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Faizal Koosanny

«Léonardo, mon arrière-petit-fils, au service du pape Léon XIV...»

21 décembre 2025

Faizal et Marie Koosanny ont assisté à la prestation de serment de leur arrière-petit-fils comme nouvelle recrue de la Garde suisse pontificale au Vatican. Ils ont aussi pu rencontrer le pape Léon XIV. À droite sur la photo, Léonardo.

Il y avait beaucoup d'amour et d'émotion. Faizal et Marie Koosanny sont très fiers d'avoir pu assister à la prestation de serment de leur arrière-petit-fils en tant que nouveau membre de la Garde suisse pontificale au Vatican à Rome, en Italie.

«Moi, hallebardier Pillay, jure de servir fidèlement, loyalement et de bonne foi le Souverain Pontife régnant, Léon XIV, et ses légitimes successeurs ; de me dévouer pour eux de toutes mes forces, sacrifiant, si nécessaire, ma vie pour leur défense.» C’est avec ces mots, droit dans ses chaussures, élégant dans son uniforme et de la conviction dans la voix, que Léonardo Pillay, 22 ans, a prêté serment le 4 octobre comme nouvelle recrue de la Garde suisse pontificale et a juré, aux côtés de 26 autres gardes et en présence de Léon XIV, de le servir avec fidélité, loyauté et honneur.

Un hallebardier est un soldat armé d’une hallebarde, une arme d’hast composée d’un fer pointu et d’un crochet, utilisée notamment par les gardes suisses pontificaux. Dans le contexte de la Garde suisse pontificale, les hallebardiers sont des gardes qui portent l’uniforme traditionnel et sont armés de hallebardes cérémonielles.

Avec ses racines mauriciennes, Léonardo Pillay, investi de sa nouvelle mission, n’a pas manqué, ce jour-là, d’émouvoir ses proches, notamment ses arrière-grands-parents, Faizal et Marie Koosanny, présents dans l’assistance au Vatican. Les deux n’ont rien manqué de la cérémonie et ont savouré chaque étape avec gourmandise. De l’amour dans les yeux et de l’émotion dans le cœur, ils ne cachent pas leur admiration devant l’accomplissement de Léonardo qu’ils aiment tant. «C’est avec une grande fierté que j’accueille le fait que mon arrière-petit-fils Léonardo ait prêté serment comme Garde suisse et qu’il soit maintenant au service du pape. Je suis très content pour lui et je le soutiens entièrement. Toute la famille est fière de lui. Ce qu’il fait maintenant symbolise complètement ce qu’est le mauricianisme. Je suis musulman et voilà que Léonardo, qui est catholique, se retrouve à servir le pape. C’est là tout le sens du mauricianisme avec son peuple pluriel qui se côtoie», nous confie Faizal avec de la tendresse dans la voix.

Même s’il vit loin de son île natale, Maurice a une place de choix dans son cœur. «J’ai quitté Maurice en 1979. C’est la Suisse qui est venue me chercher. Je suis styliste et j’ai travaillé notamment à Paris et pour plusieurs grandes maisons», nous confie Faizal Koosanny qui a pu profiter de quelques jours de vacances à Maurice avant de quitter l’île le lundi 15 décembre : «J’aime bien venir me ressourcer dans mon pays mais il fait trop chaud. Je n’arrive pas à m’adapter. Quand je viens à Maurice, je me fais toujours un point d’honneur d’aller nager à Péreybère. C’est ma plage préférée.»

Entre des moments de farniente, il n’a pas hésité à raconter fièrement à qui le veut le moment fort qu’il a vécu au Vatican : «Léonardo fait partie de la jeune génération de ma famille installée en Suisse. Et il fait aussi aujourd’hui partie de la garde pontificale. Pour moi, ça veut dire beaucoup. J’ai vécu ce moment avec beaucoup d’émotion. J’ai pu ainsi rencontrer le pape. J’ai pu lui parler et discuter longuement avec lui. D’ailleurs, j’ai pu échanger avec lui plus que les autres personnes qui étaient présentes à l’événement.»

Historique

Faizal n’est pas près d’oublier ce qu’il a vécu avec sa famille au Vatican : «Le pape est quelqu’un de très sympathique. Mon sourire n’a pas quitté mon visage tout le long de notre échange. C’est un saint-père ! Je ne peux expliquer ce que j’ai ressenti à ce moment-là. Ce n’est pas donné à tout le monde de vivre quelque chose comme ça. Je n’ai pas de mot pour décrire cela. C’est comme si une fusée avait traversé devant moi. Je ne me suis jamais senti ainsi. Cette rencontre m’a beaucoup touché.»

