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2 juin 2014 22:41
Pour commencer, il y a l’honneur. Pas question d’avoir peur ou de se montrer sensible. Ce serait un signe de faiblesse. Ne comptez pas sur lui non plus pour les tâches ménagères. Il ne s’abaisserait pas à les faire. Et puis, il y a ce sentiment profondément ancré en lui qui le fait croire qu’il est supérieur à la femme. En amour, certains aiment séduire sans s’engager alors que d’autres, en couple, dominent. Ces stéréotypes définissent parfaitement les traits de caractère d’un macho. Ce portrait peut sembler quelque peu caricatural, mais il dépeint cependant la réalité de nombreuses femmes qui vivent sous le diktat d’un homme machiste. Difficile pour elles de ne pas finir en femmes soumises. La lutte est quotidienne.
Cela fait plus de 20 ans que Rebecca vit avec un macho. Un vrai de vrai. À la maison, c’est elle qui s’occupe des tâches ménagères, des repas et des enfants, et cela après une longue journée de travail, tout comme son mari. «Pour lui, c’est la femme qui doit laver, repasser, faire à manger et tout le reste. Il croit avoir raison sur toute la ligne. J’ai bien essayé de lui expliquer et de le changer, mais rien n’y fait. À chaque fois, c’était des disputes à n’en plus finir», explique-t-elle.
Quand elle a rencontré son époux, il était, se souvient-elle, quelqu’un de gentil, de smart et un beau parleur. Aujourd’hui, lessivée, elle se dit simplement qu’il a bien caché son jeu : «C’est toujours lui qui prenait les devants pour tout, mais c’est moi qui me coltinais tout le boulot. C’est comme pour la maison ; je participe autant que lui en ce qui concerne les frais, mais dans sa tête, c’est toujours lui qui fait tout. Il pense toujours qu’il fait les choses mieux que moi.»
Au final, cette mère de famille se sent perpétuellement rabaissée et pas appréciée à sa juste valeur. «Je me sens constamment blessée et humiliée», dit-elle, surtout quand son époux fait tout pour lui faire croire que c’est elle qui fait tout mal.
Au cours de leur relation, Rebecca avoue avoir eu plusieurs fois envie de jeter l’éponge, mais elle n’a jamais osé le faire principalement, confie-t-elle, à cause de ses enfants. Si, au début, elle se laissait faire, Rebecca n’hésite plus maintenant à remettre les pendules à l’heure même si elle sait que cela ne changera pas grand-chose au comportement de son époux : «C’est très difficile de parler avec lui. Il ne veut rien entendre ou alors il parle beaucoup plus fort que moi. Mais je lui tiens tête et je ne lui parle plus pendant des jours. Et puis, moi aussi je lui lance des pics. J’ai un poste à responsabilité et je gagne très bien ma vie. Aujourd’hui, quand je fais quelque chose, je lui fais bien comprendre qu’il n’a aucun mérite.»
Si le macho typique est en voie de disparition, les nouveaux machistes, eux, sévissent encore. Selon Christine Castelain-Meunier, célèbre sociologue française, ils ne sont pas méchants, mais cachent bien leur jeu. Cependant, on finit toujours par les reconnaître. «Ces nouveaux machos n’osent plus revendiquer le pouvoir et ils se la jouent doux et ouverts au dialogue. Mais si l’on creuse, on s’aperçoit qu’au fond, ils ne font pas grand-chose à la maison ; ils continuent de considérer la femme comme un faire-valoir et ils ne sont pas corrects avec les femmes dans leur milieu professionnel», expliquait-elle dans une récente interview.
C’est après le mariage que Sweety a constaté que son époux était bien un macho. «Il avait toujours des préjugés sur les femmes et trouvait constamment quelque chose à dire. C’était toujours lui qui décidait puisqu’il était le mari à la maison», confie-t-elle. Jeune femme dégourdie, elle se retrouve soudain sous les ordres de celui qu’elle aime. Le choc est brutal pour la jeune femme qui avoue n’avoir jamais vécu dans un tel univers : «Je ne pouvais pas fréquenter mes copines et sortir avec elles. Il fallait d’abord avoir son approbation puisque c’est lui le chef de famille. C’était toujours à lui de prendre des décisions, qu’elles soient d’ordre relationnel, financier ou autre.»
Comme pour tous les machos, l’époux de Sweety est intimement convaincu de son excellence et n’hésite pas dénigrer la femme. «À l’époque, quand je fumais, il me disait que je devais avoir honte et que les femmes ne sont pas censées fumer. Puis, il y a plein d’autres choses, par exemple, en famille, tout ce qui est intéressant et constructif dans toutes les conversations, c’est lui ! Il y a aussi cette tendance à dire ‘‘ouais, c’est parce que c’est une femme’’, même en ne faisant pas allusion à moi», confie-t-elle.
Indépendante et professionnelle, le fait de devoir demander la permission avant de faire quelque chose la révolte profondément : «Je ne comprenais pas son attitude. Mon père n’était pas comme ça, mais j’ai compris que mon mari tenait ça de sa famille.» Du coup, entre Sweety et son époux, c’était des disputes à n’en plus finir jusqu’à ce que, lasse, elle ne l’écoute plus, ne lui dit plus rien. Hors de question pour elle d’être une femme soumise. Une attitude qui poussera son époux à réfléchir.
Comme l’explique si bien le psychologue et psychothérapeute français Patrick Estrade dans l’un de ses ouvrages, le macho d’aujourd’hui est un patriarche sans responsabilité : «Il dicte sa loi, est convaincu de la supériorité de l’homme sur la femme : alors, il distribue en fonction de ce qu’il estime que les autres méritent.» Cependant, explique le spécialiste, le machisme n’est qu’un jeu, une posture. Le macho peut changer.
Selon Sweety, c’est justement ce qui se passe avec son époux. Au cours de ces dernières années, elle a, souligne-t-elle, constaté un changement dans le comportement de son époux. «Désormais, il a une plus grande ouverture d’esprit, même si parfois, il a toujours tendance à tout ramener à lui. Je dirai que c’est peut-être l’âge ou les responsabilités qui l’ont poussé à changer», estime-t-elle.
Et puis, il faut dire que l’homme peut se sentir quelque peu ridicule dans son rôle de macho. Un homme qui se vante sans arrêt, qui pense avoir toujours raison et être supérieur aux autres, qui ne lève pas le petit doigt à la maison et qui ne sait pas utiliser un fer à repasser, on est bien d’accord, ce n’est pas très séduisant !
Nous utilisons souvent ce terme un peu à tort et de travers. Mais savons-nous vraiment ce que signifie le mot macho ? Selon la définition, il s’agit de quelqu’un qui se croit supérieur à la femme, qui le fait ressentir dans son comportement et qui est intimement convaincu de son excellence. Selon les spécialistes, l’homme devient macho de plusieurs façons. D’abord par l’éducation car, pour la sociologue Christine Castelain-Meunier, «il y a des choses qui perdurent encore dans la manière d’expliquer aux enfants les différences entre masculin et féminin». D’autres se mettent dans la peau de ce personnage parce que la société change : «Dès qu’un individu a du mal à trouver sa place, à se faire respecter, il a envie de se réaffirmer en renvoyant aux autres des signes indiscutables de virilité : violence, appartenance à une bande, sexualité conquérante… Dans une société où tout devient si flou, croire à nouveau à des rôles différenciés permet à un homme fragile de retrouver des repères.»
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