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24 juin 2025 08:58
La crainte, l’incertitude et l’inquiétude gagnent du terrain dans le monde et à Maurice. En effet, les conséquences du conflit qui oppose Israël à l’Iran, deux pays engagés depuis des années dans une rivalité sanglante en raison de la situation géopolitique, pourraient être terribles, tant sur le plan mondial que local.
Cette guerre ouverte entre Israël — soutenu par les États-Unis — et l’Iran a débuté le 13 juin 2025. Elle est considérée comme la troisième phase du conflit irano-israélien, dans un contexte régional particulièrement explosif.
Pour rappel, l’escalade entre les deux pays du Moyen-Orient a commencé avec une attaque surprise israélienne baptisée Rising Lion, menée par drones et missiles, contre des installations nucléaires et militaires sur le sol iranien. Peu après, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a justifié l’opération, affirmant qu’elle visait à «contrer la menace iranienne pour la survie même d’Israël».
L’offensive iranienne ne s’est pas fait attendre : Téhéran a répliqué en lançant des dizaines de missiles balistiques. Au dixième jour du conflit, les États-Unis ont marqué leur entrée officielle dans la guerre. Dans la nuit du 21 juin, le président Donald Trump a annoncé que l’armée américaine avait frappé trois sites nucléaires iraniens. Il a revendiqué un succès total de l’opération : «Il n’y a pas d’armée au monde qui aurait pu faire ce que nous avons fait cette nuit. Les sites nucléaires iraniens sont totalement oblitérés.» Trump a justifié cette intervention en déclarant que l’Iran ne menaçait pas seulement Israël, mais également les États-Unis.
En représailles aux frappes visant trois de ses sites nucléaires dimanche, l’Iran a annoncé, lundi soir, avoir lancé des missiles contre la base américaine d’Al-Udeid, au Qatar, où aucune victime n’est à déplorer. Plus tard dans la nuit, Donald Trump a annoncé qu’un cessez-le-feu avait été accepté par l’Iran et Israël. Ce cessez-le-feu devrait marquer «la fin officielle» du conflit, dans lequel les États-Unis étaient intervenus directement en bombardant des sites nucléaires iraniens. Selon le président américain, le cessez-le-feu devait entrer en vigueur ce mardi à 04h00 GMT et se dérouler en deux phases sur 24 heures. L’Iran devait d'abord cesser toutes ses opérations, suivi d’Israël, 12 heures plus tard. L’Iran de son coté affirme qu’il n’y a pas d’accord, mais qu'il est prêt à arrêter les frappes si Israël met fin à ses attaques.
Une crise qui secoue le monde et… Maurice
Le Premier ministre Navin Ramgoolam a exprimé, ce lundi 23 juin, sa profonde inquiétude face à l’intensification des violences au Moyen-Orient. Dans une déclaration à l’Assemblée nationale, il a lancé un appel pressant pour que les hostilités cessent immédiatement, afin d’éviter une escalade aux conséquences régionales potentiellement graves. Le Premier ministre a exhorté la communauté internationale à «user de toute son influence pour que les parties concernées donnent une chance à la diplomatie» et règlent le conflit «de manière pacifique».
Un communiqué a également été émis par le ministère des Affaires étrangères : «La République de Maurice, à l’instar du reste du monde épris de paix, exprime sa profonde inquiétude face à l’escalade de la violence observée durant le week-end au Moyen-Orient. Une situation qui, si elle n’est pas contenue, risque de s’aggraver et de provoquer une propagation du conflit à travers la région, compromettant ainsi la paix dans cette partie du monde.»
À l’échelle mondiale, ces tensions au Moyen-Orient alimentent de vives inquiétudes, tant leurs répercussions pourraient être majeures : envolée des prix du pétrole, déstabilisation géopolitique et bouleversements dans les relations internationales.
D’ailleurs, après les frappes américaines, l’Iran a brandi la menace de fermer le détroit d’Ormuz, un passage stratégique situé entre l’Iran et les Émirats arabes unis, par lequel transite près de 20 % du pétrole mondial. Une telle action provoquerait une flambée des prix de l’or noir et accentuerait l’instabilité économique mondiale.
Maurice subirait alors de plein fouet la hausse du prix du pétrole et du coût du fret, ce qui impacterait directement le pouvoir d’achat des consommateurs. Depuis le début du conflit, le baril de Brent — référence mondiale — est passé de 56 dollars en mai à 77 dollars à la mi-juin. De son côté, le coût du fret maritime devrait grimper dès le 1er juillet, ce qui affectera inévitablement le prix des produits de base.
Présent ce lundi à la conférence annuelle de la Community of African Banking Supervisors, à Balaclava, le gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, a exprimé ses inquiétudes quant aux répercussions de ce conflit sur la stabilité économique et financière. Il a également mis en garde contre les effets de ces tensions géopolitiques, qui pourraient affaiblir les devises et fragiliser les économies : «S’il y a des tensions géoéconomiques et la guerre, comme nous sommes un pays ouvert vers l’extérieur, le coût du fret va augmenter, l’essence est en train d’augmenter, le prix des produits va augmenter. S’il y a de l’instabilité et des craintes de représailles, les touristes vont probablement réfléchir à deux fois avant de venir. Les transactions entre pays seront aussi affectées. Nous entrons dans un monde d’incertitude, de volatilité, où il n’y a plus de prévisibilité. Ce sera difficile pour notre pays.»
La situation est également suivie de près par la State Trading Corporation (STC), qui affirme disposer d’environ un mois de stock de carburant. Toutefois, si le conflit se prolonge, l’approvisionnement pourrait devenir plus complexe. Quant aux consommateurs qui espéraient une baisse des prix, ils devront encore patienter car une telle perspective semble désormais compromise.
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