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Kollectif Reparasyon Avansman Kreol : un même combat, une seule voix

2 août 2025

Unir ses forces pour ensemble poursuivre la lutte qui a commencé et trouver des solutions concrètes. C’est de cette conviction qu’est né le Kollectif Reparasyon Avansman Kreol (KRAK) qui a été officiellement lancé le jeudi 31 juillet lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Port-Louis, à l’occasion de la Journée de la femme panafricaine 2025, célébrée cette année sous le thème «Promouvoir la justice sociale et économique pour les femmes africaines à travers les réparations». Derrière ce regroupement, plusieurs groupes dont ADAM (Alliance Descendants Africains Maurice), Affirmative Action, Réflexion créole, Ansam Sitwayin, et Mouvement Justice et Vérité.

Plutôt que de mener des actions isolées, souligne Tony Evenor, le porte-parole, ils ont décidé de conjuguer leurs forces, leurs expertises et leurs voix pour peser davantage dans les débats publics, pour faire un travail de sensibilisation et de revendication en faveur de la communauté créole à Maurice. «Au niveau d’ADAM, cela fait longtemps que nous nous sommes assis pour discuter et réfléchir sur cette cause qui nous tient à cœur. Nous organisons aussi des activités. Affirmative Action mène un véritable combat auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) depuis trois ans et nous avons voulu donner un coup de main. Nous nous sommes rendu compte que plusieurs organisations comme nous mènent plus ou moins le même combat. Alors, nous avons voulu unir nos forces pour voir ce que nous pouvons faire ensemble plutôt que de travailler chacun dans son coin et c’est comme ça qu’est né Kollectif Reparasyon Avansman Kreol.»

Avec ce nouveau départ, l’objectif de la plateforme est simple : remettre au cœur des débats la reconnaissance des injustices historiques subies par les descendants d’Africains à Maurice et faire avancer le dossier des réparations et du progrès socioéconomique de la communauté. «La question de réparation pour la communauté créole est extrêmement importante. Déjà, nous ne sommes même pas reconnus au niveau de la Constitution car on nous classifie comme Population générale. Les exemples d’injustices et de discriminations envers les Créoles sont flagrants», souligne notre interlocuteur.

D’ailleurs, une plainte a été déposée à l’ONU par KRAK afin de demander réparation pour les Africain et descendants d’Africains. Le document intitulé Communication to UN Mandate Holders – 2025 fait état des violations persistantes du droit à l’identité ethnique des créoles mauriciens, issues de l’histoire coloniale et toujours perpétuées par l’État mauricien. Parmi les revendications mises de l’avant dans cette plainte : la reconnaissance légale des Créoles mauriciens comme groupe ethnique distinct ; l’accès équitable aux données démographiques, à la représentation politique et aux services publics ; la mise en œuvre des recommandations de la Truth and Justice Commission (TJC) ; des réparations pour les injustices historiques ; et des droits à l’autodétermination, à la culture, à la participation sociale et politique. KRAK appelle l’ONU à faire pression sur le gouvernement mauricien pour qu’il reconnaisse les Créoles comme premiers peuples de Maurice, mette fin à leur effacement et engage un processus de justice réparatrice.

Outre cette démarche, l’autre mission de KRAK, explique Tony Evenor, est de faire un travail d’éducation et de sensibilisation. «Nous allons organiser plusieurs activités. Il y a eu la célébration de la femme panafricaine au centre Nelson Mandela ce samedi et il y aura une grande soirée africaine le 23 août. Nous travaillons aussi sur la tenue d’une conférence-débat qui aura lieu prochainement.» Des activités qui s’inscrivent dans une démarche de sensibilisation, d’éducation populaire et de valorisation culturelle. «Nous sommes là pour être sur le terrain, pour aller à la rencontre de ce public créole que nous appelons Population générale afin de les aider à comprendre et réaliser l’importance de la solidarité.» Car si celle-ci existe, elle reste, souligne notre interlocuteur, fanée, momentanée. «Nous devons aller plus loin ensemble afin d’arriver à des résultats plus concrets. Nous avons à Maurice un vivre-ensemble légendaire entre les communautés. Plusieurs d’entre elles font beaucoup de bien pour leur communauté. Par contre, au niveau de la Population générale, quand on a des démarches à faire auprès des autorités, on nous demande d’aller voir l’Église alors que ce n’est absolument pas son rôle.» Pour Tony Evenor, il y a un vrai travail à faire et celui-ci est avant tout collectif.

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