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26 mai 2025 13:43
La dernière séance de l’enquête judiciaire instituée par le Directeur des poursuites publiques (DPP) pour faire la lumière sur le décès troublant de Pravin Kanakiah a été marquée par une nouvelle audition de l’ancien responsable de la MCIT South. Le SP Heyman Dass Goorah, responsable de l’enquête après la découverte du corps sans vie de ce fonctionnaire à La Roche-qui-Pleure le 11 décembre 2020, maintient que la thèse officielle de la police reste le suicide malgré les conclusions du Dr Sudesh Kumar Gungadin, responsable du département médico-légal de la police, et l’analyse du Dr Satish Boolell, Freelance Consultant in Forensic Medicine, qui n’écartent pas la thèse d’un foul play.
La police persiste. Le surintendant de police (SP) Goorah a une fois de plus déclaré en cour que Pravin Kanakiah s’était suicidé. C’était lors de la dernière séance de l’enquête judiciaire instituée par le DPP au tribunal de Souillac pour faire la lumière sur le décès troublant de ce fonctionnaire. Le corps sans vie de cet habitant de Plaine-Magnien avait été retrouvé à la Roche-qui-Pleure, Gris-Gris, le 11 décembre 2020. «La police a étudié quatre pistes avant de conclure au suicide de Kanakiah», a fait ressortir l’ancien responsable de la Major Crime Investigation Team (MCIT) South lors de sa dernière audition devant la magistrate Ameerah Dhunnoo qui préside cette enquête judiciaire.
Le Senior State Counsel Me Damodarsingh Bissessur a axé une autre série de questions sur la thèse officielle de la police. Il s’est étonné que le SP Goorah continue de camper sur sa position alors que le Dr Sudesh Kumar Gungadin, responsable du département médico-légal de la police, et le Dr Satish Boolell, Freelance Consultant in Forensic Medicine, n’écartent pas la thèse d’un foul play. Dans son rapport d’autopsie, le Dr Gungadin a attribué le décès de Pravin Kanakiah à une «traumatic subarachnoid haemorrhage». Le Chief Police Medical Officer a aussi déclaré en cour que l’ancien Procurement & Supply Officer affecté à la Government Analyst Division, à Réduit, était déjà mort lorsque son corps est tombé à l’eau. Selon le Dr Gungadin toujours, Kanakiah a, entre autres, eu des saignements «over the surface of the brain» causés par un mouvement violent du cerveau.
Le Dr Gungadin avait évoqué deux possibilités. La première est que le fonctionnaire est mort lorsque sa tête a «hit a hard surface». La seconde est qu’il a succombé à ses blessures à la suite de «blunt forces applied to the head at various places». Ainsi, il n’écarte pas la possibilité que Pravin Kanakiah ait été victime d’un foul play. Celui-ci avait 16 blessures au total sur le corps. Il n’avait toutefois aucune fracture au crâne, aux jambes, aux bras ou aux autres membres. Le Dr Gungadin avait aussi déclaré en cour que Kanakiah ne s’était pas noyé à La Roche-qui-Pleure. Selon ses dires toujours, Kanakiah a eu certaines blessures avant de mourir et d’autres après. Certaines de ses «post mortem injuries» ont été causées quand son corps a frotté avec les récifs.
Dents intactes
Le Dr Gungadin avait aussi déclaré que les dents de Kanakiah étaient intactes et qu’il ne s’était donc pas mordu la langue. Ses cartilages étaient également intacts de même que son cou. Le pelvis du principal concerné est resté intact après la chute de même que sa colonne vertébrale. «This is not a case of drowning. Il n’y avait pas d’eau dans ses poumons», avait confié le Dr Gungadin. Le Dr Boolell avait, quant à lui, déclaré que les blessures du défunt «n’étaient pas self-inflicted». L’ancien responsable du département médico-légal de la police avait aussi précisé que Kanakiah «n’est pas mort après une chute» et que «foul play cannot be excluded». Malgré tous ces éléments accablants, la MCIT maintient que l’ancien fonctionnaire s’est suicidé.
