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Le bienheureux Carlo Acutis, 15 ans (à son décès), canonisé le 27 avril

Le Mauricien Rajesh Mohur qui a été son babysitter : «Cela a été un honneur de partager sa vie...»

20 avril 2025

«J’ai eu de bons enseignements avec lui», souligne notre compatriote en parlant de sa relation avec le jeune Italien.

Surnommé le «cyber-apôtre», Carlo Acutis sera proclamé saint le dimanche 27 avril, à l’occasion du Jubilé des Adolescents à Rome. Il deviendra ainsi le premier millénial à être canonisé, après avoir déjà été inscrit parmi les bienheureux. À travers son amour pour l’Église et son engagement dans l’évangélisation sur Internet, il a marqué son époque par une foi à la fois simple et profonde, touchant de nombreux cœurs. Son babysitter, un Mauricien qui l’a vu grandir dans la foi, nous raconte son histoire...

Il a fasciné de son vivant et continue de le faire après sa mort. Bientôt canonisé, il deviendra ainsi le premier saint millénial, en contraste avec les saints traditionnels de nos calendriers. En effet, le bienheureux Carlo Acutis, qui avait 15 ans à son décès en octobre 2006 et qui est surnommé le «cyber-apôtre» ou encore le «geek de Jésus», rejoindra, à partir du dimanche 27 avril, la liste très sélect des religieux canonisés par l’Église catholique.

Cet adolescent d’origine italienne, qui avait mis son savoir-faire en informatique au service de l’Église, est considéré comme étant à l’origine de deux miracles ayant conduit à sa béatification, puis à sa canonisation prévue dans quelques jours. Les fidèles, qui le suivent depuis des années – même avant son décès et avant les miracles qui lui sont attribués – attendent ce moment avec impatience, tout en continuant à louer le jeune Italien pour ce qu’il représente à leurs yeux. Car Carlo n’a cessé, à travers ses actions ou ses paroles, de toucher ceux qui l’ont rencontré. Parmi les nombreux privilégiés à avoir croisé sa route figure Rajesh Mohur, un Mauricien qui travaillait comme nounou chez les Acutis et qui a accompagné le bienheureux depuis l’âge de 4 ans. «Je suis très attaché à ma terre, l’île Maurice, et c’est toujours un grand plaisir pour moi de partager avec les Mauriciens la belle histoire de Carlo», nous confie Rajesh, qui se prépare à vivre la canonisation de celui qui a été son petit protégé avec beaucoup d’émotion : «Ce sera un moment rempli d’enthousiasme. Pouvoir être témoin de la canonisation de Carlo signifie beaucoup pour moi. Dès le début, quand j’ai commencé à travailler en Italie comme nounou avec lui, j’ai compris qu’il était un enfant spécial », ajoute-t-il, en évoquant cette belle partie de sa vie : «À notre rencontre, Carlo avait 4 ans. J’ai tout de suite vu qu’il avait les traits d’un ange, avec ses cheveux bouclés et ses yeux bleus. Ce fut un honneur pour moi de partager sa vie. C’est une grande fierté de pouvoir vivre sa canonisation. Je suis très content, car durant sa courte vie, Carlo a marqué tant d’esprits. Avec ses parents, nous serons à Rome pour vivre cela. C’est un grand moment…»

Dans la voix de Rajesh, de l’émotion mais aussi beaucoup de tendresse : «Depuis toujours, durant toute son enfance, Carlo a eu de la sympathie pour les personnes en difficulté, comme les pauvres. À l’école, il aidait beaucoup ceux qui avaient, par exemple, un peu de retard. Il était très brillant dans ses études et très à l’écoute de ses amis qui passaient par des moments difficiles, comme la séparation de leurs parents. Il les emmenait chez lui et leur apportait un vrai soutien moral. À chaque fois, il offrait une Bible à ceux qu’il aidait.»

