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Femmes, prisons et réinsertion : En avant pour une nouvelle vie…

3 août 2016

La Centre Supervisor de l’établissement Pamela Aglae.

Elles ont touché le fond à un moment de leur vie. Et ont sombré sans pouvoir s’arrêter, au point même de se retrouver entre les quatre murs d’une prison. Un endroit où personne ne voudrait atterrir. Mais voilà, les circonstances de la vie ont fait de ces femmes des prisonnières. Majoritairement issues de milieux défavorisés et incarcérés pour des délits de vol ou de drogue, elles veulent enterrer leurs vieux démons afin de commencer une nouvelle vie. Et surtout ne plus se retrouver derrière les barreaux.

 

Mais comment résister et essayer de rester «clean»lorsque l’environnement dans lequel on évolue après sa sortie de prison présente tous les facteurs pouvant conduire à la récidive ? C’est sur cette question que l’ONG Ki nou étés’est penchée avant de mettre sur pied un centre d’accueil situé à Palma, Quatre-Bornes, et qui regroupe d’anciennes détenues. Le but : les encadrer, les accompagner afin qu’elles retrouvent confiance en elles, qu’elles se dessinent un nouvel avenir et un plan de carrière. En bref, leur donner les moyens afin qu’elles arrivent à construire une toute nouvelle vie remplie d’espoir et de sérénité.

 

Opérationnel depuis mars 2013, le centre peut accueillir six résidentes. Mais pas seulement. Car si la personne est une maman, elle a également la possibilité d’y vivre avec deux de ses enfants à condition qu’ils n’aient pas plus de 12 ans. Pamela Aglae, la Centre Supervisor, nous en dit plus. «Lorsqu’on allait faire des visites à la prison, il nous arrivait souvent de retrouver des femmes qui avaient déjà connu le milieu carcéral. Et cela se répétait de plus en plus. On a parlé à ces femmes pour comprendre ce qui leur était arrivé à la sortie. Après plusieurs témoignages, nous avons réalisé que le problème résultait d’un manque d’accompagnement. Car une fois dehors, elles retrouvaient leurs anciens amis et leurs anciennes habitudes. Du coup, elles rechutaient, évidemment», déclare notre interlocutrice. Depuis, dit-elle, toute l’équipe de Ki nou étéa travaillé d’arrache pied pour mettre en place ce projet qui bénéficie du soutien financier du CSR.

 

Situé à proximité du collège Ste Marie, à Palma, le centre est en fait une maison-conteneur écologique qui ne passe pas inaperçue. Des cubes joliment assemblés forment les six chambres, la salle commune, les bureaux, la cuisine et la petite terrasse.

 

Depuis quelques mois, cet établissement a élargi ses horizons en tendant la main aux filles qui ont été prises en charge par le Rehabilitaion Youth Centre durant pratiquement toute leur vie. Une fois leur majorité atteinte, plusieurs d’entre elles n’ont pas d’endroit où aller. «On intervient aussi dans ces cas-là. Pour ce faire, on travaille en collaboration avec le RYC. On accueille les filles au centre et on les encadre. On a un programme de réinsertion qui se fait durant la semaine. On privilégie aussi l’aspect communautaire et le savoir-vivre ensemble. Chacun à son tour doit accomplir des taches ménagères, notamment le nettoyage du centre et la cuisine entre autres. Ce sont aussi des règles de vie qui vont les aider une fois qu’elles retrouveront un autre environnement.» Afin de les aider à maintenir un lien affectif avec leurs proches, ces filles sont autorisées, une fois par mois, à passer un week-end au sein de leur famille.  

 

Pour le moment, seulement trois résidentes sont inscrites au programme de réinsertion de Ki nou été. «Nous avons de la place pour trois personnes supplémentaires», lâche Pamela Aglae. Et parmi les trois pensionnaires actuelles, l’on compte Brigitte*, prénom fictif. Cette femme de 38 ans est mère de huit enfants dont cinq sont âgés de 18, 17, 15, 12 et 3 ans. Alors que pour les trois autres, elle affirme ne pas se souvenir de leur âge.

 

L’air toute frêle, elle confie qu’elle est arrivée au centre d’accueil de Palma le 4 juillet, grâce à une travailleuse sociale. Originaire d’un village situé dans le sud de l’île, Brigitte explique qu’elle a connu les couloirs de la prison à trois reprises, pour le même délit. «Àma dernière sortie, ma sœur a insisté pour que je me reprenne en main et elle a fait appel à une travailleuse sociale qui m’a ensuite référé au centre. Je n’ai pas accepté tout de suite. J’ai visité une fois et j’ai été séduite par l’accueil qu’on m’a réservé ainsi que par la propreté de ce lieu», souligne Brigitte. Depuis, elle ne regrette pas : «Ici, je me sens bien entourée. Je suis actuellement sous méthadone. Je veux vraiment m’en sortir et ne plus être dans l’enfer de la drogue. Après ma dernière sortie, je n’avais aucun endroit où aller, je ne savais pas quoi faire de ma vie.»

 

Ce centre d’accueil est pour Brigitte et ses autres camarades, synonyme d’espoir. L’espoir qu’une vie meilleure est bel et bien possible grâce à l’accompagnement.

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