-Grenier, le vendredi 26 avril. «Je me battrai pour que la vérité éclate, car je ne souhaite pas que la même chose se répète dans une autre famille. Ce n’est pas évident. Notre fille avait toute sa vie devant elle», nous confie Stéphane Mangue, la voix cassée par le chagrin.
Les faits remontent au début de cette année. Adrianna, benjamine d’une fratrie de deux enfants, avec un troisième à naître dans trois mois, souffre fréquemment de forte fièvre. Ses parents, inquiets, l’emmènent à l’hôpital, mais à chaque fois, on les renvoie sans un diagnostic précis. «Il a fallu qu’un médecin du privé nous dise de réclamer une radiographie à l’hôpital pour que le personnel de l’établissement se rende compte que son état était sérieux. Elle avait un souffle au cœur et elle devait se rendre au plus vite en Inde pour se faire opérer», explique le père de famille. Le 20 mars, étant donné que Joanne est enceinte de sept mois, Stéphane accompagne seul sa benjamine en Inde pour qu’elle puisse subir son opération à l’hôpital Artemis. «Les médecins sur place ont découvert qu’elle avait deux problèmes au cœur et non un seul. Elle avait une artère bouchée et une autre à remplacer. Son opération, qui a duré près de sept heures, s’est très bien passée et les médecins, confiants, nous ont autorisés à rentrer plus tôt à Maurice après s’être assurés que l’état de santé d’Adrianna était stable», nous confie Stéphane.
Le 11 avril, le père et la fille rentrent à Maurice. Les médecins indiens lui avaient, au préalable, recommandé d’emmener sa fille à l’hôpital dès son retour pour un suivi et d’éliminer le sel de son alimentation. Stéphane emmène donc sa fille à l’hôpital SSRN. Sa température est alors élevée, elle transpire beaucoup et a une bosse près de son estomac, mais les médecins disent au père de famille que tout est normal et de revenir dans deux semaines. «Je leur ai dit qu’en Inde elle n’avait pas eu ces réactions, mais je n’ai pas réfuté leur propos.» Or, dans la nuit du dimanche 21 avril, l’état de santé d’Adrianna empire. Ses parents la conduisent à l’hôpital de Souillac, qui la transfère à l’hôpital Jawaharlal Nehru. Elle y décédera quelques heures après son admission. «Les médecins m’ont dit que c’est son cœur qui a lâché. À mon mari, ils ont déclaré qu’Adrianna avait eu une infection, mais souffrait aussi de diabète et d’anémie. Comment expliquer ces différentes versions ? Nous voulons la vérité !» s’insurge Joanne.
Du côté du ministère de la Santé, on confie simplement : «Nous attendons la plainte des parents pour pouvoir initier une enquête.» Adrianna, 1 an, laisse derrière elle une famille plongée dans l’incompréhension, la tristesse et en quête de vérité.
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