«Une personnalité chaleureuse»

Chaque souvenir de cette époque est riche en anecdotes pour Rajesh. Il se souvient d’un épisode marquant : «Un jour, Carlo a été bouleversé par un sans-abri. Il était très sensible au sort des personnes à la rue. Ce matin-là, je l’accompagnais à l’église, un moment qu’il adorait. En sortant, il a aperçu un clochard dormant sur un bout de carton. Il faisait très froid. Carlo a commencé à pleurer. Ce jour-là, en rentrant de l’école, il était très chamboulé. Il a pris tout l’argent qu’il avait économisé – les cadeaux reçus de ses proches pour Noël, ses anniversaires, les fêtes – et l’a donné à sa mère en lui demandant d’acheter un sac de couchage pour cet inconnu. Il était comme ça, Carlo ! Il faisait toujours des gestes qui nous surprenaient, mais on savait que c’était pour faire le bien. »

Au-delà de ses actions, Carlo était aussi apprécié pour sa personnalité : «Loin d’être timide, il engageait facilement la conversation, même avec des inconnus. Il avait une personnalité chaleureuse, qui mettait tout le monde à l’aise. Chaque chose qu’il faisait avait du sens. Il distribuait de la nourriture aux plus démunis, et je l’aidais souvent. Malgré son jeune âge, ses actions le rendaient spécial. J’ai été témoin de cela. Pour ses funérailles, l’église était bondée – c’est dire combien il avait touché de vies. »

Rajesh poursuit, profondément marqué par cette relation unique : «Carlo avait une connexion très particulière avec Dieu. Pour lui, c’était comme une amitié. Dieu était son ami.» Le temps passé aux côtés de celui qu’il gardait l’a beaucoup enrichi : «J'étais hindou, originaire de Vacoas. Mon père était prêtre, il faisait des discours et connaissait le sanskrit, les Vedas. J’ai grandi dans un environnement très spirituel. J’étais brillant à l’école, alors mon père m’a envoyé en Inde, où j’ai côtoyé de nombreux gourous. Mais quand il est tombé malade, j’ai dû rentrer à Maurice, dans les années 1980. Une fois mes études terminées, je n’arrivais pas à trouver de travail. C’est alors que j’ai décidé de partir pour l’Italie.»

Un lien très fort

C’est ainsi que le destin l’a mené chez la famille Acutis : «Beaucoup avaient postulé – surtout des jeunes filles – mais moi, sans aucune expérience comme nounou, j’ai eu ce pressentiment que c’était ma place. Dès que j’ai sonné, Carlo s’est précipité vers moi et a agrippé ma jambe. Ses parents étaient surpris. Il leur a dit : “Il est mon sucre.” À partir de là, j’ai commencé à m’occuper de lui, à l’emmener à l’école… Je l’ai accompagné dans sa vie.»

Avec le temps qu’ils passaient ensemble, un lien très fort est né entre Carlo et Rajesh. «Je devais notamment l’emmener à l’église, et à chaque fois qu’on s’y trouvait, je voyais que ses expressions changeaient. Son visage s’illuminait. C’était visible qu’il avait une relation spéciale avec Dieu. Je ne connaissais rien au catholicisme à l’époque. Je suis hindou, et Carlo n’a cessé de m’initier à sa religion. C’était un partage, il ne m’a forcé à rien, mais je buvais toujours ses paroles et ses explications. J’ai vu sa dévotion. C’est alors que j’ai choisi de me convertir et que les parents de Carlo sont devenus mes parrain et marraine. J’ai eu de bons enseignements avec lui. Il avait une bonne connaissance de la religion et il a changé ma vie», poursuit Rajesh.

Il se dit chanceux d’avoir vu «le cyber-apôtre» cultiver sa foi. Très doué en informatique et habité d’une très grande foi, l’adolescent avait créé un site numérique religieux ainsi qu’une exposition documentant les miracles eucharistiques, associés aux hosties consacrées, qui a fait le tour du monde.

