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2 juillet 2019 03:53
Il porte le doux prénom de Bhiaan. Cela veut dire cadeau de Dieu en hindi. D’ailleurs, c’est ce qu’il représente pour son père Sailesh Jhugaroo. «Mon fils Bhiaan est mon cadeau de Dieu», confie cet habitant de Camp-des-Embrevades, à Pamplemousses, partagé entre la joie d’accueillir ce petit être dans sa vie et le chagrin immense d’avoir perdu son épouse Bindia quelques heures après la naissance du bébé. «Elle n’a même pas pu voir le visage de notre enfant», regrette Sailesh, 43 ans.
Son bonheur a viré au cauchemar le matin du 19 juin dernier, quand il a appris que son épouse avait succombé à une hémorragie durant la nuit. La veille, dans l’après-midi, elle avait mis au monde le petit Bhiaan. Le petit garçon qu’elle attendait avec tellement d’impatience avec son époux et leur fille cadette, Nandhisha, âgée de 10 ans. Il y a deux ans, le couple avait connu un terrible drame : son aînée Shiyaha, alors âgée de 13 ans, avait fait une chute mortelle dans la salle de bains. «Nandisha est encore traumatisée par la perte tragique de sa sœur et voilà qu’elle perd sa maman maintenant», lâche Sailesh, le cœur lourd de chagrin et de regret.
Après la douleur causée par la mort de leur grande fille, les Jhugaroo voyaient dans la naissance prochaine de Bhiaan un nouvel espoir, un nouveau bonheur. Ils savaient depuis le huitième mois de grossesse que ce serait un garçon. «On attendait cet enfant avec beaucoup d’impatience et espérions que tout se passerait bien. Je n’ai plus goût à rien», nous dit Sailesh.
Le petit Bhiaan, dit-il, est venu au monde dans des circonstances vraiment difficiles. Il est d’ailleurs toujours à l’unité néonatale des soins intensifs, à l’hôpital de Pamplemousses. «Pourtant, ma femme avait eu une bonne grossesse, comme les fois précédentes. Et elle a accouché au jour prédit par son médecin», explique Sailesh. Bindia avait rendez-vous à l’hôpital le 18 juin pour son accouchement. Ce jour-là, Sailesh a quitté leur fille à l’école avant d’aller la déposer à l’hôpital, vers 8 heures. C’est finalement vers 16h30 que son épouse a pu accoucher par voie naturelle. «Le personnel soignant m’a dit qu’elle a eu un accouchement très difficile», souligne Sailesh.
On lui a fait comprendre, dit-il, que le cordon ombilical s’était enroulé autour du cou de leur fils. Il a d’ailleurs dû subir une intervention chirurgicale peu après sa naissance. Bindia, elle, est décédée dans la nuit, à l’unité des soins intensifs où elle avait été admise peu après l’accouchement. Mais ce n’est que bien après, vers 6h30, le 19 juin, que Sailesh a appris la terrible nouvelle. «Mo sel regre se ki mo pann resi get figir mo madam ditou apre ki mo ti kit li lopital. Mo sagrin osi ki li pann kapav get figir nou garson», déplore Sailesh.
Sa femme et lui étaient mariés depuis huit ans mais ils étaient en couple depuis plus de 10 ans. Bindia – qui était originaire de Plaines-des-Papayes – travaillait comme caissière au Mauritius Turf Club. Sailesh travaille, lui, comme chauffeur et reprend le boulot le lundi 1er juillet. Aujourd’hui, avec le départ tragique et subit de son épouse, son chagrin est immense : «Enn bel soufrans sa. Mo ankor dan sok. Mo touzour pa krwar ki mo madam inn mor.» Il appréhende également l’avenir.
«Mo garson pa kone kiete dile mama ditou. Li pou konn zis dile dan bwat», lance-t-il, ému. Il ne sait pas ce qu’il serait devenu sans le soutien de son frère et de sa belle-sœur qui habitent tout près, dans la même cour familiale. Ses parents sont décédés et ses cinq sœurs habitent loin, dit-il. Sailesh confie que sa belle-sœur s’occupe déjà de sa fille et qu’elle va en faire de même pour son fils.
Il attend maintenant le retour de Bhiaan à la maison pour éclaircir les nombreuses questions qu’il se pose sur le décès de sa femme. «Je vais aller rencontrer le surintendant de l’hôpital pour avoir des explications. Je veux savoir comment elle a fait une hémorragie et pourquoi on ne lui a pas fait une césarienne pour lui éviter des complications.» Sailesh envisage également de déposer une plainte à la police et de réclamer des dommages. «Mo pe tann tro boukou kitsoz lous. Kifer lopital inn empes mwa get li sa swar la ? Monn zis trouv dimounn ale vini ek pint disan.»
Il explique qu’après l’accouchement, il est resté dans le couloir pendant de longues heures, puis est rentré chez lui après avoir vu son fils sortir du bloc. Il ne comprend toujours pas pourquoi le personnel soignant n’a pas pris la peine de l’appeler pour l’informer tout de suite du décès de son épouse. C’est en arrivant à l’hôpital pour la visite matinale qu’il a appris la terrible nouvelle. Un préposé du ministère de la Santé nous a expliqué qu’il y aura certainement une enquête interne si une plainte formelle est enregistrée au niveau du service hospitalier.
Ce qui était censé être un heureux événement s’est terminé en tragédie. Amber Kurmally, une Pakistanaise mariée à un Mauricien, est décédée à l’hôpital Jeetoo en mettant au monde son troisième enfant. Le rapport d’autopsie indique que cette habitante de Plaine-Verte, âgée de 41 ans, a succombé à un choc hypovolémique – un déficit de sang se traduisant par une baisse de la pression artérielle. Les faits se sont produits, le mardi 25 juin. Comme Amber Kurmally souffrait d’horribles douleurs, son époux Binyamine l’a emmenée de toute urgence à l’hôpital vers 6 heures. Sur place, il a appris du personnel soignant que l’état de santé de son épouse était très critique. La quadragénaire a rendu l’âme peu après ainsi que son bébé. Le ministère de la Santé a initié une enquête. Un préposé dudit ministère confirme qu’Amber Kurmally est arrivée à l’hôpital dans un état inquiétant. Deux médecins se sont occupés d’elle et de son bébé. Mais ils n’ont pu être sauvés. Binyamine Kurmally est complétement anéanti depuis ce double drame.
Le bonheur d’un jeune couple qui attendait impatiemment la venue de son premier bébé s’est transformé en véritable cauchemar. Leur bébé, né à terme, a succombé à une hémorragie après un accouchement aux forceps. Cela s’est passé dans une clinique privée des Plaines-Wilhems, il y a deux semaines. La direction de cet établissement a d’ailleurs initié une enquête pour situer les responsabilités.
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