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Par Yvonne Stephen
31 juillet 2025 11:21
«Trop souvent, des citoyens renoncent à faire valoir leurs droits faute de moyens», écrit Aurélien Oudin, juriste (LLB, MBA, BSc (Hons)). C’est pour cela, estime-t-il, qu’il est essentiel que les Mauriciens.nes soient au courant qu’il existe un service de «legal aid». Qui peut en bénéficier, comment faire (si on est éligible) pour y avoir droit ? Le professionnel vous explique tout.
Dans un état de droit, l’accès à la justice ne doit pas être un privilège réservé à ceux qui ont les moyens de se payer un avocat. C’est sur cette base que le Legal Aid Act a été instauré à Maurice. L’aide légale permet à toute personne financièrement vulnérable d’être assistée, représentée ou défendue devant les tribunaux, que ce soit dans une affaire civile, pénale, familiale ou constitutionnelle.
Qu’est-ce que l’aide légale ?
L’aide légale consiste en un soutien financier accordé par l’État pour couvrir les frais d’un avocat, d’un avoué ou d’un expert dans une procédure judiciaire. Elle peut être gratuite ou partiellement contributive, selon les revenus du demandeur.
Qui est éligible ?
Selon les dernières réformes légales et les critères fixés par la Legal Aid Commission :
• Toute personne résidant à Maurice, de nationalité mauricienne ou étrangère, dont les revenus mensuels bruts ne dépassent pas Rs 20 000, est prima facie éligible.
• Des exceptions peuvent être faites pour des cas humanitaires, de droits fondamentaux ou de violence domestique.
• Les critères prennent aussi en compte les dépenses incompressibles, comme le loyer, les charges médicales ou l’entretien des enfants.
Comment faire une demande ?
La procédure est gratuite, simple, et se fait auprès du Bureau de l’aide légale à Port-Louis ou dans les Cours de district :
1. Remplir le formulaire officiel avec vos coordonnées, vos revenus, les détails du litige, etc.
2. Joindre des pièces justificatives : fiches de paie, factures, certificats médicaux, preuves de charges.
3. Passer devant un Legal Aid Officer, qui recommandera ou non l’octroi de l’aide au juge.
4. Le juge ou la Legal Aid Commission prend une décision motivée (acceptée ou rejetée).
Dans quelles affaires peut-on bénéficier de la Legal Aid ?
L’aide est accordée dans les domaines suivants :
• Droit pénal (défense des accusés),
• Droit de la famille (divorce, garde d’enfants),
• Successions, droit immobilier ou contractuel,
• Violence domestique et protection des victimes,
• Réclamations constitutionnelles,
• Litiges en appel (sous conditions).
Réformes et nouvelles orientations
Depuis 2023, plusieurs ajustements importants ont été apportés :
• Élargissement des plafonds de revenus pour favoriser l’accès des classes moyennes inférieures.
• Mise en place d’un Legal Aid Panel avec des avocats accrédités et mieux encadrés.
• Création d’un registre numérique permettant de suivre les demandes plus efficacement.
• Plus grande transparence dans l’attribution des dossiers aux avocats.
• Renforcement de la Legal Aid Commission, désormais autonome, avec des pouvoirs élargis.
Et le rôle du juriste ?
Un juriste peut :
• Préparer la demande de legal aid,
• Conseiller en amont pour choisir la bonne procédure,
• Rédiger les documents,
• Accompagner les justiciables dans leurs démarches avec ou sans avocat.
Conclusion : Former et Informer
L’accès à la justice est un pilier fondamental de l’état de droit. Trop souvent, des citoyens renoncent à faire valoir leurs droits faute de moyens. Il est donc crucial que chacun sache que la justice n’est pas un luxe réservé aux riches. Grâce au dispositif d’aide légale modernisé, le droit devient accessible, lisible et applicable à tous.
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