L’amour. Tout simplement. C’est ce qui résume l’histoire de Khushi et de Jason. C’est en 2007 qu’ils se rencontrent pour la première fois. Khushi, tout juste sortie du collège, décide d’avoir un petit boulot, en attendant la rentrée universitaire. Elle y rencontre celui qui deviendra très vite l’élu de son cœur. «Au début, nous étions que des amis, mais dans nos cœurs, nous savions bien qu’il y avait plus que ça entre nous», confie Khushi. Le rapprochement se fait naturellement, sans qu’ils ne se posent des questions sur leur différence de religions.
Très vite, Khushi s’envole pour l’Inde pour ses études supérieures et, malgré la distance qui les sépare, l’amour qui lie les deux tourtereaux résiste et grandit. Pour eux, il n’y a plus de doute : ils veulent faire leur vie ensemble. Pour le mariage, les amoureux décident d’être équitables : ils se marient d’abord à l’église et, quelques jours plus tard, Khushi et Jason s’unissent selon les rites hindoues. «Pour nous, la religion n’a pas vraiment été un obstacle parce qu’à aucun moment, on s’est regardés en se disant : ‘‘Tu sais, toi tu es hindou ou catholique.’’ On s’est aimés sans barrière. Notre amour n’a jamais eu de limites ; on est prêt à tout l’un comme l’autre. Nous puisons notre force dans notre amour. On se respecte mutuellement et cela inclut le respect de la religion de son prochain», assure la jeune femme.
Certes, il y a eu des hauts et des bas comme dans tous les couples et cela, indépendamment de leur différence de religion. Les problèmes, disent-ils, «venaient principalement des proches», mais ils décident d’y faire face. Pour eux, les critiques et les commentaires désobligeants n’ont aucune importance. Même si ceux-ci peuvent faire mal, ils préfèrent ne pas s’y attarder. «Nous avons toujours ignoré ces personnes, car comme nous le savons tous, les gens sont là pour critiquer les autres. Nous sommes heureux et nous souhaitons rester ensemble jusqu’à la fin de nos jours», souligne Khushi.
Vivre avec quelqu’un qui est de foi différente leur a permis d’avoir une ouverture d’esprit sur la vie et la religion. «Pour nous, cette différence est une richesse, car nous célébrons beaucoup de fêtes ensemble. De nombreuses personnes ne comprennent pas comment nous faisons pour vivre ensemble parce que je suis catholique et elle hindoue. Mais nous aimons cette diversité, cela nous enchante», affirme Jason.
Ravin et Mélanie : «Nous nous sentons bien ensemble»

Si certains couples ont l’impression qu’un gouffre culturel les sépare, ce n’est pas le cas de Ravin et de Mélanie. Ensemble depuis 2009, ils ont plutôt le sentiment que tout les rapproche. «Le fait que je sois hindou et elle catholique n’a aucune importance. Vraiment aucune. Au quotidien, ce n’est pas ça qui compte. Quand je la regarde, ce n’est pas sa religion que je vois, mais sa personne. Le plus important, c’est que nous nous sentons bien ensemble», déclare d’emblée Ravin. Depuis qu’il a rencontré sa moitié, le jeune homme est heureux. «Elle est belle», ne peut-il s’empêcher de s’exclamer en regardant l’élue de son cœur. Dans ses yeux, c’est l’amour, la confiance et le respect qu’il voit. La promesse d’un avenir à deux aussi.
Au fil des années, Mélanie a, elle, découvert en Ravin un homme aimant et attentionné : «C’est ce qui me plaît le plus chez lui. Il prends toujours très bien soin de moi, cherche toujours à savoir si je vais bien.» Au sein de leur couple, les tourtereaux ont toujours essayé de prôner le respect mutuel de leurs différentes croyances. «Pour nous, le fait que nous soyons de confessions différentes n’a aucune incidence sur notre amour. Nous faisons très attention à respecter la religion de l’autre», explique Mélanie.
Au début de l’histoire, au moment de l’annoncer officiellement à sa famille, Ravin avoue avoir été angoissé à l’idée de dire à sa mère qu’il sortait avec une «fille catholique». Il redoutait sa réaction et pensait qu’elle allait s’opposer à cette relation. Fort heureusement, et à son plus grand soulagement, sa maman n’y a trouvé aucun problème. «La réaction de ma mère m’a surpris et m’a beaucoup soulagé. Quoique, même si elle s’y était opposée, j’aurais persévéré», souligne le jeune homme.
