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Sunil Bundhoo poignarde sa compagne et tente de se suicider | Akash, le fils du couple : «Linn deza dir mo mama li pou pik li»

Le jeune homme raconte le calvaire de sa mère Anita entre les mains de son père.

Anita Gangadoss lutte pour sa vie à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Jeetoo où elle est admise depuis le mercredi 29 mai, soit le jour où son compagnon Sunil Bundhoo lui a assené plusieurs coups de couteau après une énième dispute conjugale. Cet habitant de Batterie-Cassée a, par la suite, tenté de se suicider en ingurgitant une substance nocive. Leur fils Akash revient sur ce terrible drame.

«La violence, c’est pas toujours frappant mais ça fait toujours mal.» C’est ce que disait avec raison l’auteur et réalisateur canadien Richard Leclerc dans un slogan publicitaire contre la violence faite aux femmes. Cette violence brute, masculine, inexplicable et révoltante, Anita Gangadoss, 53 ans, en a fait les frais durant de nombreuses années et aujourd’hui, elle gît inconsciente sur un lit d’hôpital à l’unité des soins intensifs, entre la vie et la mort, après avoir été agressée pour la énième fois par son compagnon Sunil Bundhoo, un bûcheron de 54 ans. Le mercredi 29 mai, il lui a assené plusieurs coups de couteau et l’a aspergée d’une substance nocive qu’il a, par la suite, lui-même ingurgitée. Il est lui aussi admis à l’hôpital mais son état n’est pas jugé critique. Il sera traduit en cour à sa sortie.

 

Akash Bundhoo, le fils aîné du couple, âgé de 21 ans, est complètement bouleversé par ce drame qui, il le réalise avec chagrin et impuissance, n’est que la suite logique de toute une série d’agressions qui durent depuis longtemps, trop longtemps. «Mo papa inn deza dir mo mama li pou pik li», confie-t-il. Le jour fatidique, il rentrait chez lui à Batterie-Cassée après le travail, vers 15h15 – il est jardinier dans un hôtel du Nord –, quand il a appris la terrible nouvelle. «Un ami de mon père m’a appelé en catastrophe pour me raconter ce qui s’était passé. Un voisin m’a également contacté au téléphone à ce sujet. En arrivant dans mon quartier, j’ai croisé mon père près d’une boutique. Il était saoul et saignait de la bouche. Il a tenté de m’agresser lorsque je lui ai demandé des explications», relate le jeune homme.

 

En arrivant chez lui, il se rend directement dans sa maison en construction, qui se trouve à côté de celle en tôle de ses parents. Il a appris de ses voisins que sa mère a été traînée par son père jusque-là après avoir été agressée chez elle. Et quand elle a appelé à l’aide, son bourreau lui a lancé une substance nocive au visage avant de s’en aller. Akash la découvre alors allongée dans un coin, avec une couverture sur elle. Son visage a commencé à noircir dû au produit nocif qui l’a atteinte et elle porte de graves blessures sur plusieurs parties du corps. Elle est consciente mais ne peut pas parler.

 

«Se avek enn kouto lakwizinn mari fite ki mo papa inn agres mo mama», précise leur fils. La violente altercation entre eux a éclaté vers 15 heures, nous explique un voisin : «Zot inn lager kan misie-la inn rod kas ek so madam pou al bwar me li pa ti ena kas pou donn li. Lerla linn pik li plizir kout.» Alertés, les policiers de la région arrivent rapidement sur les lieux et transportent Anita qui entre-temps, a plongé dans un état semi-comateux, à l’hôpital Jeetoo dans un de leurs véhicules. Sur place, elle subit sans tarder une délicate intervention chirurgicale pour suturer ses plaies et est ensuite admise à l’unité des soins intensifs où son état inspire toujours de vives inquiétudes.