«This is a case of dry drowning», a affirmé le SP Goorah. Il a affirmé que la police a étudié quatre pistes avant de conclure au suicide. La première est le «family background» de Kanakiah. Les limiers ont également enquêté sur son «professional background» ainsi que sur sa situation financière et son historique de santé. Me Bissessur a alors demandé à l’ancien responsable de la MCIT South s’il avait pris en considération la possibilité d’un foul play comme évoqué par le Dr Gungadin et le Dr Boolell. «These are opinion evidence», a-t-il répondu. Le Senior State Law Officer lui a alors demandé si la police n’avait pas qu’une présomption dans cette affaire. Le SP Goorah avait, au préalable, déclaré que Kanakiah s’était suicidé car il était endetté.
Me Bissessur lui a une fois de plus fait comprendre que la thèse du suicide à cause des dettes ne tient pas la route car le fonctionnaire n’avait pas de retard de paiement pour son home loan. Pravin Kanakiah et son épouse avaient aussi des salaires suffisants pour couvrir les dépenses mensuelles. «There is no precise evidence in this case», lui a répondu le SP Goorah. Il a ajouté que le défunt avait aussi été notifié d’un transfert de poste. «This is not a fishing expedition. We are in a judicial inquiry», a rétorqué Me Bissessur. Ce dernier était visiblement agacé par les réponses fournies par le haut gradé. «La police n’a pas étudié toutes les pistes. Comment pouvez-vous dire avec certitude que Kanakiah s’est suicidé ?» s’est demandé le Senior State Counsel.
«La police a recueilli un maximum de preuves pour déterminer s’il s’agit d’un acte criminel ou d’un suicide. Nous avons conclu au suicide car il n’y avait aucune preuve de foul play», a alors affirmé le SP Goorah. Me Bissessur lui a ensuite demandé si le témoignage du sergent Tapsee était fiable. Ce policier est le seul témoin à avoir déclaré avoir vu Kanakiah vivant à La Roche-qui-Pleure le 10 décembre 2020 alors qu’il faisait son jogging. «It is a direct evidence», lui a répondu le SP Goorah. L’heure éventuelle du décès du fonctionnaire a également été évoquée. Le Dr Gungadin avait déclaré que celui-ci était mort aux alentours de midi. Selon ses dires toujours, le décès pourrait avoir eu lieu trois heures avant midi ou trois heures après midi. Or, le sergent Tapsee affirme avoir vu Kanakiah vers 17h30.
La magistrate a alors voulu avoir les réactions du SP Goorah sur l’heure du décès. «It is an opinion evidence», a-t-il dit. Me Bissessur en a profité pour rappeler à la cour que le policier s’était trompé sur la description des vêtements que portait le défunt. «Vous maintenez que le témoin dit la vérité ?» lui a demandé Ameerah Dhunoo. Le SP Goorah lui a répondu tout simplement «Yes», tout en précisant que c’est l’ex-constable Govinden qui était le Main Inquiring Officer dans cette affaire. La fin de l’audition de l’ancien responsable de la MCIT South marque également la fin des travaux de l’enquête judiciaire. Les auditions avaient débuté le 19 septembre 2023 et une vingtaine de témoins a été entendue. La magistrate Ameerah Dhunoo réserve ses conclusions.
Reshmee Kanakiah : «Que la vérité triomphe»
La fin des travaux de l’enquête judiciaire pour faire la lumière sur les circonstances troublantes entourant le décès tragique de son époux ne la laisse pas insensible. Reshmee Kanakiah a souhaité réagir à cela et aussi aux auditions du SP Goorah – le responsable de l’enquête policière dans cette affaire – devant le tribunal de Souillac. «Nous voulons que justice soit faite. Que la vérité triomphe. Nous n’acceptons pas les conclusions de la MCIT. Mon époux n’avait aucune raison pour se suicider», martèle la veuve Kanakiah, qui vit désormais à l’étranger avec son fils. La jeune femme avance que le SP Goorah «inn fer enn fos deklarasion» lorsqu’il a déclaré en cour que son époux «ti aste de iPhone». «Mo dimann li al kont verifie so bann linformasion avan li vinn dir enn zafer parey», s’insurge Reshmee Kanakiah. Elle en profite pour lancer un appel au DPP : «Mo dimann DPP fer lazistis pou nou kapav kontinie fer konfians nou sistem zidisier ek ki inosan pa perdi lavi dan bann sirkonstans parey.»
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