Publicité

Vol de litchis chez le commissaire de police | La mère du voleur : «S’il est en prison c’est qu’il a fauté»

12 décembre 2016

Condamné à plusieurs reprises pour des délits de vol, Yvon Antoine Rose a une nouvelle fois sévi. Cette fois, c’est dans la cour du commissaire de police (CP) Mario Nobin, à Moka, qu’il a volé environ 200 litchis. Pris la main dans le sac, il a été arrêté et condamné le même jour à six mois de prison. Une affaire qui fait beaucoup jaser et s’interroger. Est-ce normal de condamner aussi vite une personne ? Ou bien est-ce parce que le délit s’est déroulé chez le CP ? Six mois de prison pour vol de litchis, n’est-ce pas trop ?

 

Si les avis divergent sur la question (voir plus loin), chez la famille du suspect, cette arrestation et cette condamnation immédiate ne semblent étonner personne. Sa mère Marylise Hyppolite la première: "Personne ne peut échapper à la justice. Si mon fils est en prison, c’est qu’il a bel et bien fauté." Il faut dire qu’Yvon Rose, 42 ans, est loin d’être un enfant de chœur. «Mon fils nest pas un saint», précise sa mère. Son fils, dit-elle, n’a cessé d’avoir des ennuis avec la justice depuis qu’il a 15 ans, surtout pour des cas de vol. Ce, dans l’unique but d’assouvir son penchant pour la bouteille. "Il a sombré dans l’enfer de l’alcool depuis des années. Il travaille et vole uniquement pour acheter de l’alcool. On vit dans la misère noire et il ne donne pas un sou pour la nourriture. Il a arrêté l’école très tôt et a eu de mauvaises fréquentations. Il a passé quelques années au centre de détention pour mineurs et fait plusieurs allers-retours en prison", confie cette habitante de Cité Sainte-Catherine à St-Pierre.

 

Aujourd’hui encore, son fils Yvon, qui vit sous son toit, continue à lui faire voir de toutes les couleurs. Le vendredi 2 décembre, il a été pris en flagrant délit de vol au domicile du CP Mario Nobin. C’est un policier qui l’a surpris et qui a prévenu les policiers du poste de police de Moka qui l’ont arrêté. Il a été traduit le même jour devant la Cour de Moka où il a plaidé coupable. Quelques minutes après, il écopait d’une peine de six mois de prison ferme.

 

Quelques jours plus tôt, il avait eu d’autres ennuis, toujours parce qu’il avait volé. "Ce jour-là, il avait été roué de coups à Côte d’Or parce qu’il avait volé des objets. Le vendredi 2 décembre, il m’a dit qu’il allait faire un petit boulot. Mais il n’est pas rentré après. Je ne me suis pas inquiétée car il lui arrive de s’absenter. C’est dimanche, en lisant les journaux, que nous avons su qu’il avait été arrêté et mis en prison." Ce qui n’a étonné personne chez lui.

 

Toujours est-il que la condamnation ultra-rapide d’Yvon Rose n’en finit pas de faire jaser.

 

Les avis divergent autour de sa condamnation rapide

 

Est-ce normal de juger et condamner une personne le même jour comme cela a été le cas pour le voleur qui a été arrêté pour vol de litchi chez le commissaire de police ? Un policier et deux hommes de loi répondent.

 

Me Deepak Ruthnah : «A-t-il eu droit à un avocat ?»

 

"Cette situation est possible mais il faut respecter la provisional charge. Ce n’est pas parce que cela concerne le commissaire de police qu’il faut faire les choses à une vitesse supérieure et condamner le suspect le même jour. Est-ce qu’on sait si c’est le vrai suspect, si c’est vraiment lui qui a volé ? Tout cela devrait être vérifié avant de prendre des actions barbares dans un pays où règne la démocratie. Je trouve que c’est injuste et c’est un abus de procédure qu’une personne soit condamnée le même jour. D’ailleurs, a-t-il eu droit à un avocat ?"

 

Me Dick Ng Sui Wa : "Cest exceptionnel"

 

"On peut accélérer les procédures concernant la condamnation d’un suspect. Mais c’est un service express et exceptionnel. Ce qui est un peu choquant, c’est que le suspect a écopé de six mois de prison mais en même temps, je ne connais pas ses antécédents, son histoire. S’il a plusieurs antécédents, cette condamnation est un peu normale. Tout dépend de la magistrature qui traite certains cas rapidement. Mais cela a toujours un lien avec l’urgence de la situation.»

 

Inspecteur Siva Coothen : «Plus de 100 cas traités de la même manière»

 

Le commissaire de police n’a pas voulu commenter cette affaire qui le touche de près mais à en croire l’inspecteur Siva Coothen du Police Press and Public Relations Office, la condamnation immédiate d’Yvon Rose n’est pas un cas isolé et tout a été fait dans les règles. «Cette affaire de vol chez le commissaire de police a été traitée dans la transparence et selon les lois en vigueur. Le commissaire de police Mario Nobin n’a eu aucun traitement de faveur. Plus d’une centaine de cas ont été traités de cette manière. Donc, ce n’est pas un cas isolé. Ce qu’on appelle le fast trackdans le jargon est appliqué lorsque celui qui est suspecté d’une quelconque offense à la justice confesse son crime."

Publicité