 

Substance nocive

 

Chez elle, les enquêteurs retrouvent un couteau de 24 cm, avec une lame de 19 cm, soupçonné d’avoir servi à l’agression. Sunil est arrêté quelques heures plus tard, vers 18h30, dans le voisinage. Interrogé, il déclare aux policiers : «Mo mem kinn pik mo madam. Mo soumet mwa lotorite ek mo pou donn mo lanket par mo mem.» Il fait aussi comprendre aux policiers qu’il a ingurgité une substance nocive après avoir agressé sa compagne car il voulait mettre fin à ses jours. Il a alors été amené à l’hôpital Jeetoo pour recevoir des soins avant d’être placé en observation en salle 2.3.

 

«Me kan monn al get li laba mo pann trouv li», confie Akash. Il a appris par la suite que la police l’a fait admettre dans une autre salle de peur qu’il ne soit victime de représailles de la part des voisins ou de la famille d’Anita. Les frasques de Sunil étaient bien connues des gens de la localité qui ont d’ailleurs applaudi lors de son arrestation. «Bien lontan zot res la. Tou dimounn kone dan landrwa ki mari-la ena move lavi», explique un voisin. Un autre ajoute : «Enn bon madam sa. Misie-la soular.» Les voisins sont tous unanimes à dénoncer la violence de Sunil.

 

Les langues se délient après l’agression qui a bien failli coûter la vie à Anita, la troisième femme qui partage sa vie selon les gens de la localité. On apprend ainsi que sa deuxième concubine l’avait quitté car elle ne voulait plus subir ses coups. Sa première compagne s’était, elle, suicidée par immolation dans des circonstances troublantes, selon un habitant de l’endroit. Sunil aurait également eu plusieurs fois maille avec la police dans le passé, nous dit-on. Ce que confirme son fils. Dans le passé, le quinquagénaire a déjà été arrêté, notamment pour agression et possession de drogue, souligne Akash.

 

Mais son père, précise-t-il, n’a jamais été dénoncé à la police par son épouse pour les multiples agressions dont elle a été victime. «Sak fwa mo papa sou li lager ar li, li bat li, li menas li. Mo mama inn deza res lopital tou akoz sa me zame linn fer case kont li lapolis», avance Akash. Une seule fois sa mère a dénoncé son père à la police et ça ne la concernait pas directement mais son fils cadet. «Sel fwa mo mama inn port plint kont mo papa se kan linn met kouto anba lagorz mo ti frer ki ena 16 an. Case-la CDU. Mama ti kit li an zanvie. Mo frer ek mwa osi ti kit lakaz ti al kot mo nani Grand-Baie. Mo papa inn deza bat mwa osi ek kraz mo motosiklet», souligne Akash. Il y a un mois, Anita a déserté le toit conjugal après une autre violente dispute avec son mari. Elle avait rejoint ses fils qui se trouvaient déjà chez leur grand-mère à Grand-Baie.   Aux petites heures du dimanche 26 mai, jour de la fête des Mères, Sunil est venu implorer le pardon de sa compagne. «Li ti vinn tap laport kot mo nani 3 er di matin. Li ti vinn dimann mo mama pardon. Lerla nou ti fer fet mama ansam», raconte Akash. Il précise que son père «ti fer bon garson parski li pa ti bwar ditou». Sunil est resté chez sa belle-mère jusqu’à mardi matin avant de rentrer chez lui, à Batterie-Cassée, en compagnie de sa concubine. «Ma mère a cru qu’il avait vraiment changé. Elle a également décidé de le suivre pour des raisons pratiques, à cause de son boulot. Elle travaille dans le département laundry d’un hôtel du Nord et celui-ci est actuellement en rénovation. Elle a été mutée temporairement dans un autre hôtel au Morne. Elle devait prendre le transport à Port-Louis. Et Batterie-Cassée est plus près», confie Akash, d’une voix cassée par l’émotion.

 

Hélas, le lendemain, son père a grièvement agressée sa mère après une énième dispute. Et cette fois, il a failli lui enlever la vie. D’ailleurs, elle n’est pas encore sortie d’affaire. Elle a subi une autre opération à la tête vendredi soir pour extraire du sang coagulé mais son état est toujours critique.