Dans plusieurs interviews, la mère de Carlo, Antonia Salzano, a toujours souligné qu’avec un ordinateur, son fils avait réussi à rejoindre des milliers de personnes sur tous les continents à travers une exposition sur les miracles. «À travers le site Internet qu’il avait créé, et en y répertoriant des miracles qu’il y a eu à travers le monde, Carlo avait pu toucher. Pour lui, c’était sa façon de partager l’amour de Dieu», nous dit Rajesh, qui a vécu ces différentes étapes dans la vie de Carlo avec beaucoup d’attention : «J’apprenais beaucoup de lui…» Un autre moment qui est ancré dans sa mémoire, c’est quand l’adolescent est tombé malade : «Sa maladie, une leucémie foudroyante, et son décès ont été bien évidemment de terribles épreuves. Il est sorti de l’école et il a été malade. Après trois jours, il est décédé d’une leucémie très grave.»

Des miracles

Malgré le temps qui s’est écoulé et le nombre de fois qu’il a raconté cette triste étape, c’est toujours difficile pour Rajesh de revivre les jours précédant la mort de celui qu’il aimait tant. «À son retour de l’école, il n’était donc pas bien, et on pensait qu’il souffrait d’une simple influenza. Je lui ai dit : pourquoi tu es rentré tôt ? Il m’a répondu qu’il ne se sentait pas en forme. Je l’ai installé dans la chambre d’amis et j’ai mis des DVD pour le distraire. Le deuxième jour, j’ai vu qu’il avait du sang dans les yeux et sur le visage. J’ai été préoccupé et j’ai parlé à sa mère. Une doctoresse est venue et elle a vu qu’il n’avait rien de grave. Mais après le deuxième jour, on a remarqué qu’il avait du sang dans l'urine. On a pris un échantillon et on l’a emmené dans un laboratoire pour faire des tests. Son état de santé a alors commencé à se détériorer le troisième jour. Comme son visage saignait, sa mère a commencé à pleurer. Carlo lui a alors dit de ne pas pleurer et qu’il offrait toute sa souffrance au Seigneur. On l’a transporté en urgence à l’hôpital et il a été admis. Il devait à nouveau s’adresser à sa mère en lui disant qu’il n’allait pas sortir de l’hôpital vivant et qu’il allait devenir un serviteur de Dieu, qu’il allait être béatifié puis canonisé», poursuit Rajesh, qui a vu le rayonnement de Carlo même après son décès. «Depuis sa mort, il y a eu plusieurs miracles associés à Carlo, et les plus importants ont été étudiés par le Vatican, ce qui permet aujourd’hui sa canonisation», explique Rajesh, du soleil dans la voix.

«Je suis très attaché avec ma terre, l’île Maurice et c’est toujours un grand plaisir pour moi de partager avec les Mauriciens la belle histoire de Carlo», nous confie Rajesh Mohur, le Mauricien qui se prépare à vivre la canonisation de son petit protégé avec beaucoup d’émotion.

C’est en 2013 que le premier miracle associé à Carlo s’est manifesté : un enfant brésilien souffrant de troubles digestifs et d’une rare malformation du pancréas avait été sauvé sans opération médicale, après que sa famille a prié pour l’intercession de Carlo, selon l’Église. Le deuxième miracle, qui a ouvert la voie à la canonisation de Carlo, a eu lieu en 2022. C’est le cas de Valeria, une étudiante costaricienne de 21 ans, grièvement blessée dans une chute de vélo à Florence le 2 juillet 2022. Son état, selon l’Église, était désespéré. C’est sa mère Liliana qui s’est mise à prier le bienheureux Carlo Acutis. Elle s’était rendue sur sa tombe à Assise, le 8 juillet, et y a déposé une lettre pour demander la guérison de sa fille. Le miracle est survenu le jour même : Valeria s’est mise à respirer de façon autonome et s’est rétablie en quelques semaines. De plus, après sa mort, le corps du bienheureux est resté intègre, c’est-à-dire muni de tous ses organes, a expliqué Mgr Sorrentino, évêque d’Assise. «Pour la première fois dans l’Histoire, vous verrez un homme béni vêtu d’un jean, de baskets et d’un sweat-shirt», s’était réjoui l’évêque d’Assise au moment de la béatification de l’adolescent.

