Publicité
Par Elodie Dalloo
4 février 2025 09:48
Les jours se suivent et se ressemblent, tristement… Les infractions routières persistent, tandis que la liste des victimes d’accidents mortels continue de s’allonger. Depuis le début de cette année, soit en l’espace de seulement un mois, 12 personnes ont été tuées sur nos routes ; une situation «alarmante», selon Manoj Rajkoomar, secrétaire de l’association des moniteurs d’auto-écoles. Lui-même moniteur depuis une quarantaine d’années, consultant en sécurité routière, il a siégé dans le National Road Safety Council et a eu l’occasion de collaborer avec Daniel Raymond, qui a été le conseiller spécial de l’ancien ministre du Transport Nando Bodha en matière de sécurité routière. Selon lui, beaucoup de changement doivent être apportés pour remédier à la situation.
«Il y a, certes, eu des périodes où j’ai vu les forces de l’ordre agir avec une grande sévérité, mais il y a aussi eu beaucoup de laisser-aller. J’ai vu défiler plusieurs ministres ; chacun apportant différentes idées et solutions en matière de sécurité routière. Il y a eu des moments où certains sont parvenus à contrôler la situation, à travers des formations et à travers la répression, mais la période où il y a eu un réel déclin dans le nombre d’accidents et d’infractions routières a été celle suivant l’introduction du permis à points. La réintroduire pourrait apporter une différence car elle avait apporté une certaine crainte chez les conducteurs, les rendant beaucoup plus consciencieux».
Chaque année, des campagnes de sensibilisation sont organisées à travers l’île en ce sens mais celles-ci ne semblent pas apporter le résultat escompté. Pour Manoj Rajkoomar, «les campagnes ne peuvent pas rester statiques ; elles doivent évoluer avec le temps. C’est ce que ces institutions n’ont pas su faire. Résultat : les campagnes sont aujourd’hui banalisées et ne captent plus vraiment l’attention des citoyens. Il s’agit de l’une des raisons ayant conduit à la situation d’aujourd’hui. Il faudrait des actions beaucoup plus efficaces pour démontrer au public les conséquences de l’alcool et de la drogue au volant». Pointant du doigt la manière dont les permis de conduire sont délivrés de nos jours, il lâche : «Nous avons de très mauvais conducteurs ; ils ne le sont pas parce qu’ils ne savent pas conduire mais parce qu’ils n’ont pas la bonne mentalité. Il n’y a aucune coordination entre le respect du code de la route et la courtoisie. Ils estiment souvent que le permis de conduire est un passe-partout qui leur permet d’agir comme ils le souhaitent sur les routes.»
Introduire le permis probatoire pour les young drivers pourrait contribuer à diminuer le nombre d’infractions et d’accidents car les plus jeunes sont souvent friands de sensations fortes. «S’ils fautent durant une certaine période, ils se font enlever le permis. Il faudrait aussi avoir une limitation de vitesse pour les jeunes conducteurs, avec un panneau sur la voiture pour que la police puisse les identifier». Il poursuit : «Il y a aussi beaucoup de motocyclistes et de conducteurs qui conduisent sans permis, se disant qu’ils n’ont rien à perdre. Dans d’autres pays, il y a des lois pour que celui qui conduit sans permis ne puisse pas passer le permis et prendre le volant pendant un certain nombre d’années au risque de sanctions très sévères.»
En ce qui concerne ceux qui ont recours à des modifications de leur pot d’échappement, font installer des vitres teintées ou des plaques d’immatriculation non-conformes aux réglementations, Manoj Rajkoomar estime qu’«il faudrait non seulement contrôler l’importation de certains équipements, mais il faudrait pénaliser aussi bien les propriétaires des véhicules que ceux qui ont recours à ce type d’installation». Il rappelle qu’«il y a aussi un problème de société ; le stress peut engendrer des troubles sur la route. Un chauffeur resté bloqué dans la circulation a tendance à vouloir catch up et accélérer pour rattraper ce retard, mais ne réalise pas que cela permet de rattraper seulement 2 à 3 minutes. Il faut savoir que chaque citoyen a un droit sur la route, mais ce droit s’arrête là où commence celui de l’autre. Nous avons le devoir de respecter les autres usagers de la route, c’est ce que beaucoup ont tendance à oublier. Chacun doit savoir prendre ses responsabilités».
Publicité