Il ne sait pas encore ce que lui réserve l’avenir. Atteint d’une balle au genou gauche pendant qu’il cueillait des fruits, cet habitant de Bois-Rouge de 42 ans a déjà subi deux interventions chirurgicales mais ne sait pas encore s’il devra être amputé ou pas. Alité, il revient sur cette journée fatidique où il a failli laisser la vie. Témoignages.
Il a frôlé la tragédie mais n’est pas tiré d’affaire pour autant. Depuis le dimanche 10 mars, Davin* est cloué à un lit d’hôpital, incapable de marcher. Il ne sait pas encore s’il retrouvera un jour l’usage complet de ses deux jambes. Plus tôt ce jour-là, cet habitant de Bois-Rouge âgé de 42 ans s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Il cueillait des fruits dans les parages de Calebasses lorsqu’un groupe de personnes l’a surpris. L’un d’eux lui aurait tiré une balle dans le genou, le blessant grièvement. Conduit à l’hôpital SSRN par son frère, Davin a dû être admis. Jusqu’ici, il a subi deux interventions chirurgicales.
Affaibli et souffrant atrocement, c’est avec beaucoup de difficulté que le quadragénaire revient sur cette atroce journée. Ce matin-là, dit-il, il s’était rendu dans les parages de Calebasses, sur un terrain en friche situé près d’une rivière, pour y cueillir des fruits. C’est, d’ailleurs, en revendant les fruits qu’il cueille que ce papa de deux enfants gagne sa vie. «Monn trouv inpe frisiter lor enn pie lerla monn grinpe pou kas li. Letan monn monte, monn tann enn dimoun kriye mwa.» Lorsqu’il s’est retourné, il aurait vu un groupe de personnes. L’un d’eux l’aurait questionné sur le motif de sa présence en ces lieux. «Je lui ai répondu que le terrain était abandonné mais il m’a traité de voleur.» C’est ainsi que l’individu, qui avait une arme à feu, lui aurait tiré une balle au genou droit.
Lorsqu’il s’est écroulé sur le sol, il aurait été roué de coups par ce groupe d’inconnus avant d’être abandonné à son sort. Bien qu’il souffrait atrocement, il a pu ramper pour se rendre chez un habitant de la localité et demander de l’aide. Informé de son état, son frère l’a aussitôt rejoint sur place et l’a conduit à l’hôpital de Pamplemousses, où il a été admis. Dans les heures suivantes, il a dû subir une première intervention chirurgicale visant à enlever les projectiles de sa blessure. Il a ensuite eu recours à une deuxième opération le vendredi 15 mars. Bien qu’à ce stade, la police n’écarte pas la possibilité que le quadragénaire, connu des services de police, ait été pris en flagrant délit de vol, celui-ci insiste sur le fait qu’il était simplement en train de cueillir des fruits sur un terrain abandonné. Les enquêteurs comptent l’interroger à nouveau une fois qu’il sera remis.
De leur côté, les proches de la victime déplorent la violence dont ont fait preuve ses agresseurs. «Si zot ti pe pense ki li pe kokin, zot ti bisin kit li ek lapolis. Zot pa ti bizin pran lalwa dan zot lame. Nous savons qu’il a l’habitude d’aller cueillir des fruits pour les revendre aux habitants de la localité ; c’est comme cela qu’il gagne sa vie. À cause de ce qui s’est produit, il risque de perdre l’usage de sa jambe», confie son frère.
À ce stade, la Criminal Investigation Division (CID) de Pamplemousses a déjà interpellé un habitant de la localité. Celui-ci est le propriétaire d’un terrain et détenteur d’un permis de port d’arme. Questionné sur ce terrible incident, il a avancé ne pas être impliqué dans cette affaire. Les enquêteurs comptent sur l’interrogatoire de la victime pour y voir un peu plus clair dans cette affaire.
(*prénom modifié)