Publicité
Par Yvonne Stephen
11 septembre 2025 10:03
Des matins-cauchemars ! Entre le stress de tout préparer et celui de tout faire pour être à l’heure, vous êtes sur le point d’exploser ! Depuis la rentrée, votre enfant pe kraz partou ? C’est le même scénario : larmes, maux de ventre, refus catégorique de mettre ses chaussures. L’école ressemble parfois à une punition plus qu’à une aventure. Et vous, parents, êtes souvent démunis.es face à cette démotivation qui grignote peu à peu le quotidien. Mais qu’est-ce qui se passe ? C’est ce que se demande Sophie. Elle nous écrit pour parler de son fils Samuel, qui ne veut plus aller à l’école (découvrir son témoignage plus bas).
Avec l’aide d’avis de professionnels, ci-dessous, elle trouvera des pistes pour mieux comprendre son fils et l’accompagner. Surtout que – bonne nouvelle ! – aimer apprendre n’est pas un don réservé à quelques-uns.es. C’est une pulsion naturelle, que l’on peut réveiller quand elle semble endormie : «Tous les enfants sont motivés… naturellement», rappelle le psychologue Jean-Luc Aubert, auteur de Comment motiver son enfant à l’école (Odile Jacob). Cette énergie, appelée «pulsion épistémophilique», pousse l’enfant à explorer, grimper, manipuler… à découvrir le monde, quoi. Mais si cet élan se heurte trop vite à la peur, à la pression ou au rejet, la flamme peut vaciller. Alors, voilà comment essayer de la garder allumée…
«Il refuse de lacer ses chaussures !» Sophie, 36 ans, a noté un changement d’attitude dans le rapport de son fils Samuel, 10 ans, à l’école. Elle en parle…
«Depuis la rentrée, aller à l’école est devenu un cauchemar pour mon fils. Chaque matin, c’est la même scène : il traîne, pleure, invente des maux de ventre. Parfois, il s’accroche à moi en me suppliant de ne pas l'y envoyer. Il refuse même de lacer ses chaussures. Moi qui l’ai toujours vu curieux, joyeux, ça me bouleverse. Au début, je pensais que c’était de la comédie. J’ai insisté, je me suis fâchée… mais j’ai vite compris que ce n’était pas un caprice. Un soir, il a fini par me dire qu’il avait peur de lire devant la classe parce qu’un camarade se moquait de lui. Et qu’il se sentait "nul" parce qu’il n’arrivait pas à suivre en maths. Ses mots m’ont fait l’effet d’un coup de massue. J’ai essayé de l’encourager, de le rassurer, mais je sens bien que ça ne suffit pas. Je ne sais plus comment l’aider à retrouver confiance. J’ai parlé à sa Miss, qui m’a conseillé d’être patiente et de valoriser ses efforts, mais parfois je me sens complètement démunie. C’est pour ça que j’écris aujourd’hui. Comment redonner le goût d’apprendre à un enfant qui a peur de l’école ? Je veux l’accompagner, pas le brusquer. Mais je crains que, si je laisse traîner, il finisse par abandonner.»
Des angoisses bien réelles. La première barrière, c’est souvent la séparation. Entrer à l’école, c’est quitter le cocon rassurant pour un univers inconnu (même si c’est simplement après des vacances), expliquent les professionnels.les. Rien d’anormal donc à ce que votre enfant traverse une période d’«anxiété de séparation». Mais quand cette inquiétude persiste, qu’elle s’accompagne de pleurs, de crises ou de refus d’aller en classe, il faut rester vigilant.e. Parfois, un changement brutal (déménagement, maladie d’un proche) peut amplifier cette peur. Dans ces cas-là, un dialogue ouvert et, si nécessaire, l’appui d’un.e professionnel.le peuvent vraiment aider. L’obstacle peut aussi être le regard des autres. Peur d’être jugé.e, rejeté.e, ou de ne pas être «à la hauteur» ; autant de fardeaux qui pèsent sur les épaules des jeunes. «Les enfants sont de plus en plus soumis à une tyrannie de la performance et de l’apparence», observe le pédopsychiatre Philippe Duverger lors d’une interview sur le burn-out infantile (https://www.mnpaf.fr/). D’où cette peur de l’échec qui peut littéralement bloquer.
