Un diagnostic de cancer du sein bouleverse non seulement la vie de la personne atteinte, mais aussi celle de ses proches. C’est une épreuve qui suscite une multitude d’émotions : peur, tristesse, anxiété et, parfois, un sentiment d’impuissance. Apprendre que l’un de nos proches est atteint de cette maladie est un choc, un moment où les mots manquent souvent pour exprimer ce que l’on ressent. Mais malgré ces émotions complexes, il est important de reconnaître les signes du fardeau émotionnel que nous pouvons porter en tant que proches. Selon la psychologue Gheshna Jumnah-Ram, le cancer du sein d’un proche peut nous affecter de différentes façons occasionnellement, parfois de manière subtile mais profonde.
Inquiétude et anxiété : La nouvelle du diagnostic peut entraîner une grande inquiétude et une anxiété intense, non seulement pour la personne malade, mais aussi pour ceux qui l’entourent. La peur de l’évolution de la maladie, des effets des traitements et de l’issue potentielle peut être accablante et peser lourdement sur l’état émotionnel.
Sentiments de peur et de choc : L’annonce d’un cancer du sein peut provoquer un choc, suivi de sentiments de peur face à l’inconnu. La gravité de la maladie peut faire naître un sentiment d’impuissance, surtout lorsqu’on ne sait pas comment soutenir au mieux la personne atteinte.
Stress et préoccupation constante : Les proches peuvent se sentir constamment stressés et préoccupés par l’état de santé de la personne atteinte, en se demandant comment elle va réagir aux traitements et quel sera l’avenir.
Il est donc essentiel de savoir analyser la charge émotionnelle qui pèse sur les aidants et les proches. En ce qui concerne les impacts psychologiques les plus courants, plusieurs facteurs se manifestent. Tout d’abord, la tristesse liée à la situation de la personne malade est une émotion omniprésente. La lourdeur émotionnelle d’accompagner un être cher dans cette épreuve peut entraîner une dépression chez les proches. Ils se sentent souvent impuissants face à la maladie et sombrent parfois dans un sentiment de désespoir. «Certains proches peuvent éprouver un sentiment de culpabilité, se demandant s’ils en font assez pour soutenir la personne atteinte. Ils peuvent aussi se sentir coupables de poursuivre leurs activités quotidiennes ou de ne pas être en mesure de soulager la souffrance de leur proche», explique la psychologue Gheshna Jumnah-Ram.
Ensuite, l’isolement social est parmi les conséquences. En effet, les proches peuvent se retirer socialement, par manque de temps ou d’énergie pour maintenir leurs relations personnelles. À cela s’ajoutent des questionnements existentiels. Être confronté à une maladie grave comme le cancer du sein pousse souvent à réfléchir à la mort, à la fragilité de la vie et à leur propre mortalité, provoquant des angoisses liées à leur futur et à celui de leur entourage. De plus, la colère est une émotion qui peut émerger. Les proches peuvent ressentir de la frustration et une forte injustice face à la situation, notamment contre la maladie elle-même. Ils peuvent aussi être frustrés par leur incapacité à «réparer» ou à améliorer l’état de santé de leur proche, renforçant ainsi leur sentiment d’impuissance, surtout lorsque les traitements sont longs ou incertains. «Enfin, l’ambivalence émotionnelle est une réalité pour beaucoup. Les proches alternent souvent entre des émotions contradictoires : l’espoir et le désespoir, l’amour et la frustration, le courage et la peur. Cette dualité émotionnelle est difficile à gérer et peut être psychologiquement déroutante», explique la psychologue.
Prendre du temps pour soi
Cependant, la psychologue Gheshna Jumnah-Ram estime qu’il existe des gestes simples pour aider à gérer nos propres émotions tout en soutenant une personne atteinte de cancer du sein. La première chose à faire est de reconnaître ses émotions. En effet, il faut admettre sa tristesse, sa peur, ses frustrations ou même sa colère. Ignorer ou refouler ces sentiments peut entraîner un épuisement émotionnel à long terme. L’acceptation de ses émotions permet de mieux les comprendre et de les apprivoiser, pour pouvoir offrir un soutien à l’autre. Prendre du temps pour soi est également essentiel pour se ressourcer et prévenir l’épuisement. Cela peut passer par des activités simples, comme faire une promenade, lire un livre, pratiquer un hobby ou simplement se détendre. Ce moment de répit aide à maintenir un équilibre mental et physique nécessaire pour soutenir les patients. Il est aussi primordial de reconnaître ses propres limites physiques et émotionnelles. «Accepter que l’on ne puisse pas tout faire ni tout contrôler permet d’alléger la pression que l’on s’impose», explique la psychologue. D’ailleurs, comprendre ce que traverse la personne atteinte de cancer peut grandement réduire l’anxiété liée à l’inconnu.
