Publicité

«Mamzel» : Thierry Françoise sonde les femmes dans la société mauricienne

1 août 2025

Une histoire de femmes, une histoire aussi de la société mauricienne. Thierry Françoise, que l’on connaît pour ses spectacles, et ses apparitions dans plusieurs longs et courts métrages, planche actuellement sur son gros projet, une pièce de théâtre du nom de Mamzel, qui devrait arriver sur nos planches mauriciennes, et dans la région océan Indien en septembre et en octobre. Et durant toute la semaine, tous les artistes réunis autour de cette pièce se sont réunis au Caudan Arts Centre pour une résidence prévue de se terminer demain 2 août, avec plusieurs qui viennent de Madagascar et de La Réunion. Un projet soutenu par la Commission de l’océan Indien dans le cadre de son projet ICC (Industries Culturelles et Créatives), soutenu par l’Agence Française de Développement.

Au casting, on retrouve : Thierry Françoise (écriture et mise en scène) : Thabo Michel Giovani Legrand & Michèle Ange Ralaiheilinarivony (chorégraphies), Kurwin Castel (musique), Jennifer Law (scénographie), Nicolas Derieux et Léa Szkaradek (Le Labothéâtre de La Réunion, pour un regard extérieur) et les comédiens Kelly Ang-Ting Hone, Adrien Beaugendre, Ingrid Maritza Blackburn Latour, Géraldine Boulle sur scène.

Mamzel nous parlera des retrouvailles difficiles de trois femmes : Emma, sa sœur aînée Amélia et leur mère Isa. Elles se retrouvent pour les funérailles de Richard, le père et époux, avec qui elles ont connu un moment compliqué dix ans de cela. Des funérailles qu’elles ne sont pas près d’oublier, et nous aussi. Dans sa note d’intention, Thierry Françoise dit bien que Mamzel parle beaucoup de la société mauricienne d’aujourd’hui : «Il y a 15 ans, j’ai eu la chance d’accompagner le long métrage Les Enfants de Troumarons réalisé par Harrikrisna Anenden et Ananda Devi, en tant qu’acteur, lors de festivals en Europe et en Afrique. Ce fut une expérience marquante. À travers les projections et les échanges avec le public, j’ai réalisé à quel point les actrices du film, notamment ma collègue Géraldine Boulle, étaient d’un talent rare. Ce fut un déclic : malgré leur puissance de jeu, les femmes — surtout ces comédiennes — sont encore trop peu mises en lumière comme têtes d’affiche dans nos productions cinématographiques et théâtrales. Depuis ce moment-là, un rêve a germé : monter une production portée par ces voix féminines trop souvent reléguées à l’arrière-plan. En particulier, je voulais travailler à nouveau avec Géraldine Boulle, cette grande comédienne, qui mérite d’être mise au centre. D’un autre côté, mon retour à Maurice, après plusieurs années passées à Paris, a été un choc. J’ai découvert un pays profondément marqué par la violence silencieuse des drogues synthétiques. Dans les rues, les cafés, au coin des écoles, et même sur les réseaux sociaux, ces «zombies» — comme on les appelle cruellement — sont là. Des femmes, des hommes, jeunes et moins jeunes, vidés de leur humanité, errant entre deux mondes, accrocs à des substances dont ils ne connaissent même pas la composition.

Ce qui m’a le plus frappé, c’est l’indifférence. Les passants marchent devant ces corps à demi-morts sans les voir, parfois même les humilient, les dépouillent, ou leur lancent des objets pour les réveiller. Pourtant, derrière chaque «zombie», il y a une histoire. Une vie. Une famille. Une douleur. Un abandon.

Un jour, j’ai revu une amie de longue date, brisée elle aussi par ces substances. En la voyant, j’ai compris qu’au fond, moi aussi, j’avais du deuil à faire : celui du pays que j’avais quitté, de mes amis d’enfance, et d’un certain rêve de société mauricienne. C’est de tout cela qu’est né Mamzel.

Un projet intime, engagé et poétique. Un hommage aux femmes invisibles. Un cri pour ceux qu’on ne regarde plus.»

On attend de voir donc ce que ça va donner un peu plus tard dans l’année.

Publicité