Urticaire : Un mal silencieux

Apparition de plaques rouges sur la peau, démangeaisons intenses… l’urticaire est une affection de la peau de nature allergique trop peu connue à Maurice. La première Journée internationale de l’urticaire, observée le 1er octobre, est l’occasion de revenir sur les causes et traitements de cette affection, mais aussi sur la situation dans l’île. Nous avons interrogé le Dr Rodica Dobrescu Adnath, dermatologue, à ce sujet. Elle explique : «L’urticaire se caractérise par des plaques rouges plus ou moins larges, qui peuvent être situées n’importe où sur le corps. Elle s’avère être très prurigineuse (NdlR : provoque des démangeaisons) et migratoire.»

Quant aux causes de l’urticaire, elles ne sont pas alimentaires, dit-elle. Le climat tropical, notamment, est à l’origine de cette affection, étant favorable au développement des parasites tels que les vers et les micro-organismes de type amibe. En outre, l’urticaire peut survenir suite à la consommation de certains aliments, à des infections diverses comme la mycose, ou à l’utilisation de produits hygiéniques. Selon le Dr Giridesh Sukurdeep, généraliste, «les médicaments anesthésiants peuvent également provoquer l’urticaire, aussi bien que les anti-biotiques contenant de la pénicilline, les anti-inflammatoires et les produits de contraste iodés».

Il existe également des facteurs qui pourraient favoriser son apparition, dont le stress, accompagné de la chaleur ou du froid, ainsi que l’effort physique. Ceux-ci peuvent provoquer un type d’urticaire dit cholinergique (NdlR : se dit d’un élément qui agit au niveau du système nerveux ou des muscles).

L’urticaire, en soi, se présente sous deux formes : l’urticaire aiguë (la maladie survient de façon isolée et disparaît au bout de quelques heures, voire quelques jours) et l’urticaire chronique (de cause systémique interne ou par contact) qui peut durer six semaines, voire plus. Dans les deux cas, une bonne hygiène alimentaire est recommandée. Car ce que l’on mange peut être néfaste à la santé. Parmi les aliments à risques, l’on compte «le lait, les œufs, le poisson, les crustacés et certains fruits tels que les fraises, les oranges, le kiwi, les noix ou le chocolat», énumère le Dr Rodica Dobrescu Adnath.

Cependant, précise-t-elle, il n’existe pas de population à risques : «L’urticaire peut se déclencher chez n’importe qui, à tout moment.» Mais dans le cas d’une personne atteinte, il n’existe aucun remède définitif pour éliminer l’urticaire, bien que des traitements (médicamenteux notamment) sont administrés pour atténuer ses effets et permettre au patient d’avoir une meilleure qualité de vie. «Les médicaments tels que les corticoïdes réduisent les inflammations et soulagent les symptômes dans les cas les plus extrêmes», souligne le Dr Giridesh Sukurdeep.

Malgré les traitements administrés, la vie d’une personne souffrant d’urticaire, chronique notamment, relève d’un véritable parcours du combattant. «Les causes de l’urticaire chronique sont inconnues. Mais les patients touchés par cette affection souffrent beaucoup et sont appelés à suivre un traitement antihistaminique à long terme», explique, pour sa part, le Dr Rodica Dobrescu Adnath. Ils deviennent nerveux et ont des difficultés à s’endormir, par exemple.

Mais qui dit urticaire ne dit pas forcément incapacité à être actif sur les plans professionnel et sportif, entre autres. «Cependant, fait ressortir le Dr Giridesh Sukurdeep, un soutien psychologique est conseillé au patient.»

Shekina*, 27 ans et souffrant d’urticaire  : «Je ne baisse pas les bras»

Sa vie est un combat au quotidien. Shekina (prénom fictif), 27 ans, a appris qu’elle est atteinte d’urticaire il y a près d’un an. Lorsqu’elle l’a appris, il lui semblait que le monde s’effondrait autour d’elle. «J’ai le moral à zéro car je n’ai aucun soutien. La présence de mes proches n’est pas suffisante», dit-elle.

Malgré les coups de blues, Shekina ne baisse pas les bras. Son souhait : que les autorités concernées aillent de l’avant avec la mise sur pied d’une association pour les personnes atteintes de l’urticaire, afin de les soutenir et de leur apporter une aide ponctuelle.