Les yeux du monde tournés vers l’Italie

Qu’on soit croyant ou pas, catholique ou d’une autre confession religieuse, le décès du pape est une actualité qui a retenu l’attention ces derniers jours. Et le conclave durant lequel se tiendra l’élection du nouveau pape sera également très suivi. La mort du pape François a déclenché, de par la personnalité de celui-ci, une vague d’émotion, et sa dernière apparition au balcon de la basilique Saint-Pierre, le jour de Pâques, un jour avant son décès, est à jamais ancré dans l’Histoire. La Mauricienne Caroline Rousset, qui était à la place Saint-Pierre ce jour-là, revient sur ce moment fort qu’elle a vécu intensément…

Tous les regards sont braqués sur la péninsule de l’Europe méridionale, baignée par la mer Méditerranée. Et plus que d’habitude, le Vatican, le plus petit pays du monde, situé au coeur de Rome, se retrouve sous les feux des projecteurs. C’est hélas avec une triste actualité que l’Italie est devenue depuis une semaine un centre d’intérêt. En effet, avec le décès du pape François, le 21 avril, les yeux du monde sont tournés vers Rome, où se sont déroulées, le samedi 26 avril, les funérailles du défunt saint-père, qui était très populaire à travers la planète.

Car si la mort du souverain pontife a été très suivie et a fait la une de tous les médias internationaux, c’est surtout de par son rayonnement au fil de ses 12 ans de pontificat. Qualifié de pape révolutionnaire, qui a surpris par ses différentes prises de position – que ce soit pour les migrants ou pour son ouverture envers la communauté LGBT et les couples divorcés et leur place dans l’Église, entre autres –, François faisait souffler un vent de modernité sur l’Église et était ainsi souvent au cœur de l’actualité.

Depuis l’annonce du décès du chef du Vatican, Rome fait face à une affluence record de touristes et a été particulièrement prise d’assaut pour les obsèques du souverain pontife. Et si la capitale italienne attire déjà d’habitude des millions de touristes chaque année, une vague de visiteurs l'investit davantage ces derniers jours, et les hôtels dans les environs de la cité, qui affichent complet, peuvent en témoigner. Avec une place Saint-Pierre qui ne se désemplit pas en ce moment – les visiteurs estimant qu’ils se retrouvent au cœur d’un moment historique, le décès d’un pape et l’élection d’un nouveau n’arrivant pas fréquemment –, le pays demeure sous les objectifs des caméras des médias du monde entier pour suivre cet événement qui met Rome en lumière. Les obsèques du saint-père – qui ont été qualifiées d’événement planétaire, et la cérémonie historique, empreinte de symbolisme, correspondant ainsi à l’empreinte du défunt pape qui a donné une nouvelle image au catholicisme et qui, pour beaucoup, restera dans les mémoires pour avoir fait de l’Église une organisation plus inclusive et progressiste – ont rassemblé des fidèles du monde entier, que ce soit sur place ou derrière les écrans.

Le samedi 26 avril, plus de 200 000 personnes s’étaient ainsi rassemblées sur la place Saint-Pierre au Vatican, et au moins 50 chefs d’État et membres de la famille royale s’y trouvaient pour faire leurs adieux au pape François. Parenthèse inattendue et inoubliable Jusqu’au bout, le défunt pontife a su faire parler de lui. Car bien que fragilisé par la maladie, son apparition sur le balcon du Vatican, le dimanche 20 avril, lors de la messe de Pâques, a surpris tout le monde. Cette image de lui, écrasé par la maladie mais saluant la foule en faisant montre d’un courage exemplaire, est déjà à jamais ancrée dans les mémoires. Si les vidéos de ce moment, qui ont circulé dans les médias en ligne et sur les réseaux sociaux, procurent des émotions, ceux qui étaient sur place ce jour-là parlent d’une parenthèse inattendue et inoubliable. Parmi ceux qui ont vécu cet instant que beaucoup décrivent comme «béni», et qui est depuis à jamais associé à l'image d'un pape François proche de ses fidèles, Caroline Rousset, son époux François et son fils Matheo, avaient fait le déplacement pour Rome, ne se doutaient pas que leurs vacances allaient être à jamais marquées par un moment historique.