Aujourd’hui, et cela avec la bénédiction de leurs deux familles, Ravin et Mélanie envisagent l’avenir ensemble. Conscients que les choses vont peut-être se compliquer au moment de vivre sous le même toit, les tourtereaux restent confiants et déterminés à faire que ça marche. Ils le savent. Comme dans toute relation, les compromis et les efforts seront indispensables : «Nous pensons nous marier dans quelque temps. Nous allons faire deux mariages afin de respecter au mieux la religion et la culture de chacun d’entre nous.»
Au final, leur différence sera, pour eux, une richesse qui sera au cœur de leur vie…
Nazeem et Anousha : «Nos différentes confessions étaient souvent au centre de nos disputes»

Au-delà de l’amour, c’est le respect mutuel de l’autre, de ce qu’il est, de ce en quoi il croit, qui les lie. Dans la vie de tous les jours, Anousha et Nazeem sont juste un homme et une femme qui s’aiment et qui forment un couple. S’ils vivent aujourd’hui un vrai bonheur, les débuts, explique Anousha, n’ont pas toujours été roses : «Les obstacles étaient nombreux ! Deux personnes aux personnalités complètement différentes qui se retrouvent du jour au lendemain sous le même toit, ce n’est pas facile et, cela, pour tout le monde. Nos différentes confessions – lui est musulman, moi hindou – étaient souvent au centre de nos disputes. Le frère aîné de Nazeem est, lui aussi, marié à une femme hindoue. Eux, c’est Nazir et Reshma. Un frère dévoué et une belle-sœur exemplaire. Ils ont été, depuis le début, nos guides, parfois nos arbitres, et ont toujours été les premiers à nous soutenir.»
Malgré les difficultés, Anousha et Nazeem n’ont jamais baissé les bras. «Nous avons cru en notre amour et, avec la motivation, nous avons pu tout surmonter sur la base de compromis suite à des discussions et surtout avec l’accord total et sans conditions. Il faut garder à l’esprit que mariage mixte ou pas, un mariage est d’abord l’union de deux personnes qui souhaitent lier leur destin et leurs objectifs de vie», souligne Nazeem. C’est comme ça qu’Anousha et lui voient la vie.
Après avoir résisté aux pressions familiales et au regard de la société, ils ont fondé une famille et vivent aujourd’hui un amour inconditionnel. «Les gens ont beaucoup “palabré’’, mais on y a fait face. Depuis, c’est une belle aventure. Nous avons fondé notre famille, notre entreprise, acheté une belle maison. Les succès s’acheminent, certes, mais c’est encore une fois le résultat de notre amour, notre confiance mutuelle et notre dur labeur. En aucun cas, la société dans laquelle nous évoluons ne doit prendre le dessus et décider de notre orientation lorsque celle-ci est du domaine privé», explique Anousha.
Chaque jour qui passe est, pour le couple, un vrai partage, l’union de deux cœurs, mais aussi de deux cultures. «La famille de Nazeem célèbre régulièrement avec moi le Divali, Holi et Noël, entre autres. Mes parents, eux, attendent impatiemment l’Eid-Ul-Fitr et l’Eid-ul-Adha pour se réunir avec tout le monde», dit-elle.
Quand leur fille est née, le couple a, une fois de plus, été confronté à un dilemme. Les questions étaient nombreuses : quelle religion allait-elle suivre ? Celle de sa maman ou de son papa ? Les deux ? Et si elle était perdue ? Anousha et Nazeem ont finalement fait un choix qu’ils ne regrettent pas : «L’éducation de notre fille, à ce niveau-là, se limite à ce qu’elle apprend à l’école et aux événements de la vie courante tels que les fêtes religieuses ou les mariages. Nous avons souvent des reproches, notamment de nos grands-parents, de ne pas lui donner une éducation religieuse. Nous souhaitons que notre enfant soit libre dans sa vie spirituelle, qu’elle puisse s’épanouir sans frontière et sans le carcan souvent étroit des institutions religieuses. En tout cas, nous essayons de lui apprendre le respect des autres.»
C’est ce qui est, aux yeux d’Anousha et de Nazeem, le plus important.
Le saviez-vous ?
Les mariages intercommunautaires, dits mixtes, seraient-ils plus solides, plus durables, que les autres ? Selon une récente étude de l’Institut national d’études démographiques (I.N.E.D), et cela malgré les idées reçues, les liens qui unissent les couples mixtes seraient plus forts. Pour le psychanalyste Malek Chebel, «la différence de cultures est un combat de tous les jours, même si on a l’esprit large. Le foyer mixte peut être le lieu privilégié où s’expérimente la tolérance à la différence. Mais aussi un amplificateur des conflits interculturels et des malentendus. Ce genre de mariage suppose un déminage quotidien». Surmonter les différences rend, sans aucun doute, la relation plus résistante.