L’événement auquel il a eu la chance d’assister est qualifié d’historique car pour la première fois depuis 1968, un pape a assisté à la cérémonie de prestation de serment des 27 nouvelles recrues de la Garde suisse pontificale. Léon XIV n’a pas manqué de les remercier pour leur service et leur exemple inspirants. «À vous tous qui avez prêté serment : c’est un témoignage très important dans le monde d’aujourd’hui. Cela nous fait comprendre l’importance de la discipline, du sacrifice, de vivre la foi d’une manière qui parle vraiment à tous les jeunes de la valeur de donner sa vie, de servir et de penser aux autres. Je vous remercie en mon nom et au nom de tout le Saint-Siège pour votre service», a déclaré le saint-père au cœur de la cour Saint-Damas du palais apostolique qui, pour l’occasion, était décorée des drapeaux des cantons suisses. Ce grand moment avait aussi réuni des prélats, des ecclésiastiques, des représentants civils et militaires, des familles et amis, ainsi que des bienfaiteurs et d'anciens gardes, qui ont assisté avec émotion à cette cérémonie particulièrement significative dans la carrière d’un garde suisse, qui, pour l'occasion, est habillé de l’uniforme de gala, aux couleurs rouge, jaune et bleue.

L'une des étapes fortes de la cérémonie a été le défilé solennel, avec une marche lente dans la cour. «Toute la cérémonie m’a touché. On vient de se parler avec Léonardo (peu avant l’interview) et il m’a dit qu’il était en congé. On se parle presque tous les jours et c’est un très bon garçon. Pour moi, il est très spécial. Pou mwa pena enn lot zanfan kouma li. Il aime être au service des autres, comme son grand-père. J’ai toujours aimé aider les gens. L’île Maurice a bien évidemment une place importante dans son coeur, d’ailleurs, Léonardo adore les brianis que je prépare à la mauricienne. Kan so gran papi fer enn bon briani, li kontan manze. On se verra d’ailleurs pour les fêtes avec toute la famille», poursuit Faizal qui ne doute pas que Léonardo sera à la hauteur de sa nouvelle mission.

La Garde suisse pontificale est l’unité de garde chargée de la sécurité du pape et du Vatican. Elle est formé de militaires suisses qui ont fait le serment de protéger le pape et le Saint-Siège. Les Gardes suisses sont reconnaissables à leurs uniformes colorés et à leur armement traditionnel. C’est une tradition qui remonte à 1506, lorsque le pape Jules II a recruté des soldats suisses pour assurer sa sécurité. Aujourd’hui, ils sont environ 135 à servir au Vatican. Leurs responsabilités incluent d’assurer la sécurité du pape lors de ses déplacements et cérémonies, de contrôler l’accès au Vatican et aux bâtiments pontificaux, de maintenir l’ordre et la discipline au sein du Vatican, de participer aux cérémonies officielles et protocoles, ou encore de protéger les biens et les intérêts du Saint-Siège. Ils sont également chargés de représenter la Suisse au Vatican et de promouvoir les liens entre la Suisse et le Saint-Siège.

Le jeune homme fait la fierté de toute sa famille. «Pour moi, ça veut dire beaucoup. J’ai vécu ce moment avec beaucoup d’émotion», confie Faizal Koosanny, ici en compagnie de son arrière-petit-fils.

Pendant la cérémonie de prestation des nouvelles recrues, le pape a invité les gardes suisses à comprendre l’importance de la discipline et du sacrifice. La sélection des gardes est rigoureuse et comprend plusieurs étapes, notamment un entretien, un examen médical et une évaluation psychologique. Pour devenir garde suisse pontificale, des critères doivent être respectés comme être citoyen suisse, avoir entre 19 et 30 ans, être célibataire (les officiers, sous-officiers et caporaux peuvent être mariés), être catholique pratiquant, mesurer au moins 1,74 m, avoir une santé irréprochable et une réputation irréprochables, avoir terminé une formation professionnelle ou avoir une maturité. Une nouvelle recrue doit aussi avoir effectué l’école de recrue dans l’Armée suisse, avoir le permis de conduire catégorie B, et s’engager pour au moins 26 mois.

Pour cette cérémonie très importante, la délégation suisse conduite par la présidente Karin Keller-Sutter et la présidente du Conseil national, Maja Riniker, a assisté à la cérémonie de prestation de serment des gardes. Le président du Conseil des États Andrea Caroni, le chef de l’armée Thomas Süssli et Mgr Joseph Bonnemain, vice-président des évêques suisses, étaient également présents, ainsi qu’une délégation du canton d’Uri. L’aumônier a exprimé sa fierté et sa gratitude envers les gardes, déclarant : «Nous sommes fiers de vous et reconnaissants que vous ayez répondu à l’appel de ce service honorable.»

À l’issue de la célébration, le pape a qualifié la cérémonie de «hermosa» (magnifique en espagnol) et a salué les personnes présentes, particulièrement les familles des gardes suisses «qui ont prêté serment aujourd’hui d’une manière très spéciale». Bien évidemment, Faizal et les siens pensent beaucoup à Léonardo. «Il a tout notre soutien», conclut l'arrière-grand-père, du soleil et de la fierté dans la voix...

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