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Licenciement allégué de deux femmes pour port du voile

Le Conseil des ministres prend position, leur avocat parle de «lueur d’espoir»

26 juillet 2025

Photo d'illustration

«Cabinet has taken note, with concern, of the case reported to the Ministry of Labour and Industrial Relations, by two former employees of legal firm ENSafrica Mauritius, alleging that they had been laid off for wearing hijab at work. The matter has been referred to the Employment Relations Tribunal for the latter to look into their possible reinstatement. The possibility of action being taken against the law firm is being examined. Proposals for amendments to the relevant legislation to address such cases a real so being examined.» C’est ce qui est stipulé dans les highlights du Conseil des ministres à l’issue de la dernière rencontre du vendredi 25 juillet.

Le licenciement de deux employées du cabinet d’avocats ENSafrica Mauritius, situé à Port-Louis, continue, en effet, de susciter de vives réactions. Suspendues depuis plusieurs semaines parce qu’elles auraient refusé de retirer leur voile au travail, ces deux femmes ont reçu leur lettre de licenciement il y a quelques jours. Celle-ci ne fait pas mention de la cause évoquée par les plaignantes mais fait état d’«insubordination»** et de «diffusion de fausses informations» ayant nui à la firme, à la sécurité de ses employés et à l’ambiance régnant parmi ces derniers. Toutefois, les deux employés en question persistent et signent : c’est bien le port du hijab qui serait, selon elles, la cause de ce licenciement.

L’affaire a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, provoquant une avalanche de réactions d’indignation de la part d’ONG, de politiciens, d’hommes de loi et de citoyens qui se demandent comment, en 2025, dans un pays reconnu pour sa diversité culturelle et religieuse, on peut interdire à une femme de porter le hijab sur son lieu de travail. Dès le début, le cas a également été portée devant la Commission de Conciliation et de Médiation (CCM). Mais malgré trois convocations destinées à trouver une solution, les représentants du cabinet n’ont pas donné suite. Ce blocage a contraint les représentants légaux des employées à référer l’affaire au ministère du Travail, le mardi 22 juillet.

Me Imtiaz Mamoojee, avocat des deux femmes concernées, affirme que le cas a été référé à l’Employment Relations Tribunal (ERT), sous la section 69(A) du Workers’ Rights Act de 2019, pour licenciement jugé illégal. «Mes clientes ont effectivement déposé une déclaration auprès du Bureau du Travail, en se référant à la section 69(A) du Workers’ Rights Act, laquelle qualifie cette affaire de discrimination à leur encontre. Pour l’heure, le dossier a été transmis à l’Employment Relations Tribunal (ERT) et nous espérons obtenir des développements prochainement. Nous sommes conscients du soutien exprimé par les citoyens, plusieurs ONG, ainsi que les politiciens», nous confient Me Imtihaz Mamoojee.

Face à l’ampleur de la situation, le ministre du Travail, Reza Uteem, a aussi pris position durant la semaine écoulée. Dans une déclaration publique, il s’est dit «bouleversé» par ce qu’il qualifie de violation des droits fondamentaux. Il a affirmé que son ministère examinera sérieusement la demande de réintégration des deux salariées. Le député Eshan Juman, dans un message publié sur sa page Facebook, a dénoncé une injustice «inacceptable» : «Nous ne pouvons pas rester silencieux face à une telle situation. Il ne s’agit pas seulement d’un licenciement, mais d’un signal dangereux envoyé à tous ceux et celles qui espèrent vivre dans une société juste, tolérante et inclusive.» Le député Osman Mahomed a également apporté son soutien aux deux femmes, exprimant sa solidarité avec celles qu’il considère comme des victimes d’une décision discriminatoire et arbitraire. Des ONG ont également dénoncé cet état des choses.

Me Mamoojee salue toutes ces réactions ainsi que la prise de position du Cabinet ministériel : «Je pense que le Conseil des ministres a pris conscience de la gravité de la situation, a saisi le taureau par les cornes et a également compris qu’ENSafrica n’est pas au-dessus des lois. Mes clientes retrouvent aujourd’hui une lueur d’espoir.» De son côté, le cabinet d’avocats reste silencieux. Nous avons essayé à plusieurs reprises d’avoir une réaction de sa direction mais celle-ci est restée injoignable.

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