Avec sa canonisation, Rajesh espère que l’histoire de Carlo touchera encore plus de jeunes. «Tous les hommes naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies, ne permets pas que cela t’arrive !» recommandait à sa génération l’adolescent. Ces mots résonnent encore aux oreilles de Rajesh. «Je dirais aux jeunes de suivre les pas et les enseignements de Carlo. C’était un garçon simple qui avait une grande foi. Il s’adressait souvent aux jeunes en leur disant de faire attention aux fléaux comme la drogue, entre autres. Il en parlait sur son site. Il s’est offert tel un cadeau au monde entier. Il est habillé dans un style jeune avec ses baskets et tout. Les jeunes devraient connaître son histoire et ses enseignements. Il incarne un saint moderne. Il représente les jeunes. Je salue ainsi l’initiative autour de la bande dessinée qui a été lancée à Maurice. Je le conseille vivement aux jeunes. C’est un joli clin d’œil à l’histoire de Carlo», conclut Rajesh Mohur, heureux de constater que la vie de Carlo Acutis, qu’il a côtoyé, continue de toucher les cœurs…

Il a dit...

«Tous naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies.»

«L’Eucharistie, c’est l’autoroute du Ciel… Plus nous communierons, plus nous deviendrons semblables à Jésus et déjà sur cette terre, nous aurons un avant-goût du Paradis… Si l’on approche de l’Eucharistie tous les jours, on va droit au Paradis… Quand nous nous mettons devant le soleil, nous bronzons. Lorsque nous nous mettons devant Jésus-Eucharistie, nous devenons des saints.»

«Être toujours uni à Jésus, voilà mon programme de vie.»

«La tristesse, c’est le regard tourné vers soi-même, le bonheur c’est le regard tourné vers Dieu… L’unique chose que nous devons vraiment craindre est le péché… Sans Lui je ne peux rien faire.»

«J’offre toutes les souffrances que je dois supporter au Seigneur, pour le Pape et pour l’Église, pour aller directement au Ciel en évitant le Purgatoire.»

«Je meurs serein parce que j’ai vécu ma vie sans en gaspiller même une minute par des choses qui ne plaisent pas à Dieu.»

Suivez en direct sur KTO la messe de canonisation

Si vous voulez vivre ce moment très spécial pour l’Église, vous pourrez suivre en direct la messe de canonisation de Carlo Acutis à 10 heures (midi à Maurice) sur la chaîne KTO (canal 75 sur Canal + Maurice). Cette canonisation est fêtée en clôture du Jubilé des Adolescents, prévu à Rome du 25 au 27 avril.

Une BD pour raconter Carlo Acutis

C’est une très belle initiative, celle de Stanley Harmon. Il a réalisé une bande dessinée sur Carlo Acutis qui sera proclamé saint le 27 avril prochain. La Vie Catholique souhaite, à travers cette publication, «permettre à chacun, et particulièrement aux jeunes, de mieux connaître ce jeune témoin de la foi». La bande dessinée avait été lancée à l’occasion de la messe d’ouverture du Jubilé des jeunes. Elle est en vente à La Vie Catholique et est également disponible via LVC Boutik.

Au nom de Pier Giorgio Frassati 

Avec Carlo Acutis, un autre Italien sera aussi canonisé le 26 avril à l’occasion du Jubilé des adolescents. Il s'appelle Pier Giorgio Frassati, il est né en 1925 et il est également mort très jeune, à 24 ans, des suites d’une maladie, la poliomyélite. Sa canonisation marquera le centenaire de sa mort.

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