«Une grande ferveur»

«Nous venions d’arriver à Rome avec mon mari et mon fils, et comme c’était la première fois qu’on venait en Italie, on avait décidé d’aller assister à la messe de Pâques. On avait réussi à avoir une place sur la place Saint-Pierre qui était complètement bondée. C’était toutefois compliqué d’arriver jusque-là avec tous les contrôles, mais on avait pu trouver une place, et déjà là, pour nous, c’était une grande chose : pouvoir assister à la messe de Pâques à la place Saint-Pierre. L’ambiance sur place était extraordinaire. Il y avait des familles de différents horizons et venant de partout. Ça m’a frappée. C’était déjà quelque chose de très spécial pour nous de pouvoir vivre cela. De par les conditions de santé du pape, on ne savait pas s’il allait apparaître ou pas, mais on vivait à fond le moment», nous confie Caroline en revenant sur ce jour très spécial. Chaque détail de cette journée est frais dans sa mémoire : «Autour de nous, les gens disaient qu’ils avaient entendu que le pape allait apparaître à midi, mais rien n’était sûr. On avait vu qu’il y avait des rideaux ouverts à une fenêtre et on se disait que le pape allait peut-être faire une apparition. Et effectivement, à midi, il est apparu sur sa chaise roulante avec son équipe autour de lui. Ça a été un moment très fort car tout le monde sur la place l’a applaudi. Il y avait une grande ferveur dans la foule. Avec ma famille, on était très contents d’être là, pour vivre ce moment.»

Après avoir vu le pape bénir la foule et souhaiter Joyeuses Pâques à l’assistance, Caroline et sa famille allaient vivre un autre moment très fort. En effet, en sus d’avoir ému tout le monde depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre malgré une fatigue visible, le pape s’était aussi, contre toute attente, offert un bain de foule en faisant une apparition surprise sur l’esplanade du Vatican à bord de sa papamobile.«À un certain moment, en quittant la place Saint-Pierre, on a vu les gens s’installer de chaque côté d’une allée. On ne comprenait pas trop ce qui se passait et quand on a demandé autour de nous, une dame nous a dit que le pape allait passer dans sa papamobile. On a attendu et effectivement, il est passé peu de temps après. On l’a vu de près, il est passé à quelques mètres de nous et je peux vous dire que ça a été un moment unique. Ça a été très émouvant. C’était incroyable. On n’avait pas pu le voir quand il était venu à Maurice, et là, on l’a vu de près, la veille de son décès. On a vécu un moment bénis. On était ravis d’avoir vu le pape d’aussi près», poursuit Caroline qui n’est pas près non plus d’oublier la journée du lendemain.

«Le lendemain, on avait pris des billets pour aller visiter la basilique. C’est absolument éblouissant. C’est une des plus belles choses que j’ai pu voir dans ma vie. À la fin de la visite, on s’est retrouvés dans une pièce avec un marbre sur lequel étaient inscrits les noms de tous les papes décédés et je me souviens m’être dit à moi-même que le nom du prochain pape sur la liste serait le pape François. Et peu de temps après, on a appris la triste nouvelle. Ça a été un moment très fort en émotion d’apprendre son décès dans la basilique après l’avoir vu la veille. C’est là qu’on a réalisé qu’on avait vécu un moment unique. C’est un immense privilège dans notre vie d’avoir pu vivre cela. Ça fait un souvenir qui restera à jamais gravé en nous. On ne sait pas si on aura encore l’occasion de voir un jour un autre pape comme on a pu voir le pape François d’aussi près. Ce moment est pour nous comme un beau cadeau», nous dit Caroline, qui bien évidemment suivra, certes de Maurice cette fois-ci, l’élection du nouveau pape. «On est rentrés quelques jours après et on n’a pas pu vivre les funérailles du saint-père en étant à Rome, mais on a ressenti cette ambiance très particulière qui a plané sur Rome suite au décès du pape. Il y avait beaucoup de monde et de très nombreux journalistes avec des caméras installées un peu partout», poursuit Caroline.

Avec l’élection du prochain pape, Rome reste définitivement sous le feu des projecteurs. Qui sera le successeur du pape François ? Le nom sera certainement connu dans les prochains jours. Selon les protocoles suivant le décès d’un pape, les cardinaux se réuniront en conclave secret pour élire le nouveau chef de l’Église catholique à partir de ce mercredi 7 mai. Ainsi, une fumée blanche devrait bientôt s’élever de la cheminée de la chapelle Sixtine et la phrase «Habemus papam» pourrait être prononcée bientôt. Les deux derniers conclaves, organisés en 2013 et 2005, avaient duré moins de 48 heures. Et tous les papes nommés depuis 1903 ont été choisis dans un délai de cinq jours après le début du conclave. La nomination du prochain pape pourrait donc suivre la tendance des dernières années.

Le cardinal Maurice Piat, évêque émérite de Port-Louis, et le père Georgy Kenny, vicaire général, se trouvent actuellement à Rome. De par son âge, le cardinal Piat ne pourra pas prendre part à l’élection du nouveau pape. Cependant, il aura l’occasion de participer aux congrégations, soit les discussions qui précèdent le conclave et auxquelles sont admis tous les cardinaux du monde. Plus que quelques jours donc (ou plus) avant de connaître le nom de celui qui succédera au pape François. En attendant, les yeux du monde restent tournés vers l’Italie…