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20 janvier 2022 16:08
Vous dites qu’avec l’école à la maison, il y a une augmentation des états de stress et de dépression chez les enfants, parents et enseignants. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Selon un communiqué de l’UNICEF émis en décembre 2021, il faudra plusieurs années pour connaître les véritables effets de la Covid-19 sur la santé mentale des enfants. Néanmoins, nous constatons déjà certains effets. Le homeschooling n’aura pas le même impact selon l’âge. Si nous prenons en compte le développement du cerveau, il y a deux périodes déterminantes. Durant la période de 0 à 5 ans, la sensibilité à l’environnement est particulièrement importante. L’enfant apprend en jouant, manipulant et observant son entourage, ce que l’enseignement en ligne ne permet pas. Face à cela, les parents ont le sentiment d’être incompétents et sont inquiets. Un enfant de 5 ans témoigne : «L’école à la maison m’embête beaucoup, je veux jouer avec les copains et les copines. J’aime les activités qui sont à l’école.»
L’adolescence est la deuxième période critique. L’adolescent a besoin de socialiser, de faire du sport, des activités qu’il aime et multiplier les bonnes expériences. Le fait de rester enfermé des heures devant un écran vient causer d’énormes risques au niveau de la santé mentale.
Les confinements de 2020 et 2021 ont fait beaucoup de dégâts et les études montrent que les personnes ayant déjà une santé mentale fragile sont plus à risque. Aujourd’hui encore, beaucoup d’enfants sont isolés. Les parents ont peur de sortir et de laisser sortir leurs enfants, particulièrement avec l’arrivée des nouveaux variants. C’est une situation stressante.
Certains enfants bénéficient d’un suivi psychologique à l’école. Ce qui n’est pas le cas avec le homeschooling. Que proposez-vous à ceux qui ne savent pas vers qui se tourner ?
Seize collèges catholiques bénéficient du projet de Service d’Écoute de l’Action for Integral Human Development (AIHD) en milieu scolaire. Il existe aussi des structures privées qui offrent un soutien psychologique mais pas dans les établissements publics. Ces enfants n’ont alors aucun espace pour s’exprimer.
Nous observons, au sein de ces 16 collèges, une augmentation des cas de dépression et de risques suicidaires depuis 2020. Si les écoles restent fermées, nous ne pouvons pas aider ces adolescents. Qu’en est-il de ceux qui sont dans les établissements publics ?
Les enfants et adultes en situation de handicap sont également affectés par cette fermeture. Ils ont besoin d’une structure et d’une routine. Les services de soins et d’accompagnements spécialisés sont dans les écoles et ils ne peuvent plus y avoir accès. Cela engendre des régressions considérables dans tous les domaines (cognitif, physique, social, autonomie et langage) et dans beaucoup de cas, on retrouve des troubles du comportement.
Des ONG comme Caritas offrent un service d’écoute et l’AIHD a mis en place une hotline de décembre 2021 à janvier 2022, qui va probablement s’étendre jusqu’à mars. La pastorale des jeunes aussi propose un service d’écoute. En dehors de ces services bénévoles, les professionnels médicaux et paramédicaux peuvent être contactés.
Entre le work from home et les cours en ligne des enfants, les adultes aussi vivent mal cette situation. À ceux qui ne peuvent se permettre, financièrement, des consultations auprès d’un psychologue, y a-t-il des alternatives ?
Dans un premier temps, une organisation des journées est essentielle. Ce qui n’est pas toujours possible car certaines familles manquent de moyens ou alors les enfants sont en bas âge et ont besoin de plus d’attention. Toutefois, un emploi du temps peut aider à se repérer et permet d’éviter des épisodes de crises.
Apprendre ensemble à gérer ses émotions. Il est souvent difficile pour nous, adultes, de gérer ce qu’on ressent mais il importe d’apprendre à être à l’écoute de soi-même et de trouver les moyens de le faire. L’enfant n’a pas encore la capacité de le faire seul. Le site de l’AIHD (https://aihd.mu) propose des techniques pour vous aider. Vous avez aussi la page Facebook de la SPP.
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