Enfin, il est important de trouver un réseau de soutien. Cela peut être fait par le biais de groupes de soutien pour les aidants, ou bien en s’appuyant sur la famille, les amis, ou des professionnels comme des psychologues ou des conseillers. Partager ses inquiétudes et ses sentiments avec des personnes qui traversent des situations similaires peut offrir un soulagement afin de prendre du recul. En parlant de réseau de soutien, voyons comment les groupes de soutien ou la thérapie peuvent aider à surmonter l’angoisse. «Les groupes de soutien permettent aux proches de réaliser qu’ils ne sont pas seuls à éprouver de la peur, de la tristesse ou de l’angoisse. Partager des expériences semblables avec d’autres personnes dans la même situation peut être extrêmement réconfortant. Cela aide à normaliser les émotions difficiles et à réduire le sentiment d’isolement souvent associé à l’accompagnement d’une personne malade», explique Gheshna Jumnah-Ram. Ce qui est particulièrement bien dans ces groupes de soutien ou en thérapie, c’est que les proches bénéficient d’un espace où ils peuvent s’exprimer librement sans craindre d’être jugés. Ils peuvent se sentir libres des émotions refoulées. De plus, les participants aux groupes de soutien échangent souvent des conseils pratiques sur la manière de gérer les défis quotidiens liés aux soins d’une personne malade. Ils partagent des astuces, des ressources et des expériences qui peuvent être particulièrement utiles pour surmonter des situations stressantes.
En ce qui concerne la thérapie, qu’elle soit individuelle ou familiale, elle aide à identifier les mécanismes de défense inefficaces et à les remplacer par des méthodes plus saines pour gérer les émotions. La thérapie enseigne également à mieux communiquer avec la personne malade et avec son entourage. Cette approche permet de mieux aborder des sujets délicats et d’expliquer clairement ses propres besoins, ce qui peut désamorcer les tensions relationnelles qui surgissent souvent dans ces moments difficiles. Savoir exprimer ses émotions et résoudre les conflits de manière constructive contribue à maintenir des liens solides et sains tout au long de cette épreuve.
Aborder des sujets sensibles, comme l’annonce d’un diagnostic de cancer du sein ou l’incertitude concernant l’avenir, nécessite beaucoup de tact et de sensibilité. Savoir quand et comment entamer ces discussions est essentiel pour éviter tout conflit ou malaise. En premier lieu, il faut bien choisir un moment approprié et un environnement calme pour aborder ces sujets. Assurez-vous que l’endroit soit privé et propice à une conversation ouverte, sans distractions. Avant de commencer la conversation, il est recommandé de réfléchir à ce que vous souhaitez dire. Préparer de simples phrases directes tout en utilisant des mots clairs et bienveillants peut aider à structurer la discussion. Soyez honnête tout au long de ces échanges. En étant sincère, vous permettez à l’autre personne de sentir votre authenticité, même si le sujet est difficile.
Pour aborder des sujets délicats, une méthode efficace consiste à poser des questions ouvertes, ce qui peut encourager un dialogue plus ouvert. Par exemple, au lieu de faire des suppositions sur ce que la personne ressent, vous pouvez demander : «Comment te sens-tu face à cette situation ?» ou encore «Y a-t-il des choses qui te préoccupent dont tu voudrais parler?». Ce type de questions invite la personne à exprimer ses pensées et émotions sans se sentir pressée de répondre. Il est également important de se rappeler que, même après avoir posé ces questions, la personne peut ne pas être prête à répondre immédiatement. Ne vous inquiétez pas si des silences se produisent pendant ces conversations. Ces moments de pause sont tout à fait normaux.
Pour les proches d’une personne atteinte de cancer du sein, rester résilient et positif tout au long du parcours de traitement peut être un défi, mais important pour leur propre bien-être et pour soutenir la personne malade. C’est pourquoi la résilience implique d’accepter que la situation soit incertaine et que des changements peuvent survenir tout au long du parcours de traitement. La pleine conscience peut aussi aider à se concentrer sur le moment présent, sans se laisser submerger par les pensées anxieuses sur l’avenir. Cela peut aider à apaiser les tensions et à réduire le stress. Enfin, soyez entouré de personnes bienveillantes qui pourront renforcer votre résilience.
CL