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24 juillet 2025 12:52
On se souvient encore, comme si c’était hier, de notre balade en 2022 au Quartier des Serres ; un petit coin hors du temps où la nature flirte avec le farniente. Et voilà qu’on y retourne ! Direction le Domaine de Labourdonnais (DDL), dans le nord du pays, pour découvrir une nouvelle escale fraîchement inaugurée : La Place du Manguier. Évidemment, à peine arrivés, on scrute les lieux à la recherche de l’arbre star. Parce que quand on est à La Place du Manguier, on s’attend à voir des mangues, non ? Et bingo : c’est la mangue Sabre qui règne en maîtresse ici. Une variété locale qui ne vous coupera pas, mais qui symbolise parfaitement cet espace tout neuf, inauguré le 9 juillet 2025 et où il fait bon traîner. Les yeux se baladent autant que les pieds, happés par une atmosphère captivante. Le regard se pose sur les fleurs de canna, les pergolas végétalisées, les voiles de raphia et les meubles en rotin, le tout sublimé par les détails soignés d’une dizaine d’artisans mauriciens. Loin de l’agitation des centres commerciaux, ce lieu invite à la pause, à la contemplation, à la redécouverte du local. Ce jardin paysager de 580 m², conçu pour être vécu, célèbre à la fois le patrimoine naturel et le savoir-faire de l’île. Et pour parfaire l’expérience, TiMoris, un coin miam typiquement mauricien depi so bouyon krab ziska so ti kari poul ek enn dipin gato pima, propose des plats à savourer dans une ambiance décontractée. La Place du Manguier, c’est une parenthèse enchantée. Un lieu où l’on respire, où l’on ressent l’âme d’un territoire. Une escale à ne pas manquer.
Il en a porté des casquettes, Girish Bhoyroo. Mais depuis une dizaine d’années, il a trouvé sa voie dans la restauration. «C’est un ami qui m’a parlé du Quartier des Serres, au tout début. J’ai eu un coup de foudre. Ce mélange entre le colonial et la nature, c’est unique. Ici, on respire. Ce n’est pas crowded !» confie-t-il avec un sourire franc. Installé d’abord dans le tout premier coin resto By All Means, il a voulu faire du minn bwi une expérience. Du street food, oui, mais avec une valeur ajoutée : le lieu. «Manger un mine bouilli dans un décor pareil, ça change tout. Seulement l’espace était restreint. Avec La Place du Manguier, une nouvelle porte s’est ouverte. Et avec elle, une idée : proposer une cuisine mauricienne, authentique et généreuse. Toulezour pa kapav manz zis minn bwi ! Le bouillon de crabe ici… bizin goute mem pou kone ! Chez Ti Moris, on retrouve des plats d’antan comme le salmi cerf, le kari pwason brinzel ou encore le satini pipangay. Ce sont les recettes de nos grands-parents. Moi, j’ai voulu que mes cuisiniers apprennent auprès des anciens. C’est beaucoup de nostalgie. Chaque bouchée me ramène à mon enfance. Et l’esprit du lieu va au-delà de l’assiette. Ici, vous êtes entourés de nature, pas de béton. C’est un espace out of this world. En quelques secondes, vous déconnectez.» Girish privilégie les légumes frais, achetés directement chez les planteurs du coin. Le menu du jour ? Un coup de cœur. «Enn bon kreson ek enn satini sevret ! Mo pa enn sef, me mo enn bon manzer !» dit-il en rigolant. À partir de 7h30, on peut même y savourer un bon petit déjeuner mauricien : thé chaud, dipin dizef frir, entre autres… L’essentiel est là. Et la relève aussi à travers sa fille Teshka qui est à ses côtés.
Chez les Counday, le métal, c’est une affaire de famille. De celles qui traversent les générations, entre passion et transmission. Noël, le père, se souvient encore du déclic : «Dan bann lane 1970, mo ti ankor dan kolez. Mo ti pe get mo bofrer fer bann form depi enn tol plat. Sa ti bien intrigan !» Fasciné par le travail manuel, il choisit pourtant à l’époque une autre voie : une formation de technicien en télécommunications. «Me pa ti pe gagn travay.» Alors, il retourne à son premier amour : la soudure. Depuis, il ne l’a jamais quitté. Balustrades, portes, fenêtres, pergolas… À La Place du Manguier, ces pièces métalliques portent toutes sa signature. «C’est une fierté de voir notre travail ici. De la conception à la fabrication, c’est tout un processus. Mon plus grand soutien, c’est mon fils Jean-Noël.» «Mo finn toultan trouv mo papa pe travay tousel, parski mank dimounn. Alors, j’ai voulu apprendre moi aussi. Avek metal, ou kapav fer bann kitsoz extraordiner. Li pran letan, me enn fwa ki monn fini, mo extra fier», confie Jean-Noël, 25 ans. Aujourd’hui, père et fils contemplent leur œuvre au DDL avec une émotion discrète, mais bien réelle. Le savoir-faire manuel, pour eux, est une richesse. «Lontan, enn metie ti fer viv enn fami. J’aimerais que les jeunes s’y intéressent. Sinon, ces métiers-là vont disparaître.»
Quand Olivia Bathfield évoque La Place du Manguier, son regard s’illumine. Tout ce travail, toute cette passion… ça mériterait bien une mangue Olivia, non ? Trêve de plaisanterie. Responsable commerciale du Domaine de Labourdonnais et du Quartier des Serres, Olivia a vu grand pour ce petit coin en friche. «Ici, tu entres dans un écrin de verdure, avec des fougères suspendues, des pergolas fleuries… et là, il y avait une terrasse vide, sans âme.» Il lui aura fallu trois ans, de la patience et pas mal d’arguments pour convaincre. Son rêve ? Une place fleurie, locale, vivante. Résultat : des fleurs de canna, des pergolas couvertes bientôt habillées de lianes grimpantes, des pots garnis de bougainvilliers blancs… et un manguier Sabre en majesté au centre. «Une mangue 100 % locale, greffée ici-même.» Mais surtout, un projet fait main. «On a voulu travailler uniquement avec des artisans mauriciens : Li Sing Pak pour les fauteuils en rotin, Beekhun pour les voiles en raphia, Black Pot pour les pots en fibre de verre, Metal Concept pour les structures métalliques… Ce sont des métiers de l’ombre qu’on veut valoriser.» Et au-delà du décor ? Une vraie philosophie. «On n’est pas un shopping mall ici. On est là pour proposer un lieu où l’on se promène, où l’on respire, où l’on découvre. Chaque boutique a son histoire, et on veut que les Mauriciens la découvrent. Parce qu’on mérite, nous aussi, de profiter des trésors qui poussent chez nous.» Et puis, il y a l’âme du lieu, nourrie par tous ces petits événements organisés au fil de l’année : marchés d’artisans, rendez-vous des gourmands, concerts, expos… Une place qui vit, tout simplement.
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