Mais aussi. Soyez attentif.ve à votre enfant, à ce qu’il.elle vous dit. Car derrière la peur peut se cacher le harcèlement (le bullying)? Trop souvent invisible, il ronge la confiance. Un enfant qui s’isole, se plaint de douleurs inexpliquées ou voit ses résultats baisser brutalement envoie peut-être un signal. Harcèlement verbal, physique ou cyber : toutes ces violences doivent être prises au sérieux. Si vous avez un doute, alertez l’école au plus vite.
Ennui ou précocité ? À l’inverse, certains enfants décrochent par ennui. Les cours leur semblent répétitifs, dénués de sens. Il.elle est démotivé.e, traîne les pieds, fait le strict minimum ? Derrière ces signes peut se cacher une précocité intellectuelle. Un haut potentiel mal accompagné peut vite se transformer en rejet de l’école. Résultat : perte de confiance, comportements négatifs, voire refus total d’apprendre.
Le rôle clé des parents. Alors, que faire ? La tentation est grande de pousser plus fort, d’exiger plus d’efforts. Mais attention : trop de pression peut casser la motivation. «Par son angoisse, le parent met une pression contre-productive sur les épaules de l’enfant», prévient la psychopédagogue Brigitte Prot (J’suis pas motivé, je fais pas exprès, L’Harmattan). À l’inverse, trop protéger n’aide pas non plus. L’autonomie n’est pas innée, mais elle se construit pas à pas. L’idée : soutenir sans étouffer. «Partager des activités ludiques, dissocier clairement le temps scolaire des loisirs et éviter la surstimulation», conseille encore Brigitte Prot. Pour Philippe Hindré, auteur de Réussir à l’école, moins de stress, plus de plaisir (Hachette Éducation), l’essentiel tient en trois mots : valoriser, écouter, encadrer. «Un enfant ne travaille pas pour lui, mais pour ses parents. Il faut le valoriser et passer au moins dix minutes chaque jour à l’écouter parler de ce qu’il a fait à l’école», explique-t-il.
Le pouvoir du dialogue. Tous les experts insistent sur le même outil : parler. Pas pour juger, mais pour comprendre. Rassurer, rappeler les victoires passées, féliciter les efforts (même petits)… autant de gestes simples qui nourrissent l’estime de soi. Évitez les phrases qui minimisent («N’exagère pas, l’école ce n’est pas si terrible»). Chaque émotion mérite d’être entendue. Et plutôt que d’imaginer un futur incertain («si tu vas à l’école demain…»), projetez du concret («Quand tu iras demain…»). De petites étapes, comme accompagner l’enfant jusqu’à la porte de l’école avant de réduire progressivement la distance peuvent aussi renforcer sa confiance.
Ne pas rester seul.e. Le soutien parental est indispensable, mais pas suffisant. Quand la démotivation s’installe, l’école elle-même doit devenir un allié.
Parler aux enseignants.es,permet d’obtenir un regard complémentaire. Parfois, un psychologue, un orthopédagogue et même un coach peuvent apporter des clés adaptées. L’important est de ne pas attendre que la situation s’enlise.
Retrouver le plaisir d’apprendre. Que ça soit fun et stimulant ! Concrètement, il ne s’agit pas de remplir l’agenda de votre enfant d’activités extrascolaires, mais de passer du temps de qualité ensemble, de l’écouter, de l’encourager. L’apprentissage n’est pas une course. Les phases de démotivation (une étape, un signal) sont normales.
Publicité
Publicité
Publicité